Le piéton est-il prioritaire aux intersections?
En ce début de la Semaine des transports collectifs et actifs, il apparaissait normal de revenir sur un enjeu concernant le mode de déplacement préféré des gens de Montcalm et Saint-Sacrement : la marche. Les études démontrent que si un plus grand nombre de personnes choisissaient la marche comme mode de déplacement, notre société serait plus verte et plus en santé, tant physiquement, mentalement, que financièrement. C’est donc un mode de déplacement que les villes à travers le monde se font un devoir d’encourager.La Ville de Québec elle-même reconnaît son importance dans son Plan de mobilité durable. On peut notamment y lire :
« La mobilité durable passe d’abord et avant tout par l’aménagement de la ville à l’échelle des piétons. »
Pourtant, lorsque vient le temps de planifier la place qui leur sera allouée aux feux de circulation, force est de constater que la priorité n’est pas accordée aux piétons.La gestion des feux de circulation est un enjeu complexe, il faut le reconnaître. Il faut à la fois assurer la fluidité de la circulation automobile et du transport en commun sur les principales artères, mais également prévoir un laps de temps durant lequel ces artères peuvent être franchies, tant par des piétons que par d’autres usagers de la route. Or, si on regarde plus particulièrement la situation du point de vue du piéton à Québec, le délai d’attente est souvent trop long et le temps accordé pour franchir l’intersection trop court.À Québec, les feux de circulation sont programmés selon un modèle dit «exclusif», c’est-à-dire que la circulation automobile – incluant bus et vélo – est séparée de la circulation piétonne. Si ce modèle tient son succès du sentiment de sécurité qu’il crée auprès des piétons, il entraîne cependant des délais supplémentaires pour tous puisqu’il faut prévoir des phases différentes pour les automobilistes et les piétons. Cela conduit souvent les usagers à s’impatienter et à forcer le passage.Un autre modèle, plus courant et que l’on retrouve à Montréal, est dit «partagé». Selon ce modèle, tous les usagers circulent en même temps dans la même direction, avec la précision toutefois que les automobilistes qui désirent tourner doivent d’abord laisser passer les piétons et les cyclistes. Cette façon de faire n’est pas nouvelle, il s’agit même d’une règle qui prévalait avant l’apparition des feux pour piétons (voir l’article 409 du Code de la sécurité routière). L’avantage de ce modèle est que le piéton peut toujours être en mouvement, le risque qu’il contrevienne à la signalisation est alors moindre. D’autre part, ce modèle fait appel à un véritable partage de la route. Cela constitue toutefois aussi sa faiblesse puisque l’on sait que dans ce domaine beaucoup de progrès reste à faire.La phase exclusive n’est pas une mauvaise idée en soi, elle est notamment très utile près des écoles, mais elle devrait être l’exception et non la règle. Questionnez-vous lors de vos prochains déplacements sur les intersections avec feux de circulation que vous croisez pour savoir s’ils requièrent vraiment une phase exclusive ou non.Bonne marche !
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