Alexandre Turgeon : «Le manque de stationnement est un dogme des commerçants»

avenue_cartierAlexandre Turgeon a été très tôt interpelé par l’environnement. Il n’avait que 12 ans lorsqu’il a commencé à s’y intéresser alors qu’il habitait dans une ville minière, Rouyn-Noranda. Le fondateur de Vivre en Ville et le directeur du Centre culture et environnement Frédéric Back a accordé à Monmontcalm.com une longue entrevue qui fera l’objet de plusieurs articles. On débute avec le portrait d’une personne pour qui l’avenir de la planète passe par la prise de conscience que les petits gestes font toute la différence. Alexandre Turgeon qui a une formation en urbanisme et aménagement en territoire a pris conscience alors qu’il n’était qu’un jeune adolescent qu’on était en train de polluer notre environnement en jetant les déchets sans faire le tri. Il a suivi de près les questions environnementales dans les années 80 et 90 et pendant ses études le lien est devenu rapidement clair entre l’environnement et l’aménagement du territoire.Alexandre_TurgeonAlexandre Turgeon est né dans Montcalm, sa première adresse est celle de sa grand-mère sur l’avenue Brown, ses parents ont déménagé sur l’avenue Bourlamaque puis sur l’avenue Calixa Lavallée dans Saint-Sacrement avant de quitter la ville. Par la suite, il est revenu à Québec en 1994 pour ses études et il s’est établi de façon permanente dans Montcalm où il a un condo avec sa conjointe et ses trois enfants.

«Ce qui me plait dans Montcalm c’est de faire un maximum de choses à pieds même si j’ai une auto pour mes besoins à l’extérieur de Québec. Quand on fait le calcul, le fait d’habiter près de notre lieu de travail, de l’école et de la garderie nous permet de sauver beaucoup de temps», souligne monsieur Turgeon.

«Et avec les commerces qu’il y a dans le quartier, je trouve tout ce dont j’ai besoin. Ce n’est pas toutes les semaines qu’on va acheter une laveuse ou un complet», ajoute-t-il.Le directeur du Centre culture et environnement Frédéric Back adore aller chez Provision qui pour lui est une épicerie familiale de qualité extraordinaire. Il aime aussi aller à la poissonnerie aux Halles du petit quartier. Selon lui, c’est un mode de vie dans Montcalm, plusieurs personnes comme lui décident assez quotidiennement ce dont elles ont besoin pour leur alimentation. La notion de faire une épicerie par semaine ou par deux semaines, ça n’existe pas, c’est plutôt quatre ou cinq items à la fois.Le mode de vie actif est important et parfois il faut aussi se forcer un peu pour ne pas prendre l’auto, par exemple quand il pleut ou qu’il fait plus froid. Selon Alexandre Turgeon le quartier Montcalm est l’un des endroits où le taux de possession d’une automobile est le plus faible à Québec. Tout le monde ne veut pas une auto et ce sont ces personnes-là qui font vivre principalement les commerces du quartier. Il pose la question à savoir qu’elle est l’impact actuellement avec les travaux sur Grande Allée et sur le boulevard René Lévesque qui limitent la circulation sur l’avenue Cartier sur les commerces du secteur et sur leur chiffre d’affaires? Est-ce que ça a une aussi grande incidence que ça?

Le manque de stationnement dans Montcalm

Alexandre Turgeon estime que le manque de stationnement est un dogme des commerçants dans le monde entier. La première des choses est de ne pas vouloir à tout prix se stationner à moins de 50 mètres d’un commerce.Prene_levesque_cartier_montcalmour le directeur de Vivre en Ville, les commerçants sont leur pire ennemi en matière de jugement sur ce qui est bon pour eux en particulier en matière de stationnement. On l’a vu dans le débat du réaménagement de l’avenue René Lévesque qui à son sens aurait rendu l’avenue très attractive si la proposition de la Ville de faire de René Lévesque l’axe prioritaire pour le cheminement est-ouest en ville avait été acceptée en 2011.

«Il était prévu que la circulation se fasse en sens unique vers l’est et deux voix pour les autobus. René Levesque serait sans doute devenu un endroit agréable pour marcher et s’installer sur une terrasse ainsi que pour les résidents de l’avenue et autour. Tous les gens que je connais qui habitent sur René Lévesque ont de grands et beaux balcons à l’avant, mais ils ne peuvent pas s’en servir et les fenêtres sont toujours fermées à cause du bruit et de la poussière que génère le trafic automobile sur René Lévesque», explique Alexandre Turgeon.

Selon lui, pour des questions d’élimination de quelques cases de stationnement, les commerçants se sont fortement opposés au projet alors qu’il y a du stationnement ailleurs. Le soir et la fin de semaine, il y a plusieurs stationnements aux alentours qui sont libres.Monsieur Turgeon affirme aussi qu’il y a aussi un comportement un peu paradoxal chez les citoyens qui vont dans un commerce. Ils n’ont pas le même comportement lorsqu’ils vont dans un commerce sur rue et un commerce dans un centre d’achat. Quand ils vont au centre d’achat, ils vont trouver une place de stationnement et ils ne se rendent pas compte qu’ils sont à 500 ou 600 mètres du commerce où ils veulent aller et ça semble normal. Mais quand ils vont dans un commerce sur rue, ils ont de la difficulté à accepter le fait qu’il soit à plus de 50 mètres du commerce en question. Alors que s’ils avaient le même réflexe que lorsqu’ils vont au centre d’achat, il n’y en aurait pas de problème. C’est un réflexe qui est difficile à combattre.Dans le prochain article, Alexandre Turgeon expliquera comment l’aménagement du territoire pourrait être beaucoup moins couteux si on densifiait de manière plus intelligente et avec des infrastructures plus importantes pour les familles, le transport en commun et le vélo.

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