Alexandre Turgeon : «Deux véhicules et une maison en banlieue ça coute cher»
Le président de Vivre en Ville et du Centre culture et environnement Frédéric Back, Alexandre Turgeon, un urbaniste de formation, explique la densité intelligente et pourquoi les citoyens auraient intérêt à calculer le cout d’une maison et de deux voitures avant d’acheter en banlieue.En 2009-2010, Régis Labeaume tenait un discours sur la congestion automobile qui n’est pas du tout le même en 2014. Il ne parlait pas de rajouter des voies de circulation pour les voitures, mais de nouvelles infrastructures pour les transports en commun et actifs. Aujourd’hui, c’est un discours très négatif qui pour Alexandre Turgeon est plus celui de néophytes des transports et de promoteurs, et que le maire reprend à son compte.
«Au Québec, on a une forme urbaine très éclatée depuis 60 ans et cela consomme beaucoup de territoire. Pendant que la population augmentait de 50% dans les 60 dernières années, la consommation du territoire était multipliée par six», explique Alexandre Turgeon.
Il ajoute que lorsqu’on parle de gaspiller du territoire, c’est encore plus vrai dans le sud du Québec où on sacrifie de bonnes terres agricoles.Une forme très diffuse, et donc très orientée vers l’automobile implique une grande consommation d’énergie par rapport à des organisations plus compactes et des commerces de proximité.«C’est ce que j’aime dans Montcalm, c’est un des rares quartiers où on est capable d’avoir une masse de commerces qui répondent à l’essentiel de nos besoins et où on n’a pas besoin de tout le temps recourir à notre voiture», souligne-t-il.Selon le fondateur de Vivre en Ville, il faut privilégier des densités qui tournent autour de 50-60 logements à l’hectare et ce n’est pas le cas actuellement. On a deux extrêmes, d’un côté, 15 logements unifamiliaux à l’hectare et de l’autre 200 condos à l’hectare.
«Prenons par exemple les nouveaux condos de luxes sur Turnbull et Grande Allée. Ce sont des formes extrêmement denses, si tu veux faire accepter la densité aux ménages avec de jeunes enfants, il faut qu’ils aient accès à des espaces communs comme une cour où les enfants peuvent aller jouer, une terrasse sur le toit pour des repas avec des amis. Mais quand on dépasse 50 ou 60 logements à l’hectare, ce n’est pas possible», affirme Alexandre Turgeon.
L’offre résidentielle à Québec est un problème, on ne construit pas assez de logements qui visent des clientèles diversifiées et notamment des familles dans des modèles un peu plus compacts. Ce qui est privilégié à Vivre en Ville ce sont des Il faut aussi proposer aux gens et en particulier à de jeunes ménages des habitations qui correspondent à leurs revenus.
Privilégier des alternatives à la voiture
Pour Alexnadre Turgeon, les gens ont tendance à oublier que l’automobile d’après les chiffres de CAA Québec ce sont des frais de 8 000 à 12 000 dollars par année. C’est l’équivalent d’une hypothèque de 100 000-150 000 dollars. Deux véhicules c’est l’équivalent de 200 000 à 280 000$ dollars. C’est donc une charge importante.
«Les gens auraient intérêt à faire le calcul dès qu’ils sont obligés d’avoir deux véhicules. Le couple qui choisit de dire que le budget consacré au transport, ça va être 4 000 dollars dans une année en utilisant les transports en commun, le taxi ou la location d’un véhicule comme avec Communauto.»
Selon Alexandre Turgeon, dans le quartier Saint-Sacrement, il y a de nombreuses maisons unifamiliales. C’est donc très facile de se contenter d’un seul véhicule pour certains besoins. Il y a de beaux cottages avec de belles petites cours. Monsieur Turgeon ne cache pas qu’il y a encore beaucoup de choses à améliorer pour faciliter la venue de familles en ville. Dans Montcalm comparativement à Saint-Sacrement plusieurs cours ont été sacrifiés pour du stationnement. Des besoins en stationnement qui sont surtout dus au mode de déneigement.
«Cette idée que les autos doivent disparaitre des rues quand il y a un déneigement qui peut durer parfois deux à trois soirs consécutifs est complètement absurde. Les véhicules il faut bien les mettre quelque part, donc dans Montcalm, les voitures se retrouvent dans les cours arrière. Et s’il y a bien une plaie dans Montcalm, c’est les cours arrière qui ont été sacrifiées.»
«À Montréal, ça serait impensable de pratiquer le même genre de déneigement. Il faudrait pratiquer un déneigement plus progressif avec un seul côté de rues à la fois», ajoute-t-il.Alexandre Turgeon conclut en expliquant les différences qu’il y a entre certains quartiers modèles européens qui ont émergé depuis une vingtaine d’années comme en Allemagne et les vieux quartiers comme Montcalm.
«Contrairement à l’Europe, ici il n’y a pas d’espace commun avec les cours arrière alors que cela serait possible d’aménager des espaces privés et un espace commun. Il serait aussi possible de créer des stationnements souterrains pour libérer des espaces.»
Dans le dernier article consacré à Alexandre Turgeon, nous aborderons la création du Centre culture et environnement Frédéric Back.À lire aussi : Alexandre Turgeon : «Le manque de stationnement est un dogme des commerçants»
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