Ethnographie canine du quartier Montcalm
J’habite dans le quartier depuis six ans. Il y a bientôt trois ans, mon horloge biologique s’est emballée et, devant l’impossibilité d’avoir un enfant en moins de 24 heures, je me suis procuré un chien. Cute, blond et petit. On dit que dans les petits pots il y a les meilleurs onguents. J’ai plutôt tendance à dire que les pires dictateurs de l’histoire étaient petits.Me voici donc dans les rues de Montcalm et des environs, avec, au bout d’une laisse, une bombe à retardement de 12 livres qui, sans prévenir, peut décider que le prochain passant est un dangereux ennemi de l’État ou, encore, que le contenu du sac à provisions du suivant lui appartient. Si vous êtes un homme, vous avez deux fois plus de chance que ça vous arrive. Oui. Un chien peut être sexiste.Pour une autre raison obscure, mon chien n’aime pas ses semblables. Je pense qu’il s’est autoproclamé « seul être à 4 pattes ayant le droit d’exister ». Sur sa liste noire figurent donc aussi les chats, les écureuils et les chevaux. En plus, tout ce qui roule en faisant du bruit l’énerve. Il tente ainsi d’attaquer les planches à roulettes, les motos et, quand il est vraiment en forme, les camions. Cette attitude complique passablement les promenades dans le quartier et m’occasionne du même coup mon lot de petites humiliations quotidiennes.Ces mésaventures, bien que très gênantes, m’ont cependant permis de découvrir la gentillesse des habitants du quartier. Mes voisins regardent la bête avec un air quasi attendri et tentent à chaque fois de l’apprivoiser. Les employés de l’Animalerie Boutique Tropicale lui donnent des gâteries et me donnent, à moi, des conseils (puisque je ne suis pas trop fan du foie de bœuf déshydraté, je passe mon tour pour les gâteries).Il y a même de gentilles dames qui s’offrent pour surveiller le monstre antipathique quand je fais un saut rapide au Métro Cartier. D’autres me partagent leurs trucs ou ils me parlent de leur expérience avec le « pas-tant-que-ça-meilleur-ami-de-l’homme ». Certains vont même jusqu’à faire preuve d’une grande empathie et me confient leur propre incapacité à dresser « sur-le-sens-du-monde » leur compagnon canin.Franchement, j’aime mon quartier depuis le début. Ses beautés architecturales. Ses victuailles gastronomiques. Ses richesses culturelles. Mais depuis 3 ans, j’aime particulièrement les gens qui y habitent, qui en forgent le quotidien et qui en définissent l’âme. Et c’est le fait d’avoir un animal – aussi « pas-du-monde » soit-il parfois – qui m’a permis de le découvrir. J’espère pouvoir partager ces découvertes avec vous à travers ce blogue. Au plaisir de vous rencontrer, avec ou sans « chien-pas-du-monde », sur les trottoirs du quartier.
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