Joseph-François Perrault, plus qu’une école
Tout le monde connaît l’école Joseph-François Perrault dans le quartier Montcalm sur le chemin Sainte-Foy. Mise à part l’école de la haute-ville, il y a un personnage qui peut en inspirer plus d’un. En parcourant la vie de cet homme, on s’aperçoit rapidement qu’il a eu une vie très bien remplie. Né le 2 juin 1753 à Québec, fils de Louis Perrault et de Josephte Baby. Il a épousé Ursule Macarty à Montréal, ils eurent 12 enfants. Tour à tour, Joseph-François Perrault fut homme d’affaires, éducateur, auteur, fonctionnaire, homme politique, journaliste et philanthrope. Voilà de quoi remplir toute une vie, surtout avec 12 enfants.Issue d’une famille de marchands dans le domaine de la traite des fourrures, sa famille déménagea à Trois-Rivières en 1759, car la fin du régime français à Québec fut difficile et éprouvante. C’est là que, trois ans plus tard, Joseph-François perdit sa mère, qui laissait 8 enfants dont l’aîné n’avait pas encore 11 ans. Par la suite, les enfants furent mis en pension chez les ursulines et au séminaire de Québec. Joseph-François commença ses études au petit séminaire le 11 octobre 1765. Il y passa certainement six ans, puisqu’on le retrouve en rhétorique en 1770–1771, et il y fit probablement sa première année de philosophie. Mais Joson, comme on l’appelait, n’eut pas le loisir de faire sa dernière année d’études. Son père, qui avait décidé de s’établir en Louisiane, venait de rappeler ses enfants auprès de lui. Joseph-François partit de Québec en bateau le 24 juin 1772 avec deux de ses frères et ses trois sœurs. Après un voyage aux nombreuses péripéties, ils arrivèrent à La Nouvelle-Orléans en janvier 1773. Ils s’initièrent à une nouvelle société et ils furent un peu choqués des mœurs de ce pays exotique. Joseph-François trouvait que les fils de créoles étaient débauchés, ignorants et paresseux, alors que les Français étaient instruits et bien éduqués. Pour tromper son oisiveté, il travailla à titre gracieux pour un marchand de Bordeaux, en France, établi à La Nouvelle-Orléans.Après plusieurs voyages aux États-Unis et à Montréal, il s’occupa de son commerce au détail. En 1787 les résultats n’ont pas été heureux, il se tourna donc vers l’enseignement de tenue de livres. Il a aussi traduit des ouvrages de droit, prépara des factums pour des citoyens et s’occupa de théâtre. En 1790, il entra en apprentissage au bureau de l’avocat Pierre Mézières, tout en continuant les nombreuses activités qui lui permettaient d’entretenir les siens. De temps à autre, il écrivait à Québec pour solliciter un emploi auprès du gouverneur. À bout de ressources et n’ayant pu terminer son apprentissage de cinq ans à cause de la mort de Mézières, il présenta en 1794 une pétition à la chambre d’Assemblée pour qu’elle lui permette néanmoins de pratiquer le droit. Un projet de loi fut déposé en ce sens, mais Perrault n’eut pas gain de cause. Toutefois, en 1795, grâce aux bons offices de son ami le juge De Bonne, il fut nommé greffier de la paix et protonotaire à la Cour du banc du roi à Québec. Une autre vie allait commencer.Installé à Québec, Perrault se fit remarquer par son zèle et sa capacité de travail. Il cumula bientôt les charges de greffier de la paix et de protonotaire à la Cour du banc du roi et celle de gardien des archives d’état civil du district de Québec. En juillet 1796, il fut élu député de Huntingdon. Mais on ne le vit guère à la chambre, car il consacrait le meilleur de son temps à ses nombreuses occupations administratives. Tout semblait aller pour Perrault, qui s’était acheté une propriété, l’Asile champêtre, du côté nord du chemin Saint-Louis, jusqu’à ce qu’il ait la douleur de perdre sa femme, le 23 avril 1800. En 1821, un groupe de citoyens sous la direction de Perrault fondèrent la Société d’éducation du district de Québec, et il en fut le président. On avait établi cette société en vue d’assurer l’instruction gratuite des enfants pauvres de la ville, qui en aurait compté près de 1 000 à ce moment-là. L’école ouvrit avec 90 enfants et elle allait en compter 415 en 1833, filles et garçons, canadiens et irlandais. En 1823, Perrault créait une autre société pour les enfants pauvres, la Société de l’école britannique et canadienne du district de Québec, où aucun enseignement religieux n’était prévu, sauf la lecture de la Bible le samedi. Établie rue des Glacis, au faubourg Saint-Jean, l’école se transporta ensuite au faubourg Saint-Roch. En 1837, elle aurait reçu depuis sa fondation 2 360 enfants des deux sexes et préparé 46 maîtres capables d’enseigner d’après le système de Joseph Lancaster, dont Perrault s’était fait le plus grand propagandiste ; il avait de plus organisé les écoles gratuites pour les enfants pauvres suivant ce système d’enseignement mutuel.Le grand-père Perrault, comme on appelait déjà Joseph-François Perrault vers 1820, était l’un des grands notables de Québec. Catholique pratiquant, il n’omettait aucun de ses devoirs de chrétien et veillait à ce que son entourage en fasse autant. Mais il était en même temps partisan déclaré, dans ses projets et ses réalisations scolaires, de la neutralité religieuse. Et ce qu’il a donné en argent et payé de sa personne pour l’éducation entre 1820 et 1837 fait de lui un philanthrope au sens propre de son époque. Cette philanthropie lui était certes inspirée par l’amour de son pays, mais encore par l’idéal qu’il s’était fait de rapprocher les grands groupes qui se développaient au Bas-Canada, les Canadiens, les Anglais, les Écossais et les Irlandais, les catholiques et les protestants. Joseph-François Perrault fut très actif jusqu’à la veille de sa mort, survenue dans son sommeil le 5 avril 1844 à Québec. Il existe un fonds Joseph-François Perrault aux ANQ-Q, sous la cote P1000-79-1623. On y trouve une série de lettres reçues par Perrault pendant l’automne de 1833.
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