La couronne de Noël du voisin
Il a dégainé plus vite que moi. C’était quelque part dans cette zone temporelle de la fin novembre-début décembre où on peut sortir ses décorations de Noël sans être considéré aussi zélé que ces centres d’achats où le père Noël finira par donner des bonbons d’Halloween à arriver de plus en plus tôt. Je l’ai croisée un matin en filant vers la garderie avec les filles et je leur ai dit : « Noël s’en vient, regardez il y a une couronne chez le voisin! ». Puis, on a pris Père-Marquette et on a joué à chercher les décorations de Noël sur les galeries. Il y a celles qu’on anticipe : ce triplex où chaque galerie avait rivalisé de sapinages et de boules de Noël géantes l’an dernier, cette maison où il y a depuis toujours à l’Halloween un personnage qui plonge dans la terre – il y aura sûrement quelque chose pour Noël que je me suis dit – les lumières chez l’un, le sapin extérieur chez l’autre. Je suis arrivé à la garderie avec les filles et il me semblait que ce matin allait ouvrir une bonne journée.Mettre ses décorations de Noël extérieures, c’est un petit geste qui change la vie d’un quartier, c’est ce que j’aime. Bien sûr, on peut verser dans l’exagération et utiliser la puissance d’un barrage au complet pour illuminer sa maison, mais il y a aussi ces décorations comme autant de clins d’œil, ces modestes signes que l’on affiche au-dehors de chez soi. C’est un geste fondamental de vivre ensemble, un « bonjour » gratuit à la rue. C’est de prendre soin des autres simplement, c’est partager les Fêtes avec eux.Bien sûr, on ne fait plus ou presque plus ces fameuses soirées d’antan où tout le village se réunissait chez l’un pour fêter jusqu’aux aurores, mais cet esprit des Fêtes, cette communauté que nous souhaitons avoir autour de nous, peut-être qu’elle passe aujourd’hui par cette couronne, par cette boucle rouge sur la porte? Parce qu’on se dit que plus le voisinage sera heureux, plus il y a de chance qu’en sortant pour aller chercher son café sur l’avenue Cartier, on croise des gens qui sourient. Et ces gens heureux, c’est la seule et immense différence entre un quartier en vie et un quartier en survie.Je suis rentré chez moi ce soir-là et j’ai sorti ma couronne avec les filles moi aussi. Le lendemain, j’ai aperçu celle du troisième voisin. Et vous? La vôtre attend-elle toujours dans sa boîte?Joyeuses Fêtes!
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