La vie trépidante de François-Xavier Garneau
Parcourir la vie entière de cet homme nécessiterait de longues journées, car F. X Garneau a connu une vie extrêmement remplie. Nous tenterons donc d’en faire un bref survol qui s’annonce quand même chargé et ardu. Vous verrez, c’est beaucoup plus qu’un CÉGEP! Né à Québec le 15 juin 1809, il a été tour à tour, notaire, poète, historien et père de famille bien présent. Il épousa le 25 août 1835 à Québec Marie-Esther Bilodeau, et ils eurent dix enfants. Il est décédé dans sa ville natale dans la nuit du 2 au 3 février 1866 et il repose au cimetière Notre-Dame-de-Belmont.Le jeune Garneau, dont la vivacité d’esprit semble attirer tôt l’attention, est placé dans l’école du faubourg dirigée alors par un vieil instituteur qu’on appelle « le bonhomme Parent ». La tradition veut qu’il ait été un écolier sérieux et brillant. En 1821, Garneau a 12 ans et il a fait le tour des connaissances que peut lui offrir l’école du « bonhomme Parent ». Cette année-là, il passe à une école aménagée dans le sous-sol de la chapelle de la Congrégation des hommes de la haute ville et ouverte grâce aux efforts de Joseph-François Perrault.En 1825, Garneau décide d’embrasser la profession de notaire. Il est présenté à Archibald Campbell, notaire à la tête de l’étude sans doute la plus prestigieuse de la ville de Québec. De jeunes Québécois, tels que Pierre Petitclerc, poète et dramaturge, et Antoine-Sébastien Falardeau, le futur peintre, y font aussi leur apprentissage. Le 22 juin, Campbell et Garneau signent un brevet de « cléricature. »À la fin du mois d’août 1828, Garneau part en voyage avec un Anglais. Les voyageurs se rendent à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick et de là ils gagnent Boston en bateau, d’où ils partent pour New York. Garneau passe une vingtaine de jours à visiter la grande ville américaine. De New York, ils remontent par Albany et Rochester jusqu’à Buffalo pour emprunter ensuite la route qui conduit aux chutes Niagara. Ils retournent enfin à Québec en passant par Queenston, York (Toronto) et Kingston. Plus tard, dans son Voyage, Garneau évoquera ce périple qui lui permit de découvrir de visu les États-Unis et le Haut-Canada.Moins d’un an après son mariage, Garneau se sépare de Besserer, en mai 1836, et ouvre seul une étude dans la côte de la Montagne, mais il ne semble guère heureux dans l’exercice de ses fonctions. En 1837, il va travailler comme caissier à la Banque de l’Amérique septentrionale britannique avant d’entrer, deux ans plus tard, au service de la Banque de Québec. Il continue de pratiquer le notariat par intermittence et rédige une douzaine d’actes par an entre 1837 et 1842.Durant les années 1837 à 1840, l’activité politique de Garneau reste mal connue. À défaut de témoignages de ses contemporains et de sa correspondance introuvable pour cette époque, les poèmes de Garneau et l’interprétation des événements dans son Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours – publiée en 1845 – permettent d’affirmer qu’il fut plutôt favorable aux idées de Papineau. C’est à partir de 1837 qu’on peut déceler la vocation de l’historien Garneau. Dans le Canadien du 15 février, il publie un extrait historique sur les combats et batailles « livrés au Canada et ailleurs auxquels les Canadiens ont pris part ». Si Garneau s’intéresse sérieusement à l’histoire depuis 1837, c’est l’union des Canadas, mesure dangereuse pour la survie de la nation canadienne-française, qui l’a sans doute confirmé dans sa vocation d’historien et qui explique sa détermination à écrire une histoire du Canada.Ce faisant, Garneau cherche à ranimer le courage de ceux qui, parmi ses concitoyens, éprouvent des inquiétudes et des doutes ; il se propose d’exciter leur volonté de vivre et il veut lutter contre le mépris qu’affichent les Britanniques à l’égard des « Canadiens ». Le 24 janvier 1840, il signe et fait circuler une résolution contre l’Acte d’Union, résolution adoptée à une réunion de protestation à laquelle assistent Étienne Parent, John Neilson et Louis-Édouard Glackmeyer. L’Acte d’Union qui menace l’avenir des Canadiens français est néanmoins voté et son application soulève l’indignation. Le 22 février 1841, Garneau revient à la charge dans un long article dans le Canadien contre le décret impérial et réclame le maintien de la langue française, rayée des textes constitutionnels.Grâce aux bons soins de son ami Parent, Garneau obtient, en septembre 1842, le poste de traducteur français à l’Assemblée législative. Au moment où le premier volume de l’Histoire du Canada voit le jour, Garneau se rend à Albany, siège des archives de l’état de New York, pour consulter les collections de copies de documents officiels provenant des Archives de France. En 1856, à la suite d’un concours lancé par l’éditeur-imprimeur Côté, Garneau écrit un Abrégé de l’histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à 1840, Perfectionniste, Garneau revoit toute son Histoire du Canada en vue de cette nouvelle édition. C’est en 1859 que paraît la troisième édition, la dernière du vivant de Garneau. Elle lui assure le titre « d’historien national ». Inlassablement, l’historien met en chantier une quatrième édition que réalisera plus tard son fils Alfred, en 1882 et 1883. Mais sa santé devient chaque jour plus précaire.Garneau est intellectuellement le fils de ses œuvres. De ses parents sans instruction il n’a pu recevoir que des encouragements. Sa culture littéraire, sa vision du monde, ses idées sur l’homme et sur son pays et, enfin, ses principes et sa méthode d’historien, Garneau les doit à sa soif de connaître et à son assiduité au travail. C’est une attaque d’épilepsie, compliquée d’une pleurésie, qui entraîne la mort de Garneau dans la nuit du 2 au 3 février 1866. L’historien s’éteint dans une maison de la rue Saint-Flavien, qu’il n’a habitée que pendant les dernières années de sa vie, contrairement à une légende tenace et répandue. De 1854 à 1864, il avait occupé, d’abord à titre de locataire puis comme propriétaire, une demeure sise sur l’avenue Sainte-Geneviève.
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