L’art du Japon dans la culture occidentale
La nouvelle exposition du Musée national des beaux-arts du Québec, Inspiration Japon, des impressionnistes aux modernes met de l’avant ce fascinant pays qui a inspiré les plus grands peintres occidentaux entre la fin du 19e siècle et la fin de la Belle époque. Les quelque 130 œuvres prêtées par le Muséum of Fine Arts de Boston mettent en valeur une centaine d’artistes japonais, américains et européens comme Claude Monet, Mary Stevenson Cassatt et Utagawa Hiroshige.
L’ouverture du Japon au commerce avec l’Occident en 1858 a entrainé un engouement et un renouveau de l’art de la part des artistes occidentaux de l’époque. Un critique d’art et collectionneur français, Philippe Burty lui donnera même le nom de « japonisme ». L’imaginaire occidental fut particulièrement stimulé par les estampes japonaises appelées ukiyo-e, des œuvres graphiques qui mettent la lumière sur le caractère éphémère de la vie avec des thèmes comme les fleurs, les geishas ou les acteurs de théâtre kabuki.
L’exposition est construite autour de quatre thèmes, les femmes, la vie urbaine, la nature et arts décoratifs et les paysages. L’une des œuvres exposées, le Bassin aux Nymphéas de Claude Monet met particulièrement en lumière l’intérêt des Occidentaux pour l’art et la culture japonaise. Monet a d’ailleurs dit en 1909 en parlant du Japon : « S’il faut à tout prix une filiation, comparez-moi à un vieux maitre japonais, leur goût exquis m’a toujours charmé et j’aime la qualité suggestive de leur esthétique capable d’évoquer la présence par une ombre et le tout par la partie. »
Les femmes
Au début du 20e siècle, les femmes deviennent plus actives dans la vie publique. Elles collectionnent des objets exotiques, certaines deviennent des artistes ou modèles d’œuvres d’art inspirées par le japonisme. Les Occidentaux sont subjugués par les geishas et les portraits crus qu’ont brossés les peintres japonais tant des activités les plus intimes ou les plus ordinaires de leurs modèles que du côté sophistiqué de leur existence. Le tableau de l’artiste américaine, Mary Stevenson Cassatt, Caresse Maternelle, rappelle les portraits japonais qui montrent souvent mères et enfants embrassés, au moment de l’allaitement ou du bain, liés par une affection physique plus manifeste que ce que l’art occidental montrait jusque-là.
La vie urbaine
De nombreux changements qui ont touché l’Europe et les États-Unis vers la fin du 19e siècle avec la révolution industrielle et la fusion des sphères publiques et privées donnent naissance à une culture très urbaine. Beaucoup de peintres sont captivés par les gravures ukiyo-e qui représentent la vie urbaine et ses plaisirs. La nouveauté de l’art japonais semble répondre parfaitement aux activités populaires nouvelles comme les courses de chevaux et les cabarets. La lithographie de Henri Toulouse-Lautrec, Jane Avril du portfolio Le Café-Concert, montre un style qui rappelle les personnages animés des mangas ou des carnets de croquis d’Hokusai.
La nature et les arts décoratifs
Les critiques de l’époque estimaient que « l’art japonais inspire un retour à la nature » et que les artistes japonais consacraient des heures à l’appréciation de la flore et de la faune. Des formes organiques très variées ornent les gravures, les laques, les soieries, les bronzes et les céramiques qui inondent le marché occidental à la fin du 19e siècle.
Les Paysages
Le traitement de la couleur, de la perspective et de la lumière chez les paysagistes japonais ouvre des possibilités très attrayantes aux artistes occidentaux. À la vue des couleurs vives des estampes ukiyo-e, certaines personnes diront avoir eu l’impression qu’un voile se soulevait devant leurs yeux. Au lieu de recourir aux ombres pour donner une illusion convaincante du relief, les Japonais jouaient du contraste des couleurs, répétaient les formes et focalisaient l’attention sur les éléments essentiels pour animer des lieux emblématiques. Le tableau de Claude Monet, Meule de foin au soleil couchant, rappelle l’œuvre d’Utagawa Hiroshige, Célèbre maison de thé, de la série Cinquante-trois stations du Tõkaidõ avec la meule de foin qui ancre la partie droite de l’image et les bandes de couleurs pour suggérer la profondeur et les différentes qualités de la lumière.
Inspiration Japon, des impressionnistes aux modernes est à voir au MNBAQ jusqu’au 27 septembre 2015.
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