Les illusions de la communication
Tribus, pièce mise en scène par Frédéric Blanchette, met en lumière les dysfonctionnements de la communication dans une société qui se donne une illusion de communication, mais où il n’y a aucune profondeur.
L’histoire tourne autour du personnage de Billy qui est sourd de naissance, mais dont le reste de la famille n’a pas ce handicap. Ses parents ont décidé que Billy n’apprendrait pas le langage des signes et qu’il parlerait. Une bonne attention au début afin de ne pas ostraciser Billy et qu’il ne sente pas différent du reste de la famille, de la tribu. Billy a donc appris à lire sur les lèvres et parle, mais la rencontre avec une jeune femme sourde qui utilise le langage des signes va complètement changer son univers.« Il y a un rapport à la langue et aux mots pour les parents qui sont tous les deux auteurs, mais un signe a tout autant de valeur dans la manière de communiquer », explique Frédéric Blanchette en entrevue téléphonique.«C’est l’ambigüité entre les deux qui est intéressante dans la pièce. Au départ dans leur esprit c’est pour son bien, mais ça a eu comme conséquence de l’ostraciser encore plus parce que Billy ne sent pas qu’il fait partie de la communauté sourde ni de sa famille parce que ça va trop vite pour lui », poursuit le metteur en scène.L’auteur de la pièce originale, l’Anglaise Nina Raine, a écrit ce texte par rapport à l’histoire d’un couple sourd qui attendait un enfant et les deux parents espéraient que l’enfant naisse avec le même handicap. Ça l’avait interpelé. Dans un sens Nina Raine comprenait de vouloir partager cette facette-là avec leur enfant, mais d’un autre côté, elle trouvait étrange de souhaiter à son enfant d’avoir une limitation.Le metteur en scène québécois compare l’univers de Billy avec les communications modernes et l’utilisation excessive des textos et de Facebook.« L’instantanéité des communications fait qu’on est un plus maladroit les uns face aux autres. Il y a quelque chose de moins, on est plus habile parfois à se texter qu’à se parler, mais on perd beaucoup aussi », souligne Frédéric Blanchette.Le metteur en scène, cite en exemple les changements pour souhaiter la fête de quelqu’un. « Avant on allait voir la personne ou on l’appelait, maintenant on marque un message sur Facebook et ça s’arrête là. »Tribus, une production de LAB87 est présentée au Périscope du 20 au 31 octobre.
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