L’ÉVEIL – Les mirages de l’adolescence

La première de L’ÉVEIL avait lieu le 29 septembre dernier, au Théâtre Périscope, en présence d’une salle comble. Je m’y rendais doublement intriguée, d’abord par l’idée d’assister à une « ode à l’adolescence » – cet âge transitoire de la vie auquel nous n’adhérons pas tous et qui autrefois s’appelait puberté -, puis par l’approche danse-théâtre (différente ici du ballet) à laquelle j’avais très hâte d’être initiée.

Harold Rhéaume, chorégraphe et directeur artistique de la troupe Le fils d’Adrien danse, parle de l’œuvre, librement inspirée de l’« Éveil du printemps » de Frank Wedekind, comme d’une création qui fait danser le texte et où la danse et le théâtre se répondent. Le résumé, qui promet une célébration de la vie, une intensité des sens et un voyage « enivrant et bouleversant de la découverte de soi et des autres », a convaincu mon ado de m’y accompagner, ce qui m’a permis de la voir et de la vivre en partie à travers ses yeux. Je dois avouer que cela a davantage contribué à embrouiller mon appréciation puisqu’il tentait d’« intellectualiser » tout ce qu’il voyait au lieu de se laisser porter par la poésie.En effet, l’ÉVEIL est une poésie de l’adolescence, une célébration des grandes émotions qui contribuent à modifier notre regard sur nous et sur le monde qui nous entoure. Cette étape transitoire de notre jeune vie est aussi un passage qui nous projette ailleurs, vers l’avenir, vers d’autres passages.Marie-Josée Bastien et Steve Gagnon ont réussi à isoler et à transposer en mots certains de ces passages qui mènent vers l’âge adulte. Même si le jeu des six interprètes, à la fois danseurs et comédiens, m’a semblé parfois inégal, il n’était dénué ni de charme ni de poésie. Quant aux accompagnements filmiques d’Éliot Laprise et à la musique de Josué Beaucage, ils nous maintenaient dans ce paradis naïf et à jamais perdu/retrouvé du mirage de l’adolescence.Les représentations se poursuivent jusqu’au 10 octobre au Théâtre Périscope.