Line Ouellet : « L’art il faut y aller avec son cœur »
Quand elle a pris la direction comme directrice et conservatrice en chef du Musée national des beaux-arts du Québec, Line Ouellet était déjà membre du Musée comme directrice des expositions depuis 10 ans. Line Ouellet a amorcé sa carrière dans le domaine de l’art dans l’édition puis au musée de la civilisation. On doit à madame Ouellet l’aboutissement de l’agrandissement du Musée, un projet rêvé par son prédécesseur John Porter et qui a demandé plus de dix ans de travail avant que le chantier prenne forme.
Céline Fabries : Est-ce que l’art a toujours été dans votre vie?
Line Ouellet : Je viens d’une famille modeste et comme beaucoup de familles modestes, je ne fréquentais pas les musées, d’où l’importance pour moi de démocratiser l’art afin que le plus de gens possible puissent venir voir les expositions. J’y ai eu accès lorsque j’ai commencé à voyager à 18 ans. J’ai vraiment eu l’occasion de visiter sur des bases régulières de très grands musées en particulier lors d’un premier séjour en Angleterre et là j’ai vraiment pris l’habitude de vivre avec des œuvres que j’aimais. Je les aimais tant que je les fréquentais. J’avais envie de les fréquenter comme on fréquentait des amis.
C. F. : On sent que l’art vous touche particulièrement, expliquez-nous ce que ça réveille en vous?
L. O. : L’art a plusieurs facettes qui résonnent en moi. Je suis une personne extrêmement sensible sur le plan esthétique. Donc les artistes qui ont vraiment développé un vocabulaire, une approche qui est unique, cohérente et qui a une grande profondeur on le sent tout de suite. Les tableaux de Joseph Mallord William Turner et Mark Rothko m’ont particulièrement touché pendant mon séjour outre-Atlantique et c’est à partir de là que j’ai plongé dans l’art. On s’assoie là, et on est juste ailleurs dans un autre monde et on est transporté.
C. F. : Faut-il être un expert pour aimer l’art?
L. O. : L’art, il faut y aller avec son cœur et il faut arrêter de se dire, mais je ne comprends pas. Il faut se dire qu’est ce que je ressens. Il ne faut pas arriver au musée comme on arrive dans une école, mais plutôt comme on arrive dans un restaurant. Et de se dire de quoi j’ai envie et face à plusieurs œuvres laquelle m’attire le plus et se laisser complètement diriger par ses émotions, ses intuitions et ses sensations. S’approcher et se perdre dans l’œuvre, oser se dire ce que j’aime c’est la couleur, la matière, le regard, etc.
C. F. : Au MNBAQ, quelle est votre œuvre préférée?
L. O. : Viva Canaletto de Fernand Leduc, un monochrome. Si on regarde rapidement c’est juste jaune. Mais cette œuvre réfère en fait à un paysage de Venise. Quand on regarde l’œuvre suffisamment longtemps, on peut voir les nuances, les différentes couches et la ligne d’horizon de Venise. C’est très beau et sensuel. Ça nous immerge de cette couleur d’Italie très chaude. Si vous avez envie d’un bain de soleil à peu de frais, il faut venir voir Viva Canaletto dans la salle Fernand Leduc.
C. F. : Le musée st situé au cœur du quartier Montcalm, parlez-moi de ce quartier.
L. O. : C’est un magnifique quartier avec sa couverture forestière, son équilibre entre le résidentiel, l’institutionnel et le commercial. L’avenue Cartier est une rue très dynamique. Les commerçants sont engagés et originaux, la plupart des enseignes sont des enseignes uniques, il y a très peu de chaines. C’est un quartier très authentique et c’est quelque chose que je valorise beaucoup dans une ville. Le quartier Montcalm c’est aussi l’accès aux plaines, ce magnifique jardin. C’est un quartier qui gagne à être connu. Non seulement par les citadins de Québec qui habitent la banlieue, mais aussi il gagne à être mieux mis en valeur pour les touristes. Il n’y a rien que j’aime plus que de découvrir un quartier qui est encore totalement authentique quand je suis touriste. C’est très bien que les touristes soient dans le Vieux-Québec, mais pour un certain type de touristes on veut aller plus loin. Des touristes qui ont de l’intérêt pour le quartier des arts, qui veulent venir voir le nouveau pavillon Pierre Lassonde, aller faire du patin sur les plaines d’Abraham pour ensuite aller manger et faire des courses sur l’avenue Cartier. Les abat-jour donnent aussi un caractère unique à l’avenue et on a beaucoup d’ouverture et on est en discussion pour une éventuelle permanence.
C. F. : Pouvez-vous me citer quelques coups de cœur?
L. O. : Parmi mes coups cœurs, Fastoche qui est aussi présent au MNBAQ, tous les restaurants du sushi jusqu’au Bistro B. Les Halles du petit quartier, le pain extraordinaire de Picardie, Provision, c’est formidable avec les fruits frais de l’ile d’Orléans l’été. Je suis assez vendue à cette rue pour son originalité, sa diversité, son authenticité. Petits creux et Grands crus où je suis allée à quelques reprises, le Café Krieghoff avec ses terrasses à l’avant et à l’arrière. Tous les Européens et les Américains que je reçois, je leur dis si vous avez une rue où aller c’est l’avenue Cartier.
Expositions temporaires à venir au MNBAQ :
- Crazy Carpets – Exposition
- Bryan Adam s’expose
- 1950 le Québec de la photojournaliste américaine Lida Moser
- Incarnations / Skin deep
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