Parler de sexualité, c’est ce que propose la pièce Faire l’amour, une idée originale de la comédienne Anne-Marie Olivier. La pièce revient pour une deuxième année au Périscope après l’immense succès de l’an passé et une tournée au Québec à guichet fermé. Toutes les histoires sont vraies, seuls les noms ont été changés.
Q : Pourquoi aborder le thème de la sexualité de cette façon ?
R : La sexualité est partout, mais de façon très désincarnée. Il y a beaucoup de porno, d’utilisation du corps pour vendre des produits, mais on ne parle pas beaucoup de l’intimité et des émotions qui sont liées avec ça. C’est un acte qui n’est pas banal parce qu’on est tous issus de ça. C’est un jardin intime, mais dont on ne parle pas, donc un terreau fertile pour le théâtre. C’est au cœur de nos vies, même sans avoir de pratique sexuelle. Ça nous détermine, tout le monde à un rapport avec la sexualité.
Q : Lors de la cueillette des histoires, quelles questions posiez-vous ?
R : On a demandé aux gens c’est quoi vos histoires de sexes les plus signifiantes et qui ont compté le plus ? On voulait des histoires de cul, mais ils ont répondu avec des histoires d’amour. On a gardé les histoires qui parlent d’espoir. On avait envie de parler du sexe avec amour. On n’a rien modifié et on garde l’état dans laquelle était la personne lorsqu’elle a raconté l’histoire. Ce sont des histoires qu’on n’aurait pas pu inventer.
Q : Comment réagit le public sur un sujet qui est un peu « tabou » ?
R : La façon dont ils réagissent est spéciale. On commence le spectacle en disant aux gens que les histoires sont vraies donc leur écoute est changée et ils vont penser à leurs propres histoires. L’effet sur les spectateurs est très différent. Il y a des gens qui vont sortir avec un appétit de la vie encore plus grand et il y a des personnes qui vont être bouleversées parce qu’il y a un écho dans leur propre vie.
Q : Quel est le rapport des Québécois avec le sexe ?
R : À plusieurs égards, pas juste pour la sexualité, on est encore influencé par la chape de plomb de la religion catholique. On a été comme un peu balancé et tout ça est en train d’éclater. Je pense qu’on a à gagner à avoir des rapports plus sains, plus ouverts et se parler de ce qui va et ce qui ne va pas. Dans toutes les civilisations, il y a des histoires horribles et des histoires merveilleuses de sexe. On devrait en parler davantage. Quand on regarde les cours de sexualité à l’école, on devrait pouvoir en parler librement sans créer de tollés. On a du chemin à faire encore.
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Q : C’est quoi pour vous le quartier Montcalm ?
R : Le quartier Montcalm, j’en ai comme besoin dans ma vie et Québec en a besoin. J’ai mes repères. J’aime ça y découvrir de nouvelles choses, flâner, passer à la course et prendre ce dont j’ai besoin, regarder le monde, encourager les petits commerçants. J’ai développé une dépendance au quartier Montcalm. C’est un beau quartier, il y a des arbres, les gens sont fins. J’aimerais ça que ça soit plus animé le soir, sentir qu’il se passe quelque chose après 21 h. Avec mon chum, on achète nos livres sur l’avenue Cartier, nos souliers à la cordonnerie Oz. On va manger chez Morena, au Café Krieghoff, au restaurant Petits creux & grands crus. On a aussi une grande dépendance à la Fabrique de Bagels.
Faire l'amour au théâtre Périscope du 8 au 12 décembre.