Vinci : La vie telle une œuvre d’art

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La 30e saison du Théâtre Périscope était lancée ce mardi 8 septembre 2015, avec la reprise de la première œuvre solo de Robert Lepage : Vinci. À l’affiche en 1986 lors de la deuxième saison du Périscope, alors baptisé l’Implanthéâtre, elle n’avait jamais été rejouée depuis ce temps. Frédéric Dubois, directeur artistique du Théâtre, et metteur en scène de Vinci à l’occasion du lancement de la saison anniversaire, nous propose un voyage initiatique dans le maelstrom de la création.

L’art de l’angoisse

Si la schizophrénie est une maladie du cerveau qui affecte la pensée, les sentiments et les émotions, déformant ainsi les perceptions et les comportements des personnes qui en sont atteintes, que penser des angoisses que vit Philippe (Olivier Normand) par rapport à sa dernière exposition de photographies qui fut, à ses yeux, un véritable fiasco, le menant même à de multiples visites chez le psy?

Déchirée psychiquement à la suite à la vente de ses photographies à une entreprise de salle de bain, se sentant indigne de son art, hanté par le suicide de son meilleur ami (ou amant?), n’ayant pas eu le courage de se jeter, lui aussi, dans le vide (de ses bras?), la personnalité de Philippe finit par éclater et se séparer de lui «pour mieux se rapprocher alors de tout ce qui semble perdu ».

La magie des voyages

Tel un gymnaste désarticulé, Philippe part en voyage en Europe. Là, il se transformera tour à tour en guide touristique, traducteur travesti, œuvre d’art morcelée et esprit sensible de Léonard de Vinci. Olivier Normand est tout simplement magique. Maître des apparitions, il jongle avec l’art des paradoxes, conflits et autres contradictions intérieures qu’il réussit à transposer dans l’univers du senti.

La scénographie imaginée par Marie-Renée Bourget Harvey est efficace et inventive. Cette dernière s’est amusée à déconstruire la scène en la multipliant à l’aide de panneaux de vitre qui, placés de façon à former deux couloirs de verre, donc trois espaces distincts, permet à l’action d’évoluer sur plusieurs registres, que ce soit celui de la course folle en voiture dans les rues de Londres ou de la longue visite dans les couloirs du Louvre, mais aussi sur celui de la profondeur, notamment celle de la psyché intérieure.

Les risques du métier

N’eût été le trou de mémoire dont le comédien Pierre Philippe Guay a souffert en ouverture, et qui est malheureusement venu troubler mon appréciation du début jusqu’à la fin, Vinci est une œuvre bien tramée qui nous montre que partir peut parfois nous rapprocher de nous-mêmes.

La pièce Vinci est à l’affiche au Théâtre Périscope du 8 au 26 septembre 2015.

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