Vivre en maison de chambres : de nombreux problèmes confirme un rapport d’étude
Le Comité maison de chambres de Québec qui réunit plus d’une quinzaine d’organisations des réseaux publics et communautaires ainsi que des citoyens a rendu publique jeudi matin son étude sur « Vivre en maison de chambres dans la ville de Québec : portrait, expériences et enjeux ».
Ce rapport documente l’offre de maisons de chambres dans la ville de Québec, et met en lumière les conditions de vie ainsi que les parcours résidentiels des chambreurs. Lundi dernier, le conseil d’arrondissement de la Cité-Limoilou a retiré de l’ordre du jour, la demande de changement de zonage par les propriétaires de la maison de chambres située au 1165 chemin Sainte-Foy dans le quartier Saint-Sacrement en attendant la publication de l’étude. Le zonage actuel autorise neuf chambres ou 12 logements. La maison de chambres du chemin Sainte-Foy compte actuellement 55 chambres et 35 chambreurs. Le conseil de quartier de Saint-Sacrement a voté la recommandation de ne pas autoriser le changement de zonage à la suite de la consultation publique qui a eu lieu fin 2014. Lors de cette consultation publique, de nombreux résidents du secteur de la maison de chambres se sont plaints des nuisances provoquées par les locataires de la maison de chambres.
L’étude révèle que les chambres disponibles sont généralement de piètre qualité. Les intervenants qui y placent certaines clientèles confirment d’ailleurs qu’il est très difficile de trouver une chambre adéquate et de bonne qualité pour y résider une longue période. C’est ce qu’a pu constater monmontcalm lors d’une visite à la maison de chambre dans le quartier Saint-Sacrement. Dans son rapport, le comité explique que de nombreux chambreurs dénoncent l’insalubrité et l’état lamentable de plusieurs maisons de chambres. Il y a souvent de problèmes de dysfonctionnement des équipements dans les aires communes, de la moisissure, la porte d’entrée n’est pas verrouillée, il n’y a pas de personne-ressource sur place et plusieurs fumeurs retirent les détecteurs de fumée pour éviter leur mise en fonction lorsqu’ils allument une cigarette.Malheureusement, les maisons de chambres insalubres ou inadéquates sont souvent la seule option dont disposent les gens en difficultés. Parmi la clientèle, on retrouve des hommes et des femmes, des personnes âgées dont la condition physique n’est pas adaptée aux maisons de chambres, des jeunes qui peuvent présenter des problèmes de santé mentale ou de consommation et de nombreuses personnes sur l’aide sociale ou qui disposent d’un faible revenu.
Les locataires vivent de l’intimidation
Cette cohabitation entraine un sentiment d’insécurité constant. L’étude démontre que vivre à plusieurs dans un même immeuble sans pouvoir prévoir la conduite ou le comportement des autres locataires apporte son lot d’incertitudes. Le fait de partager la même cuisine ou la même salle de bain est souvent difficile à vivre et a pour conséquence de nombreux conflits. La consommation d’alcool ou de drogue est souvent susceptible d’engendrer des désaccords. L’étude met aussi en lumière que les locataires qui vivent depuis longtemps dans la maison de chambres peuvent en prendre le contrôle et dominer les autres locataires.Dans les maisons de chambres sans pension, l’alimentation peut s’avérer difficile en raison des espaces de rangement inadéquats, des équipements non fonctionnels et du vol de nourriture par les autres chambreurs ou par les visiteurs. Le partage de la cuisine n’est pas simple non plus et plusieurs préfèrent l’éviter ou se nourrir de mets préparés ou de repas rapides réchauffés aux micro-ondes dans leur chambre.Deux résidents de la maison de chambres du chemin Sainte-Foy ont confié à monmontcalm que l’intimidation était fréquente. L’un des résidents a raconté que des locataires venaient sans cesse dans sa chambre pour lui «taxer» des cigarettes ou de la nourriture. Il a d’ailleurs mis une grande partie de sa nourriture dans la chambre d’un ami pour éviter de se faire voler.L’étude révèle également que les droits des locataires sont souvent brimés. À titre d’exemple, les propriétaires n’hésitent pas à profiter de leur pouvoir par des prêts usuraires, augmentent abusivement le coût des chambres ou expulsent illégalement des chambreurs.
Les difficultés rencontrées par les propriétaires
Si les locataires rencontrent des difficultés et se sentent démunis face à certaines situations, les propriétaires vivent aussi des difficultés pour la gestion de maisons de chambres comme les coûts élevés associés à l’entretien ou les comportements inadéquats des chambreurs. Lorsque la maison de chambres est occupée par plusieurs personnes qui ont des problèmes de santé mentale ou de consommations, les propriétaires se retrouvent face à l’obligation de les gérer sans en avoir les compétences ni la disponibilité pour le faire.Le gestionnaire de la maison de chambres au 1165 chemin Sainte-Foy, monsieur Bédard a déclaré lors du dernier conseil d’arrondissement qu’il était en relation avec le CLSC pour qu’un professionnel de la santé soit mis à la disposition de la maison de chambres.Selon le rapport, il semble aussi que les propriétaires, tout comme les chambreurs, n’aient pas toujours confiance en la Régie du logement pour leur venir en aide sur la question des droits. L’efficacité du système et les délais sont ciblés comme étant problématiques
Les orientations proposées par le Comité
Le coût élevé des loyers obligent de nombreuses personnes à choisir la maison de chambres comme lieu d’habitation permanent bien que les maisons de chambres soient d’abord pensées comme une solution temporaire. Pour les locataires, il est donc important de vivre dans un endroit sécuritaire et propre. Les loyers dans la maison de chambre du chemin Sainte-Foy varient entre 350 et 425 $ par mois. Certaines n’ont ni lavabo ni toilette. Le loyer moyen des maisons de chambres à Québec de mêmes types que celle située dans le quartier Saint-Sacrement varie entre 331 et 362 $.Grâce à cette étude, les membres du CMCQ ont dégagé des balises pour permettre d’orienter les actions afin d’améliorer la situation dans les maisons de chambres. Le chambreur doit être au cœur de toutes les actions mises en place. L’amélioration significative de la qualité de vie des locataires passe par l’action intersectorielle. L’amélioration des conditions de vie des chambreurs passe par une diversité de moyens. L’accompagnement et le soutien des personnes qui en ont besoin sont un maillon important des actions. L’amélioration des conditions de vie passe par une meilleure connaissance et une meilleure application des droits des chambreurs. Passer d’un modèle d’hébergement à un modèle d’habitation.La demande de changement de zonage par le 1165 chemin Sainte-Foy sera votée prochainement au conseil d’arrondissement de la Cité-Limoilou. Les propriétaires ont déclaré que si la demande de zonage était refusée, la maison de chambre serait transformée en un immeuble de 12 logements. Et les citoyens qui habitent le secteur ont affirmé que si la demande de changement zonage était acceptée, ils demanderaient un référendum.À lire aussi :Non a changement de zonage pour la maison de chambresUne maison de chambres qui dérange dans Saint-Sacrement
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