Doggy dans gravel frappe fort ! Dans cette pièce d’Oliver Arteau, artiste interdisciplinaire récemment diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Québec, nous découvrons un théâtre cinématographique actualisant plusieurs genres et époques. Tel un espace-temps se repliant sans cesse sur lui-même pour ensuite reprendre son expansion à une vitesse phénoménale, la performance à laquelle nous assistons étonne autant qu’elle nous enchante.
L’histoire raconte la fable un peu grotesque de scouts pubères s’immisçant dans un rite de passage adolescent, l’après-bal. Mais ce passage symbolique (sortir de la ville, vivre dans un champ, réintégrer la famille) est un élément qui m’est apparu plutôt secondaire dans la pièce. Car ce qui a retenu davantage mon attention est l’approche kinesthésique utilisée par le Théâtre Kata pour présenter des questionnements sociaux dont la réponse émane du corps plutôt que de l’esprit.Comme le disait la danseuse Isadora Duncan : « Si je pouvais vous dire ce que c’est, je ne l’aurais pas dansé ». La danse devient ici le prolongement de l’esprit qui n’arrive pas à s’exprimer par la parole. Les travers, pulsions et désirs qui ne trouvent pas de mots pour se dire sont amplifiés par les gestes, les mimiques et la danse. Cette approche est d’autant plus efficace qu’elle est renforcée par les maquillages de la très talentueuse Élène Pearson et les ambiances sonores et musicales de Vincent Roy.Nous nous serions parfois crus sur le plateau de tournage d’un film de Chaplin tant les rires fusaient de toutes parts. La scène où nos pas-si-joyeux scouts font du porte-à-porte pour vendre du chocolat est savoureuse. J’ai particulièrement aimé les performances de Dayne Simard, Vincent Roy et de l’incomparable Ariel Charest. Par ailleurs, c’est avec bonheur que je renouais avec le jeu de Gabriel Cloutier Tremblay qui m’avait beaucoup émue le printemps dernier dans l’Orangeraie de Larry Tremblay.Doggy dans gravel est présenté au théâtre Premier Acte jusqu’au 1er octobre.