Pour la première fois, le Périscope va présenter une pièce canadienne en anglais sous-titrée en français, Huff pour huffing : action d'inhaler des gaz toxiques, des vapeurs ou des fumées produites à base de produits ménagers bon marché comme la peinture en aérosol, la colle et l'essence. La pièce est écrite et jouée par un jeune comédien ontarien qui étudie en écriture à l'école nationale de théâtre à Montréal, Cliff Cardinal et qui a remporté un énorme succès ailleurs au Canada.
Frédéric Dubois a découvert la pièce lors d'un festival de théâtre à Halifax et il est littéralement tombé en amour avec la pièce.« Ce qui m'a séduit, c'est qu'on voit rarement ce genre de sujet au théâtre. C'est le fun de voir que l'art s'en mêle un peu et qu'on entre dans le sujet de cette manière et que ça soit fait avec cette vérité et cet engagement. »L'histoire raconte l'histoire d'une famille dysfonctionnelle dans une réserve amérindienne du nord de l'Ontario. Cliff Cardinal est seul sur scène et il interprète tous les personnages. Ça commence dans l'enfance puis l'adolescence. Vient alors le passage à la vie adulte. Et sur les réserves amérindiennes, il prend souvent le même virage. Un geste de trop, une spirale de violence et le sort en est jeté. S'enfonçant de plus en plus, le jeune homme, toujours seul en scène, raconte la chute. La sienne. Celle des autres. La fuite et la découverte du huffing. Cette bouffée qui endort, qui anesthésie, qui permet d'être et de continuer.Cliff Cardinal n'a pas grandi sur une réserve, mais il a des origines amérindiennes par l'un de ses deux parents et pour Frédéric Dubois, l'interprétation de l'acteur est d'une grande justesse.« Il dresse un portrait par rapport à l'éducation, au fait que les jeunes se drogue et tranquillement on verse dans ce qu'il y a plus dur dans ce milieu-là », explique le directeur artistique du Périscope, Frédéric Dubois.
Un passé honteux
Le Québec a un passé douloureux avec les réserves indiennes. On se souvient entre autres des enfants placés dans des orphelinats ou de la crise d'Oka dans les années 90. Tout récemment, l'équipe d'Enquête a révélé la disparition et le meurtre de plusieurs femmes autochtones. Une commission d'enquête nationale a longtemps été réclamée sur ce phénomène sociologique.« Il y a une profonde gêne par rapport à tout ça. L'histoire canadienne avec ses Amérindiens ce n'est pas une belle histoire », souligne Frédéric Dubois. Il ajoute que la pièce ne fait le procès de personne, c'est plus un portrait.Huff au Théâtre Périscope du 16 au 20 février.