Firelake, ville minière, 1986 – Tout n’est pas fini

« Dans quels contextes avez-vous l’occasion de prendre la parole ? Pour quoi et pour qui ? Votre expérience n’est-elle jamais assez sensible ? Ce que vous avez à dire est-il vraiment pertinent? » (Leonard Cohen, traduction libre). Inscrite dans le programme de la pièce Firelake, ville minière, 1986, cette citation de Leonard Cohen, placée en exergue du Mot de l’auteur, Maxime Allen, est un bel hommage au poète qui nous a quittés le 7 novembre dernier.

Hasard ou non, nous comprenons que ces questions posées par Cohen ont fait partie du processus d’écriture de Maxime Allen qui, pendant près de 10 ans, a conservé silencieusement dans sa tête les personnages, comme on souhaite garder pour soi un trésor trop fragile pour l’exposer au regard et à la critique des autres.Deux plans antithétiques se superposent dans la pièce. En effet, l’annonce de la fermeture prochaine de la ville, amorçant du même coup l’heure des bilans, est aussi un moment où la vie des habitants prend de l’expansion en s’accrochant à tout ce qu’ils trouvent pour survivre au déracinement. À Firelake, personne ne meurt. Soit on disparait dans la mine, soit on se volatilise pendant la nuit, ou encore on s’évanouit dans la nature… À Firelake, la mort n’est pas la fin, c’est le début d’un deuil, d’une étape dans un processus de renaissance.La réponse à ces morts symboliques se traduit par une volonté de vivre qui est telle que l’échec et le sacrifice deviennent des sources de dépassement, révélant la toute-puissante résilience de l’humain.Firelake, ville minière, 1986 est un moment de grande humanité. La mise en scène de Lorraine Côté est imaginative et dynamique. Le poids de la tragédie n’est jamais trop lourd puisqu’il voyage sur les ailes de l’espoir et de l’humour.J’ai été sous le charme du jeu de Serge Bonin, Véronika Makdissi-Warren, Vincent Nolin-Bouchard, Marie-Pier Lagacé et surtout Paule Savard, cette dernière livrant une interprétation exceptionnelle, l’une des meilleures qu’il m’ait été donné d’assister cette année.Firelake, ville minière, 1986 est présentée au Théâtre Périscope jusqu’au 3 décembre.