Grace : De mauvaise foi

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Les passionnés de théâtre de Québec étaient conviés à la première de la pièce Grace ce mardi au Théâtre Périscope. Une œuvre qui nous projette dans un puissant torrent de foi religieuse, celui qu’aucune digue ni aucun barrage ne sauraient contenir. Les performances auxquelles j’ai assisté étaient solides et justes. Les quatre interprètes campaient admirablement bien leur personnage que chacun jouait avec franchise et honnêteté.

Nicolas Létourneau, alias Steve, un personnage volubile, instable et émotif, donnait le ton dès la première scène. Le pathétisme de son personnage nous est rapidement révélé, Sam est un imposteur qui fait semblant de s’intéresser aux autres. Sa foi s’apparente à une construction mentale savamment érigée en dogmes.

Cherchant à donner un sens à une enfance malheureuse, Steve rencontre Sara, interprétée par la comédienne Joëlle Bourdon, lors d’un atelier d’étude biblique. Cette rencontre sera pour lui le point de départ d’un dangereux fanatisme entremêlant religion et amour, et dont le dénouement ne fait plus aucun doute.

Steve m’est rapidement apparu comme étant un être extrêmement fragile éprouvant de grandes difficultés à gérer ses conflits intérieurs qu’il déverse sur toutes les nouvelles personnes qu’il rencontre, dont le personnage drolatique et un peu malaisant de l’« exterminateur » allemand, un vieux sage athée ayant traversé les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale, et interprété par Jacques Leblanc, directeur artistique de La Bordée.

Mais la mauvaise foi de Steve finit par prendre le dessus lorsque la façade de confiance qu’il avait érigée comme moyen de défense s’effondre. Tel un animal blessé, il tentera de sauver sa vie en s’attaquant aux ennemis qui le menacent, dont le personnage d’Emmanuel Bédard, voisin moribond et cerveau de la Nasa, alors éprouvé par le deuil et démoli par la culpabilité d’un accident qui l’a laissé défiguré.

Écrite par le dramaturge Craig Wright et mise en scène par Charles-Étienne Beaulne, l’œuvre est puissante. Des ravages de la foi aux rivages amoureux, de l’aveuglement religieux au courage de deux cœurs qui battent l’un pour l’autre, au bout du compte, « le vent l’emportera »…

Grace est à l’affiche du Théâtre Périscope jusqu’au 13 février.

[Lire aussi : Meurtre et religion au menu de la prochaine pièce du Périscope]

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