Le référendum, « un chien de garde qui permet les compromis »
Que ce soit dans Montcalm, dans Saint-Jean-Baptiste où dans les différents quartiers de Québec, le référendum citoyen a permis d’éviter que des projets immobiliers qui ne cadraient pas avec la vie du quartier voient le jour. Mais le processus référendaire attise aussi de nombreuses tensions et il est parfois plus partisan des intérêts personnels que des intérêts collectifs. Le projet de loi 109 du gouvernement du Québec prévoit la suppression du référendum pour la Ville de Québec. La table ronde tenue jeudi soir aux Loisirs Montcalm a attiré de nombreuses personnes inquiètes de voir leur droit de parole disparaitre.
Parmi les panélistes invités, l’avocat François Marchand a indiqué que le projet de loi 109 allait centraliser les pouvoirs et que les arrondissements allaient devenir de simples « boites aux lettres » et des « bureaux administratifs ». Selon François Marchand, les référendums sont des « chiens de garde » face à des projets qui ne cadrent pas toujours avec l’environnement et l’architecture d’un quartier.Un point de vue rejoint par un ancien directeur général de la Ville de Québec, Serge Viau qui a passé 28 ans à la Ville de Québec avec quatre maires différents. Selon monsieur Viau, s’il y avait eu des référendums dans le passé, certains projets ne seraient jamais sortis de terre. Il a donné comme exemple le Concorde sur Grande Allée.L’ancien DG a aussi parlé de l’ilot Esso au coin Cartier et René Lévesque où les citoyens ont utilisé leur droit au référendum afin que le promoteur respecte le zonage de quatre étages. Serge Viau a d’ailleurs rappelé qu’à l’époque où la Ville de Québec a mis en vente le terrain, un certain nombre de critères avait été établi et le promoteur avait acheté le terrain en toute connaissance de cause. Par la suite, David Grondin avait dit que le projet n’était pas rentable et qu’il fallait des étages supplémentaires.Selon, Serge Viau, les quartiers de Québec et en particulier les quartiers centraux ont des architectures et une urbanisation qui cadrent avec la vie de quartier. Des quartiers où l’on retrouve des commerces de proximité et une population qui jouit d’une certaine qualité de vie.« Je suis favorable à la densification, mais contre la surdensification et les projets qui détruisent le caractère d’un quartier », a souligné monsieur Viau.
Un organisme indépendant pour éviter la partisanerie
Les panélistes invités s’entendaient tous pour dire que les consultations publiques et les référendums amènent son lot de partisanerie et la défense de l’intérêt personnel plutôt que l’intérêt collectif. Pour le chroniqueur du Soleil, François Bourque, les référendums ne sont pas forcément nécessaires pour assurer un développement correct de la Ville.« Ça peut-être un outil pour mesurer l’adhésion des voisins, mais le référendum est peu utilisé et quand il est utilisé, ce n’est pas toujours pour les bonnes raisons », a affirmé François Bourque. En effet depuis les fusions, il n’y a eu que cinq référendums.Il préfère donc les PPU qui sont menés selon lui de « bonne foi » par la Ville et cela donne de « bons résultats ». Si le PPU permet d’avoir une réflexion sur le genre de quartier que l’on veut pour les années à venir, François Bourque acquiesce que la formule du PPU mérite d’être améliorée parce qu’il est plus facile de mobilier les voisins sur un projet immédiat plutôt sur une vision sur plusieurs années.Le chroniqueur estime donc qu’il faut démocratiser les PPU et les sortir du système municipal et politique afin qu’il soit géré par une instance indépendante comme l’Office de consultation publique à Montréal (OCPM).Une opinion partagée par tous les panélistes, dont Hélène Laperrière, qui est commissaire à l’OCPM qui pense qu’un organisme neutre est souhaitable à Québec. Elle a d’ailleurs invité le maire à ajouter dans sa consultation actuelle, le thème des consultations publiques afin que les citoyens puissent s’exprimer.
L’exemple suisse
Franc Hausselmann, l’un des panélistes a vécu 27 ans en suisse avant de s’installer au Québec. Il a partagé ce qui se fait en Suisse où les référendums sont monnaie courante. La démocratie directe fonctionne sur les trois niveaux de gouvernement et le peuple peut proposer quelque chose ou bloquer quelque chose.Le 5 juin dernier, les citoyens de Genève ont dit oui à plus de 60% au principe d’une grande traversée autoroutière du lac. Par contre cet hiver, les citoyens de Genève ont voté contre les coupes budgétaires à la Ville de Genève.
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