Les bons débarras – Comme une fleur dans l’asphalte
Je suis une fan de Réjean Ducharme. J’attendais cette pièce depuis qu’elle avait été annoncée dans la programmation 2016-2017 du Théâtre du Trident, résistant même à l’envie de revoir le film pour éviter les écueils de la comparaison. Mes attentes envers Frédéric Dubois, metteur en scène, étaient donc élevées.
En guise de préparation, et pour contenir mon impatience, j’étais allée assister à la conférence portant sur l’univers de l’auteur que donnait Marie-Andrée Beaudet, écrivaine, professeure à l’Université Laval et spécialiste de Ducharme, le 19 octobre dernier à la Maison de la littérature.J’ajouterais aussi que cette histoire, qui tourne autour de la relation fusionnelle entre une pré-ado et sa mère, m’a aidée à relativiser mes propres tensions et conflits avec ma fille lorsqu’elle avait à peu près cet âge. Est-ce ce lien intime qui me lie à son histoire et à l’auteur qui a fait en sorte que je ne suis pas ressortie de la pièce aussi enjouée qu’à mon entrée ?Le décor était très audacieux. Une corde de bois délimitait le fond de la scène. Une allée de gravelle la longeait, et au bout de celle-ci, un chien et sa niche. C’était la première fois que j’assistais à une représentation où les comédiens avaient à interagir avec un animal présent sur la scène. J’ai adoré ! Le reste du décor, minimaliste, mais efficace, exploitait les potentialités spatiales du plancher, notamment le sous-sol de la scène. La présence d’une cave, métaphore de l’inconscient et territoire des explorations difficiles et terrifiantes (Gaston Bachelard), apportait une profondeur inattendue à l’histoire. Un autre élément original est l’utilisation d’une patinoire synthétique, sans aucun doute le plus beau moment, et le plus poétique, de la pièce.Je ne m’attarderai pas outre mesure sur le jeu des comédiens dont les performances étaient impeccables. Léa Deschamps, qui interprète Manon en alternance avec une autre jeune comédienne, est impressionnante. Cependant, je me suis questionnée sur la distribution artistique de certains personnages. La différence d’âge entre Michelle (Érika Gagnon) et le « vieux » Maurice (Nicolas Létourneau), ce dont fait souvent état Manon, était beaucoup moins manifeste aux yeux des spectateurs que ne l’était celle entre Michelle et Gaétan (Steven Lee Potvin). Par conséquent, il n’était pas évident d’endosser les jérémiades hargneuses de Manon.La pièce Les bons débarras est présentée au Théâtre du Trident jusqu’au 26 novembre.
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