Rencontre avec l’artiste David Altmejd et son œuvre à couper le souffle

David Altmejd

Une œuvre magistrale de David Altmejd, The Flux ans the Puddle est en résidence au Musée national des beaux-arts du Québec pour dix ans. Composée d’une immense architecture en plexiglas, l’œuvre rassemble des personnages et des objets sortis tout droit du cinéma d’horreur. Déconcertante sur le coup, l’œuvre de David Altmejd va puiser dans les différentes productions réalisées par l’artiste montréalais depuis 20 ans. Monmontcalm.com a rencontré le sculpteur qui nous parle de sa démarche artistique et de ses objets complètement déjantés, mais oh combien captivants.

Q : Quel est le concept de cette œuvre ?R : J’ai commencé par construire une gigantesque boite en plexiglas qui a pris tout l’espace de mon atelier. J’ai décidé de la remplir avec tous les éléments qui ont existé dans ma pratique comme sculpteur comme le loup-garou cristallisé ou l’homme à tête d’oiseau. C’est toute sorte de choses qui n’ont jamais existé en même temps dans le même espace, mais que j’ai décidé de combiner. Cette structure est un peu une sorte d’univers étrange du mouvement, du fil et toute sorte de matériaux. C’est aussi dans un sens un index de tout ce que j’ai fait en sculpture depuis que j’ai commencé. Je voulais aussi donner l’impression que la structure se construit elle-même de l’intérieur. Tous les éléments dont je me suis servi ont été faits à l’intérieur de la structure puisque je n’avais plus de place dans mon atelier.Q : D’où viennent les idées ?R : Olala, je pourrais en parler très longtemps. Par exemple, le loup-garou qui est en état de décomposition et qui est en train de manger des raisins est apparu il y a 16 ans parce qu’à cette époque j’ai ressenti que j’avais besoin d’un objet super intense, un objet qui allait suggérer la transformation. Un objet qui est à la fois horrible et très séduisant avec beaucoup d’énergie. Un peu comme une pile qui contient une tension énorme. Il y a des milliers de détails en fait dans la pièce. Autre exemple, les fourmis sont là pour faire voyager l’œil. Les fourmis agissent comme une ligne pointillée. Je veux que l’œil du spectateur soit capable d’aller d’un point de la pièce à un autre point complètement différent en passant par un petit passage. Le but est que le spectateur se rende compte que la pièce est extrêmement complexe.Q : L’univers ressemble un peu à une maison de l’horreur ou aux effets spéciaux que l’on peut retrouver au cinéma. La nature est aussi très présente. Est-ce que ce sont des influences importantes pour vous ?R : Oui en effet il y a des liens avec les fêtes foraines et le cinéma. La nature m’inspire beaucoup aussi. On peut trouver des liens avec la nature à travers les fruits et les animaux, mais aussi parce que je crois que tout le mécanisme que j’utilise pour trouver des idées et construire des choses est inspiré par la nature. Dans la nature, il y a une sorte de mécanisme de transformation. Comment un dauphin en est-il arrivé à être un dauphin ? C’est une infinité d’étape, de transformation et de mutation de l’environnement qui ont fait en sorte qu’au bout du compte, il y a un dauphin qui s’est mis à exister. Aussi c’est important pour moi d’arriver à quelque chose que je n’aurais jamais pu imaginer. J’ai fait des dessins préparatoires, mais ils n’ont rien à voir avec le résultat final.Q : Pourquoi il y a des trous dans les vitres ?R : J’aime que le miroir crée un nouvel espace en reflétant l’espace réel. C’est comme s’il dédoublait l’espace réel. Mais en même temps le trou suggère qu’il y a un autre espace en arrière du miroir qui est complètement différent. J’adore les espaces. D’ailleurs l’un de mes challenges quand je fais de la sculpture c’est d’intégrer et de combiner à l’intérieur d’un volume précis le plus d’espace possible pour créer un espace infini à l’intérieur d’un espace fini. Je crois que c’est ce que définit le corps d’une personne. Pour moi, l’objet le plus extraordinaire de l’univers c’est le corps d’une personne. Et l’une des choses qui rendent le corps d’un individu extraordinaire, c’est un volume fini, mais un espace infini.The Flux and the Puddle est à découvrir dans la pavillon Gérard-Morisset du Musée national des beaux-arts du Québec.

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