S’Aimer – Aime-toi toi-même.
L’amour. Toujours l’amour. Son importance, son intensité, sa fragilité, sa dangerosité. C’est de toutes les facettes d’un sentiment complexe, au centre des envies et des désirs de l’humain, dont nous entretient fort efficacement S’Aimer, de Thomas Gionnet-Lavigne, au théâtre Périscope. Une pièce dont la densité des propos met en lumière la difficulté d’arriver à accepter un engagement essentiel qui peut pourtant paraître simple : s’aimer. Soi-même d’abord. Ensemble, ensuite.
C’est en suivant la trajectoire biographique d’Hector de Saint-Denys Garneau que le jeune protagoniste en peine d’amour, mais souffrant d’un mal de vivre beaucoup plus grand, part dans une quête de sens qui le mènera bien sûr à la découverte de la vie du poète, originaire de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, mais aussi à celle de sa propre vie. Comme des poupées russes, les personnages qu’il rencontre au cours de sa quête, dans la Ville de Québec, se succèdent sans toutefois réussir à lui fournir la réponse tant attendue. Une réponse qu’il recherche avec un désespoir toujours plus grand, plus noir, plus envahissant.Écrit et interprété par Thomas Gionnet-Lavigne, le texte entrecroise habilement les destinées d’Hector de Saint-Denys Garneau, décédé dans des circonstances nébuleuses en 1943, et du jeune photographe esseulé. La capacité de Thomas Gionnet-Lavigne à passer subtilement d’un personnage à l’autre, par de légères modifications dans les intonations et la gestuelle, permet au spectateur d’accompagner l’amoureux malhabile dans sa marche sur un fil ténu, toujours prêt à céder sous le poids de sa peine.La mise en scène de Hugo Lamarre propose un visuel somme toute sobre sur lequel se succèdent des projections appuyant merveilleusement bien le récit et illustrant, grâce à une poésie des images, les sentiments qui habitent les personnages. Le recours alterné aux ombres et à la lumière suggère également une métaphore intéressante avec l’œuvre ultime de de Saint-Denys Garneau Regards et Jeux dans l’espace. Une œuvre dont les critiques, notamment parce que ses textes proposaient une poésie en vers libres, auront incité de Saint-Denys Garneau à se retirer du monde littéraire et à cesser d’écrire jusqu’à sa mort, à 31 ans.Si un bémol peut être soulevé concernant S’Aimer, c’est justement le manque d’espace que l’on peut parfois ressentir sous le flot intense et serré des paroles qui sont prononcées sur scène. Le propos aurait peut-être gagné en efficacité en usant un peu plus du silence, en laissant davantage d’espace entre les mots. En contrepartie, cette urgence de vivre et, aussi, de dire permet de sentir toute la détresse ressentie par celui dont la fascination pour de Saint-Denys Garneau n’a d’égale que le désir de comprendre de quelle manière il lui serait possible, enfin, de s’aimer lui-même.S’Aimer est au Périscope jusqu’au 26 mars.
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2, rue Crémazie Est, Québec (Québec), G1R 2V2
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