Stockholm, le syndrome – Toute résistance est inutile

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D’abord soumis aux chantiers 2015 du Carrefour international de théâtre de Québec où sa version inachevée avait suscité un vif intérêt, ce premier texte de Gabriel Fournier présenté à Premier Acte épate par sa maturité toute limpide.

Même après quelques jours, je constate l’empreinte tenace que la pièce a laissé dans mon esprit. Je me surprends encore à repenser au « triste trimestre» pendant lequel Sylvain (Marc Auger Gosselin) s’est « brûlé », ainsi qu’aux « kâââ-7 » (cassettes à ruban magnétique) de Gary (Vincent Nolin Bouchard). J’écris cela sans pour autant m’être laissée gagner par le syndrome. En effet, ma résistance lors de la pièce fut bien réelle, au point où mon plaisir en fut affecté.Je n’étais pas préparée à cette plongée dans l’absurde, d’autant plus que la pièce repose sur des assises réalistes, une prise d’otages, dont la situation sollicitait constamment mon esprit analytique qui demeura malgré moi en alerte. J’ai d’abord cru assister à une pièce d’Agatha Christie, mais sans la présence intelligente d’Hercule Poirot. De surcroit, l’emploi du français international, tel qu’utilisé dans les films de mon enfance, amplifiait cette impression.La difficulté à me laisser-aller dans l’absurde m’a parfois fait décrocher, notamment lors des histoires personnelles dont les récits sont inégaux. L’histoire de la discrète Camille (Laurence Moisan Bédard) m’est ainsi apparue beaucoup trop longue comparée à celle de Daniel (Jean-Michel Déry) dont la personnalité excessive me donnait le goût d’en savoir plus.Néanmoins, ces moments d’inattention m’ont permis de m’attarder de longues minutes à la composition réfléchie des costumes de Sébastien Dionne. L’effet d’ensemble est visuellement très réussi. Pour moi, il s’agit là du principal élément scénographique de la pièce tant il contribuait à créer un semblant d’harmonie dans cet univers irrationnel et temporellement déréglé.À l’affiche à Premier Acte jusqu’au 29 octobre.

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