Hypo coup de poing dans un gant de velours

Le théâtre Premier Acte frappe fort avec la pièce Hypo. Mise en scène par Maryse Lapierre, sous les conseils dramaturgiques d’Isabelle Hubert, Hypo est une pièce touche à tout où les thématiques s’enfilent comme un collier de perles : de l’identité sociétale à la liberté, au désir d’être 100 % vrai, sans masque, du cycle de la vie à celui de la mort, de la solitude à l’amitié, des espérances et des attentes au partage.

Une étendue de gravier digne de la Côte-Nord, des rires d’enfants… Je me surprends à attendre le son  des vagues et imagine un cerf-volant au loin.

Mais c’est plutôt une salle d’attente qui met la table. L’un lit, l’autre taponne sur son cellulaire, l’une tricote, on passe le temps. Sous les bancs, des sacs à dos… Quatre écrans lumineux se taisent, éblouissants. Tout dans cette entrée en matière est intriguant; quel décor mystérieux où dérive la déduction à mesure qu’on en décortique les éléments!

Un cœur s’emballe, tandis qu’un autre…

Deux québécois se rencontrent, leurs chemins se croisent, les langues se délient, ils s’ouvrent et se referment au fil des vents et des marées.

Voguant au gré des émotions que sollicite l’excellent guitariste Philip Larouche par ses adaptations musicales introspectives, nous arpentons le sol Islandais, sauvage, palpitant, exultant malgré la nature aride, pour vivre intensément, sur la mince ligne empreinte de dangerosité et respirer, ressentir, disparaître, se fusionner en mousse écumante.

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Mary-Lee Picknell, ardente, fougueuse, passionnée, campe avec justesse un personnage qui tente de se retenir à la corde qu’elle tend à l’autre. Nicola-Franck Vachon, ayant composé les textes,  nous fait passer par toute la gamme des émotions et c’est émue que j’ai eu à maintes reprises l’envie de lui tendre la main.

Où nous mène cette vie qui trépide jusque dans l’ombre ? Commencerait-elle où elle se termine ? Savourons-nous la pluie, le tonnerre et chaque parcelle d’existence lancée derrière l’épaule sans nous y attarder vraiment ? N’y a t-il rien de plus angoissant que de constater que nous ne sommes que poussières sur une boule de terre flottant dans l’immensité noire universelle ? Et pourtant…

« Peut-être que la mort, c’est comme venir au monde… »

Projections tout en douceur, chants qui nous tourbillonnent de l’intérieur, propos profonds, troublants, émouvants, souvent drôles, percutants; Hypo nous tient sur la corde raide.

Aurez-vous des regrets, au seuil du grand voyage ?

Hypo est une expédition de l’un vers l’autre, de l’un dans l’autre, à travers soi et délivre un message qu’il faut écouter avec le cœur et l’âme.

La pièce Hypo est présentée au  Théâtre Premier Acte du 10 au 28 octobre 2017.