Le problème de personne

Un meurtre sordide bouleverse un village : Joé Ferguson tue sœur Lorette, puis se suicide. Les conséquences de l’événement rongent la communauté : qu’adviendra-t-il de la dépouille de l’assassin? La prémisse du Cas Joé Ferguson, en ce moment au Théâtre du Trident, secoue.

Un meurtre sordide bouleverse un village : Joé Ferguson tue sœur Lorette, puis se suicide. Les conséquences de l’événement rongent la communauté : qu’adviendra-t-il de la dépouille de l’assassin? La prémisse du Cas Joé Ferguson, en ce moment au Théâtre du Trident, secoue.

Sœur Lorette, enseignante puis directrice d’école, a mouché le nez de trois générations de gens de la place. Lorsque Joé abat sur elle sa rage, c’est de tout le village qu’il se venge : à travers elle, il parvient à atteindre tout un chacun.

Ce Joé Ferguson, personne n’en veut, même mort, surtout mort. Seulement quoi qu’on en dise, il fait partie du décor : c’est celui qui toujours traîne en arrière-plan, l’éternel figurant qu’on préfère ignorer – la part d’ombre qu’on refuse de reconnaître en soi-même.

Souffrir en silence

L’animal galeux, on s’en tient loin. Qu’il souffre, mais en silence – son véritable crime, en somme, c’est de troubler l’ordre public. Plus facile de lui faire une jambette, plus facile d’en rire que de faire preuve d’empathie. Et si jamais par inadvertance on était témoin de l’horreur crue à l’origine de ce mal, eh bien on détournerait les yeux.

À l’instar du personnage de Camille, qui souhaite interroger les gens du village pour son mémoire de maîtrise (mais manque gravement de tact), d’aucuns seraient prompts à juger ces ruraux allergiques aux « bizarres » et aux étrangers. Sauf que dans la vraie vie, comme le souligne l’étudiante, tout n’est pas noir ou blanc, il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre les méchants.

Sans fausse note

Le texte d’Isabelle Hubert et la mise en scène de Jean-Sébastien Ouellette offrent des personnages riches qu’incarnent avec justesse Joëlle Bond, Sylvie Drapeau, Steven Lee Potvin et Valérie Laroche. La musique d’Andrée Bilodeau et Patrick Ouellet habille superbement la pièce. L’ensemble émeut : aussi confortablement calé dans son siège de théâtre soit-il, le spectateur ne peut feindre le détachement.

Le cas Joé Ferguson est présenté au Théâtre du Trident jusqu’au 25 novembre. Et si cette histoire vous habite toujours après la représentation, sachez que le texte est publié aux éditions L’Instant Scène.

Soutenez votre média

hearts

Contribuez à notre développement à titre d'abonné.e et obtenez des privilèges.

hearts
Soutenir