« Le résultat final de l’ilot Esso est pire que ce qu’il y avait sur la table avant le référendum »
Régis Labeaume réitère sa position contre la tenue d’un référendum lors d’une consultation publique sur un projet, se référant à Jean-Paul L’Allier qui était contre les référendums. « S’ils ne sont pas d’accord, les citoyens n’ont qu’à se présenter aux élections », a affirmé le maire de Québec lundi matin lors de la conférence de presse sur le rapport de l’Institut du Nouveau Monde sur les pratiques de participation publique dans la Ville de Québec.
Cependant, l’Institut du Nouveau Monde dans son rapport met en garde la Ville de Québec sur sa volonté d’abolir les référendums. L’INM écrit que « la réflexion sur cet outil de participation ne doit toutefois pas être prise à la légère. Son éventuel retrait nécessiterait au préalable une redéfinition de l’espace dédié aux citoyens dans la prise de décision ».Depuis 2001, il n’y a eu que cinq référendums, dont celui de l’îlot Esso au coin de René-Lévesque et Cartier qui avait soulevé les passions lors de la consultation publique en 2013. Régis Labeaume a pris en exemple ce projet pour expliquer sa position contre le maintien des référendums.« Les gens à qui j’ai parlé disent qu’il aurait fallu un étage ou deux de plus à ce bâtiment-là. En rapetissant, on a fait des petits appartements et on a empêché les familles de venir». « C’est quasiment des appartements de célibataires. On veut ramener des familles au centre-ville. Quand je le regarde, il manque au moins un étage, ce n’est pas beau comme ça devrait être ».Le maire de Québec ne comprend pas que les opposants à ce projet-là disent également qu’il faut ramener les familles au centre-ville et combattre l’étalement urbain. Depuis, le conseil de quartier Montcalm s’est doté d’un document Vision Montcalm où les grands appartements pour des familles sont spécifiés, tout en accordant également beaucoup d’importance à une densification à l’échelle humaine.
Maintien des conseils de quartier, mais…
Régis Labeaume veut mettre fin aux référendums, mais il trouve importante l’existence des conseils de quartier, même si pour l’instant il ne détient pas la « formule secrète » pour intéresser les gens à y participer. « Ça n’intéresse pas beaucoup de monde, il y a beaucoup de paperasses. Il faut changer nos communications en amont. Peut-être que cela va créer plus d’engouement », a souligné le maire de Québec.Dans son rapport, l’INM écrit que « la presque totalité des personnes rencontrées ont reconnu l’importance des conseils de quartier […] ils sont un lien de proximité et de confiance avec la population » […] Par contre « le fonctionnement procédurier des conseils de quartier peut rendre l’expérience aride » pour les différents participants.La Ville souhaite se faire accompagner par un organisme externe et trouver de nouvelles idées pour dynamiser les conseils de quartier. Un conseil de quartier ne doit pas être non plus « un tribunal », comme l’a laissé entendre Régis Labeaume au sujet des élus qui peuvent parfois être chahutés par des membres du conseil de quartier ou des citoyens.Joint par téléphone après la conférence de presse, le conseiller municipal de Montcalm-Saint-Sacrement, Yvon Bussières, estime au contraire que la présence de l’élu au sein du conseil de quartier est importante parce que cela lui « permet de prendre le pouls de la population et d’être au coeur de la vie de quartier ».
De nombreux critères de la Politique de la Ville non conformes
L’Institut du Nouveau Monde a mis à jour de nombreux critères non respectés par la Ville de Québec en matière de consultation publique. « Seulement 19 des 36 critères sont conformes ou partiellement conformes », note l’INM dans son rapport.De plus, la Ville n’a pas mis à jour sa Politique de consultation publique depuis son vote en 1996 et sa révision en 2003. L’INM a relevé plusieurs faiblesses, dont le manque de distinction entre les instances et les mécanismes de consultation.L’Institut du Nouveau Monde note également dans son rapport que la politique actuelle « favorise des pratiques se situant au bas de l’échelle de la participation publique […] n’encourageant pas la discussion et la collaboration avec les citoyens ».Enfin, les pratiques de la Ville pour favoriser la participation publique ne sont conformes à aucune des huit règles de l’art en la matière. Ces non-conformités ont été soulevées par plusieurs intervenants y compris des fonctionnaires de la Ville de Québec. « La manière d’annoncer les consultations publiques, le temps dont les participants disposent pour s’y préparer et le délai entre la consultation publique et la prise de position ainsi que la transparence et le suivi » sont les principaux points soulevés dans le rapport de l’INM.
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