Tomates, ou l’harmonieuse anarchie de L’orchestre d’hommes-orchestres

Le titre comme la prémisse laissent perplexe. Tomates. Sept révolutionnaires se retirent du monde, dans un hors-État délimité par une corde. Mais comme il s’agit d’un spectacle de L’orchestre d’hommes-orchestres, le public sait qu’il sera enchanté.

<em>Tomates</em>, ou l’harmonieuse anarchie de L’orchestre d’hommes-orchestres | 22 avril 2018 | Article par Marrie E. Bathory

Crédit photo: Charles-Frédérick Ouellet

Le titre comme la prémisse laissent perplexe. Tomates. Sept révolutionnaires se retirent du monde, dans un hors-État délimité par une corde. Mais comme il s’agit d’un spectacle de L’orchestre d’hommes-orchestres, le public sait qu’il sera enchanté.

Sur scène s’annonce un joyeux mélange : arias, clavecin, jeu de go, objets jaunes (et plein d’autres objets aussi), caméra et… tomates. La structure : un opéra épique indiscipliné, dont les paroles sont tirées à moitié d’un conte, à moitié d’un manifeste anticapitaliste – d’un côté, le Sabre de lumière et de vertu de sagesse, conte merveilleux de la tradition orale; de l’autre, À nos amis, essai du Comité invisible, un collectif anonyme. S’ajoutent à cela la vidéo et, bien sûr, la musique, qu’on voudrait pouvoir ramener avec soi (chants anarchistes compris).

Ainsi Tomates appelle à la révolution, par le fond comme par la forme. Le tout suscite l’émerveillement, et on y prend grand plaisir du début à la fin, curieux de voir où tout ça va mener.

Résonnances dans le réel

À l’approche du G7, alors que des graffitis apparaissent un peu partout à Québec, les mots chantés sur scène ont une résonnance particulière. D’aucuns, cyniques, lanceront qu’aucun changement social concret n’aboutira de ces discours.

En ce qui concerne Tomates, dans la belle cacophonie de cet ensemble rappelant l’absurde d’Ionesco, on ne propose certes pas d’issue. C’est que, dit monsieur la tomate, cette génération a contesté, beaucoup, mais n’a rien construit.

Chaque époque rêve la suivante, quitte à ce que le rêve de l’une devienne le cauchemar quotidien de l’autre. (À nos amis, Comité invisible)

Il faudrait revoir le spectacle quelques fois pour le décortiquer, en analyser les différents aspects et leur coller un sens. Par exemple : on parle d’anonymat, de fuite de la visibilité, alors que tout le premier acte durant, une caméra capte des images de ce qui se trame sur scène (images qui construiront le deuxième acte). Soulignerait-on par là les contradictions chez nos sept révolutionnaires, comme lorsque la jardinière aspire à cultiver des tomates à l’ancienne, mais opte finalement pour acheter un plan issu de semences industrielles?

Tomates est présenté jusqu’au 29 avril par le Périscope [nomade] à la Caserne Dalhousie, en collaboration avec le Diamant.

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