La duchesse de Langeais: un coeur tendre dans une robe à paillettes

La duchesse de Langeais, pièce écrite en 1968 par le dramaturge Michel Tremblay, raconte l’histoire d’un(e) artiste qui se rappelle, tantôt avec amusement, fierté et pavanement, tantôt avec mélancolie, tristesse ou colère, des phases ou expériences allant de sa petite enfance à ses 60 ans.

La duchesse de Langeais: un coeur tendre dans une robe à paillettes | 19 novembre 2019 | Article par Mélanie Trudel

Crédit photo: Stéphane Bourgeois

La duchesse de Langeais, pièce écrite en 1968 par le dramaturge Michel Tremblay, raconte l’histoire d’un(e) artiste qui se rappelle, tantôt avec amusement, fierté et pavanement, tantôt avec mélancolie, tristesse ou colère, des phases ou expériences allant de sa petite enfance à ses 60 ans.

Il/elle s’interroge sur l’amour, revenant sur les rencontres qui ont marqué sa vie. Tomber amoureuse à 60 ans, après une vie de trémoussement d’un homme à l’autre, est-ce possible? Est-ce souhaitable? Vieillir seule… est-ce pesant? La duchesse subit ces questionnements pour qu’elle ne se les pose, dans le déni parfois, dans la souffrance souvent, dans le rejet et l’indifférence qu’apportent à plusieurs les ans qui passent. Oscillant entre son désir de demeurer forte, droite, de faire comme si rien ne l’atteint, et son désir de s’ouvrir, de veiller sur quelqu’un, de s’attacher, elle se saoule pour se souvenir, mais aussi pour oublier.

Adulée pendant des années, elle ressent le vide latent ou présent de la solitude. Témoin obligée de la déchéance d’une vie grandiose, noyée dans ses souvenirs, la duchesse exprime le mal d’amour qui émeut, qui égorge et qui tue, auquel il ne faut pas penser.

Les costumes élaborés par Virginie Leclerc sont magnifiques. Simples ou scintillants, il reflètent les états d’âme des personnages et parlent d’eux-mêmes.

Les chansons composées par Keith Kouna traduisent avec justesse et émotion notre ressenti face aux déboires ou aux espoirs de la duchesse. Musicalement parlant, j’ai été éblouie par la performance de Vincent Gagnon! Quel pianiste virtuose! Il est de plus en plus fréquent d’assister à de la musique en direct au théâtre et j’avoue que pour moi, qui apprécie beaucoup la musique et les ambiances sonores, ça ajoute au charme et à l’intensité de la pièce.

Les chorégraphies élaborées par Allan Lake et interprétées par Fabien Piché, alliant modernité et cabaret, donnent un tout nouveau souffle à la pièce de Tremblay.

Les décors astucieux et originaux nous transportent en une seconde d’une terrasse à un bar-spectacle.

Jacques Leblanc, dont la réputation et la qualité de jeu ne sont plus à prouver, interprète la duchesse d’une manière tantôt comique, tantôt troublante et tragique. Au départ drôle et époustouflant, il laisse au fil du temps tomber les masques de la duchesse et se met à nu dans toute sa vulnérabilité.

La mise en scène de Marie-Hélène Gendreau est audacieuse et moderne, ce qui n’est pas pour me déplaire. L’idée d’intégrer la folie Keith Kounienne à ce texte de Tremblay est un pari bien relevé, qui crée une symbiose étrange, énergisante et catalysatrice. L’ensemble est intéressant et la finale, tendre et touchante.

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Voir au théâtre du Michel Tremblay est toujours un plaisir. Son univers étant le plus souvent scindé en deux – le quotidien des familles et l’univers homosexuel – il faut aimer ce dernier pour apprécier cette pièce et sa mise en scène à sa juste valeur.

La duchesse de Langeais est présentée au théâtre du Trident jusqu’au 7 décembre 2019.

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