Embargo : jouer la game

La Fille, le Gars – qu’importent les noms, et qu’importent les genres aussi, en fait. Une discussion en sables mouvants. L’un essaie de gagner du temps à coups de small talk mais ne fait que creuser sa tombe. L’autre s’enfonce dans son silence. Chacun reste campé sur ses positions, craignant de perdre du terrain, comme s’il s’agissait d’un combat à l’issue duquel, forcément, l’on devait déclarer un vainqueur et un vaincu.

<em>Embargo</em> : jouer la <em>game</em> | 4 avril 2019 | Article par Marrie E. Bathory

Crédit photo: Cath Langlois photographe

La Fille, le Gars – qu’importent les noms, et qu’importent les genres aussi, en fait. Une discussion en sables mouvants. L’un essaie de gagner du temps à coups de small talk mais ne fait que creuser sa tombe. L’autre s’enfonce dans son silence. Chacun reste campé sur ses positions, craignant de perdre du terrain, comme s’il s’agissait d’un combat à l’issue duquel, forcément, l’on devait déclarer un vainqueur et un vaincu.

Description d’un combat

S’ensuivent feintes, esquives, frappes. Et ça fait mal à regarder tant on s’y reconnaît. Un personnage encaisse les coups et le public grimace, comme on le ferait devant un spectacle de lutte : on sait bien que c’est du jeu, seulement on s’y croirait – car on s’est déjà trouvé dans l’arène.

Le terrain d’entente, si telle chose il y a, est un terrain glissant. La situation ne permettra pas qu’on s’en sorte indemne, ou qu’on s’en sorte tout court : on revient sans cesse à la blessure originelle. Aucune issue possible. (Ou peut-être que si, seulement, comme le suggère le décor, l’un comme l’autre refusent de les voir.)

Les conventions assignent à chacun son rôle, ses gestes, ses mots. La fin justifie les moyens, mais quelle fin? Trêve ou non, les plaies toujours menacent de se rouvrir.

Réalisme

Nicolas Dionne-Simard donne la réplique à Lauren Hartley, qui signe le texte. Le match a du rythme, le ton est juste. La dramaturge offre juste assez de repères au spectateur pour qu’il se fasse une idée de ce qui a pu déclencher les hostilités, et en même temps, laisse suffisamment d’espaces blancs pour qu’il les comble de ses propres expériences.

C’est l’histoire d’un couple : la roue, ça ne se réinvente pas. La charpente du scénario est connue, certes, pourtant ici rien ne paraît convenu. Ça sonne vrai.

Les lieux communs, ça doit bien venir de quelque part, non?

Embargo est présenté au théâtre Premier Acte jusqu’au 13 avril.

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