Le Carrefour international de théâtre nous offre cette semaine l’ovni théâtral Hidden Paradise d’Alix Dufresne et Marc Béland, qui se situe quelque part entre la danse, la performance engagée et la fiction journalistique.
Hidden Paradise : sortir de l’apathie
Le Carrefour international de théâtre nous offre cette semaine l’ovni théâtral Hidden Paradise d’Alix Dufresne et Marc Béland, qui se situe quelque part entre la danse, la performance engagée et la fiction journalistique.
Le point de départ : une entrevue de Marie-France Bazzo avec le philosophe Alain Deneault au sujet des répercussions de la fraude et de l’évasion fiscale. D’abord, on écoute. On acquiesce. On réfléchit. Tout se passe dans la tête.
Ça n’en restera pas là : encore, encore et encore, les deux artistes répètent le dialogue de l’entrevue, le miment, le dansent. Enfoncent le clou, jusqu’à sortir le public de son apathie. Jusqu’à ce que le corps absorbe les mots.
Objet théâtral singulier
Performance ludique étonnante, Hidden Paradise s’avère une œuvre puissante : quiconque entre dans la salle avec pour seule idée de se divertir ressort l’esprit en éveil.
D’abord, le jeu déstabilise le public, un peu distrait du propos par les culbutes des acteurs – comme les distractions du quotidien détournent notre attention d’une pléthore de problèmes drabes. Puis vient la fascination et, de là, la compréhension : qu’on la serve à toutes les sauces, la question demeurera entière – tant qu’une révolution de fera pas éclater le système. Pour l’heure, à bout de souffle d’avoir crié partout en vain, les lanceurs d’alerte, envoyés au tapis, n’ont plus qu’à se recroqueviller sur eux-mêmes.
Violence
Dans l’une des itérations de l’entrevue, Alix Dufresne, comme possédée par la voix distordue de Marie-France Bazzo, montre un visage de cauchemar avant de danser brutalement sa révolte.
Quant au travail corporel de Marc Béland, il n’y a pas de mot pour le décrire. Stupéfiant? Troublant? C’est, en somme, ce qu’on devrait ressentir face à un tel sujet. Car l’évasion fiscale gruge la société jusqu’à la moelle – seulement, tant qu’on n’éprouvera pas dans sa propre chair la détresse, le problème continuera de sembler distant.
La performance vaut en entier les bravos et l’ovation de plusieurs minutes que le public lui a servis.
Hidden Paradise est présenté une seconde fois ce jeudi 6 juin au Théâtre Périscope.
Pour en savoir plus ...
2, rue Crémazie Est, Québec (Québec), G1R 2V2
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