Dans cette pièce adaptée du roman du même titre, on suit Erika, poète, qui monte au chantier de la Romaine voir son père Mario dans le but de comprendre, peut-être, ce monde coupé du monde, ce « pays dans le pays » où il vivait sa vie pendant que sa famille menait la sienne.
Les murailles – « Nous ne sommes pas dignes de poésie »
Dans cette pièce adaptée du roman du même titre, on suit Erika, poète, qui monte au chantier de la Romaine voir son père Mario dans le but de comprendre, peut-être, ce monde coupé du monde, ce « pays dans le pays » où il vivait sa vie pendant que sa famille menait la sienne.
La Côte Nord, c’est d’où elle vient, cependant Erika y débarque en étrangère. Son déguisement de commis de bureau ne fera pas long feu : Mario a vendu la mèche, la jeune femme est venue les « espionner » pour les mettre « dans son livre ».
Poésie de l’ordinaire
Au pays des sacres et des jokes de cul, là où l’éloignement engourdit la censure, sa poésie détonne. Pourtant elle (la poésie comme Erika) ne tardera pas à s’adapter au décor.
Comme dans le roman, le lyrisme ne vient pas magnifier cette réalité rude. La littérature donne des mots à ceux qui en manquent dans la vie. Non, poésie et ordinaire ne sont pas incompatibles : « Ça, ce sont des préjugés, ma noire ».
Juste ce qu’il faut
Comme les chambres des travailleurs, la mise en scène dépouillée de Maxime Carbonneau s’en tient à l’essentiel.
L’éclairage éblouit le public aux moments où Erika est elle-même éblouie par ce qu’elle voit : la montagne fendue en deux; les manifestations des forces de l’humain et de la nature dans des proportions titanesques.
Du début à la fin, l’autrice et comédienne communique dans toutes leurs nuances les sentiments de son personnage : les appréhensions du départ, les quelques éclats de joie, la nostalgie, les peurs comme les petits et grands malaises.
Sa fierté pour son père, aussi – fierté que crie Erika dans sa narration, mais qui peine à franchir les lèvres lorsque les personnages sont en présence l’un de l’autre. Les murailles, ce sont celles qui s’érigent entre les personnes, et celles qu’on construit en soi, pierre après pierre.
La constellation de personnages est également rendue sans caricature, sans trop de polissage (car le vrai outrepasse bien souvent le vraisemblable) par Gabriel Cloutier Tremblay, Philippe Cousineau, Éva Daigle et Jacques Girard.
On aurait pu en prendre davantage, peut-être. Seulement la pièce, à l’instar de l’oncle Gérard sur son chantier, ne dit pas un mot de trop.
La pièce Les murailles est présentée jusqu’au 20 avril au Théâtre Périscope.
Pour en savoir plus ...
2, rue Crémazie Est, Québec (Québec), G1R 2V2
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