Mani Soleymanlou avait déjà conquis le coeur du public du Carrefour international de théâtre de Québec en 2015 en présentant ses pièces Un, Deux et Trois, devenues trilogie, puis quelques années plus tard Quatre. On retrouve avec Neuf [titre provisoire] tout le talent et l’irrévérence de l’auteur et metteur en scène, à travers des thématiques toutefois plus éloignées des premières oeuvres de ce cycle de création chiffré.
Neuf [titre provisoire] : rire entre baby-boomers
Mani Soleymanlou avait déjà conquis le coeur du public du Carrefour international de théâtre de Québec en 2015 en présentant ses pièces Un, Deux et Trois, devenues trilogie, puis quelques années plus tard Quatre. On retrouve avec Neuf [titre provisoire] tout le talent et l’irrévérence de l’auteur et metteur en scène, à travers des thématiques toutefois plus éloignées des premières oeuvres de ce cycle de création chiffré.
Cette fois, plutôt que de s’intéresser à sa propre génération, c’est celle des baby-boomers que Soleymanlou amène sur scène, avec ses propres questionnements et ses inévitables clichés.
On retrouve sur scène avec plaisir et hilarité – n’ayons pas peur des mots – un Marc Messier et un Pierre Lebeau en grande forme, bien qu’ils évoquent tour à tour les maux de l’âge avancé et le corps qui décline. À eux deux, ils portent une grande proportion des moments forts de la pièce.
Aucun tabou sur scène
Les passages sur les dentiers et les couches ou encore sur l’égo mettent en valeur le charisme et l’humour de Marc Messier. Les « montées de lait » de Pierre Lebeau au sujet de Fred Pellerin, d’Éric Salvail ou celle, toute en silence, sur François Legault, agissent comme catalyseurs de rires dans le public, absolument conquis et quasi euphorique. Et lorsqu’il fume une vraie cigarette sur scène, on jouit collectivement de ce clin d’oeil arrogant aux plaintes répétées d’un spectateur envers les théâtres de Québec.
Aux côtés de Messier et Lebeau, le jeu physique de Monique Spaziani et les interventions sensibles de Mireille Métélus ajoutent une profondeur au propos. Enfin, Henri Chassé agit pendant la pièce en cinquième joueur un peu plus effacé, mais son monologue d’ouverture réussit le tour de force de nous faire rire en utilisant les événements au Bataclan pour nous rappeler de fermer nos téléphones cellulaires. D’entrée de jeu, la table est mise pour la suite : il n’y aura aucun tabou sur scène.
On rira donc de la mort, de l’hospitalisation, du vieillissement à travers des scènes courtes que l’on devine prendre place dans un salon funéraire, sans toutefois que l’on s’encombre d’une trame narrative.
Un cercueil et une croix lumineuse sont les pièces maîtresses d’un décor dépouillé laissant toute la place au jeu. Des moments de réflexions, quelques textes plus soutenus et des intermèdes musicaux efficaces, à l’habitude de ce que nous propose Soleymanlou, viennent enrober la proposition. On apprécie particulièrement les récits sur les décès de proches parents; les discussions empreintes de nostalgie au sujet d’événements de l’histoire du Québec; l’attitude assumée d’une génération qui se souvient du chemin parcouru et regarde avec lucidité celui qui lui reste, devant.
Bien que les baby-boomers soient à l’honneur sur scène et, à voir la salle du Grand Théâtre de Québec hier soir, dans le public aussi, les générations suivantes sauront apprécier ce moment de théâtre qui offre rires, réflexions et attendrissements.
La pièce Neuf [titre provisoire] est présentée de nouveau aujourd’hui, samedi 8 juin, à 16 h à la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec.
Pour en savoir plus ...
369, Rue de la Couronne, Québec (Québec), G1K 6E9
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