Accès transports viables : 30 ans, un Point tournant

Pour ses 30 ans, Accès transports viables s’offre entre autres une websérie, produite par Frangin. Mercredi, l’organisme dévoilait cette série, en amont d'autres festivités prévues jusqu’au printemps 2022 pour souligner trois décennies d'histoire.

Accès transports viables : 30 ans, un <em>Point tournant</em> | 9 septembre 2021 | Article par Suzie Genest

Étienne Grandmont, directeur général d'Accès transports viables, dans un épisode de la websérie Point tournant

Crédit photo: Image extraite de la websérie Point tournant, produite par Frangin

Pour ses 30 ans, Accès transports viables s’offre entre autres une websérie, produite par Frangin. Mercredi, l’organisme dévoilait cette série, en amont d’autres festivités prévues jusqu’au printemps 2022 pour souligner trois décennies d’histoire.

L’anniversaire amène aussi une nouvelle signature visuelle pour Accès transports viables, qui a dévoilé un nouveau logo.

Au commencement était le bus

Accès transports viables trouve ses origines en 1991, année de l’incorporation du Comité régional des usagers du transport en commun (CRUTEC). Le comité, formé à la fin des années 1970, se mobilise en réponse au retrait du financement fédéral du transport en commun au début des années 1990. Cette coupure entraîne une hausse des tarifs et met fin à la gratuité pour les personnes ainées, entre autres.

Le CRUTEC organise la première Semaine du transport en commun. En 1993, il rédige et présente aux dirigeants de la CTCUQ – la Commission des transports de la communauté urbaine de Québec, ancêtre du RTC – un mémoire sur le train léger sur rail. Manifestations, sorties médiatiques, pétitions, alliances : le CRUTEC multiplie les actions durant la décennie, et s’intéresse aux changements climatiques.

À pied, à vélo, en tramway

Les années 2000 amènent dans la mire du CRUTEC les déplacements actifs, l’aménagement du territoire, une perspective métropolitaine. Adoptant le nom d’Accès transports viables en 2003, il redéfinit sa mission autour des transports actifs et collectifs, dans la Capitale-Nationale et  Chaudière-Appalaches. Il consolide également une équipe d’employés permanents.

La production en 2005 du guide Pratiques intermodales et revue de projets : étude sur le développement de l’intermodalité entre transport collectif et autres modes de déplacements urbains marque un tournant dans son histoire. L’organisme gagne alors la reconnaissance pour une expertise peu répandue au Québec à l’époque.

La même année, Accès transports viables s’intéresse aux parcours scolaires et lance la journée « En ville sans ma voiture ». Il participe aussi à la création de Mobili-T. La vaste campagne Un tramway pour Québec est lancée, pour devenir en 2008 Québec en mouvement. En 2009, l’activité du PARK(ing) Day se met en place. L’organisme signe aussi un mémoire imposant dans le cadre de la consultation sur le Plan de mobilité durable de la Ville de Québec.

Accélération…

Entre 2010 et 2020, Accès transports viables participe à de nombreuses consultations, concertations, comités de projets et de suivis. Il suit de près les différents Programmes particuliers d’urbanisme (PPU) lancés par la Ville de Québec, de même que les projets issus de sa Vision des déplacements à vélo. Il orchestre les Promenades de Jane, le Bicycle Film Festival, le Mois du vélo… La Semaine des transports actifs et collectifs fait place à la campagne J’embarque.

En 2015, Accès transports viables dévoile une carte interactive des accidents impliquant des cyclistes ou des piétons à Québec et à Lévis, qui sera mainte fois citée. L’organisme contribue à la création de Piétons Québec et développe un programme pour la mobilité active des aînés, TanGo.

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Depuis 2017, les enjeux tels que le réseau structurant de transport en commun, le 3e lien, l’avenir de l’autoroute Wilfrid-Hamel / Laurentienne amènent l’organisme à lancer ou joindre différentes grandes campagnes et mobilisations. Il est partie prenante de moult exercices consultatifs. En 2019, il dévoile le docu-réalité Ma vie sans mon auto, diffusé à MAtv. Quatre ménages y font l’expérience de la vie sans voiture pendant deux mois.

Les aménagements temporaires en réponse à la situation sanitaire entourant la COVID-19 ainsi que la création du G15+ s’ajoutent à son agenda de l’année 2020-2021.

La victoire, un pas à la fois

Étienne Grandmont tient les rennes d’Accès transports viables depuis presque une décennie. À son arrivée en 2012, un dossier coriace l’attendait : le prolongement de l’autoroute Robert-Bourassa (auparavant du Vallon). Il se solde par une des « victoires en demi-teintes » de l’organisme. Suivant le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), qui remonte à 2004, il y aura des voies réservées pour les autobus et le covoiturage, malgré des concessions.

Pour M. Grandmont, la plus grande victoire d’Accès transports viables, c’est  l’amélioration de l’offre de transport en commun. Une victoire qui s’est construite depuis 1993 et qui retentira avec l’arrivée du tramway.

« En 1993, avec son mémoire sur le train sur rail, le CRUTEC travaillait déjà sur le tramway, […] alors, pour ceux qui disent que ça s’est fait sur un coin de table… Il y a eu la campagne Un tramway pour 2006 avec les macarons, qui est devenue Québec en mouvement, il y a eu J’ai ma passe… On ne peut pas crier victoire trop vite, avec tout ce qui peut arriver dans de tels grands projets, mais les travaux sont commencés! », se réjouit-il

Nouveau logo d'Accès transports viables, 2021
Nouveau logo d’Accès transports viables, 2021
Crédit photo: Gracieuseté

L’organisme étant actif des deux côtés du pont, M. Grandmont souligne que des améliorations se font dans chaque région, en fonction des réalités respectives. Les victoires d’Accès transports viables, ce sont aussi « plein de petites choses » qui ont émergé de ses services-conseils. Des mandats effectués pour des municipalités, ou en accompagnement de conseils de quartiers, ont mené à des interventions répondant à des besoins. On peut penser parmi les exemples récents aux corridors scolaires dans Limoilou.

« Ce sont toutes des choses concrètes qui changent le quotidien des gens. Tout le monde se déplace… Il y a eu avec les années des centaines de ces petites victoires, ça me rend extrêmement fier », souligne Étienne Grandmont.

Ce volet du travail de l’organisme est moins connu du public, dit-il. On pense d’abord à Accès transports viables pour son travail de sensibilisation, de mobilisation, ses sorties médiatiques.

L’équipe d’Accès transports viables compte aujourd’hui dix personnes. Son budget a doublé dans les dernières années, indique Étienne Grandmont. Des mécanismes sont en place pour préparer la relève. C’est une victoire organisationnelle non négligeable pour un organisme à but non lucratif dans son secteur. M. Grandmont sentait à son arrivée qu’il ferait un long chemin avec Accès transports viables, dit-il. Parmi les chantiers à venir, il aimerait bien voir émerger « un superministère des Transports et de l’Occupation du territoire ».

Lorsqu’on lui demande quelle serait sa plus grande déception, dans le bilan des 30 ans d’Accès transports viables, M. Grandmont évoque la politisation des projets d’infrastructures majeurs. Il se désole de voir encore aujourd’hui des gouvernements et des politiciens tabler sur des engagements « foncièrement mauvais pour l’environnement » mais « vendeurs politiquement », illustre-t-il.

« Ils ne peuvent plus plaider l’ignorance comme à l’époque de Duplessis… »

Des rues aux écrans

Troisième lien, Réseau de transport en commun structurant, réseau cyclable, passerelles : ces dernières années, le transport a fait la manchette des deux côtés du fleuve. Le sujet soulève les passions sur les réseaux sociaux, lors des consultations publiques et dans les médias. Pour Accès transports viables, d’un point de vue environnemental, le temps presse.

« En effet, le dernier rapport du GIEC nous rappelle l’urgence d’agir pour réduire rapidement nos émissions de gaz à effet de serre (GES). Au Québec, le domaine des transports est le secteur le plus polluant : il représente à lui seul 45 % des émissions de GES », peut-on lire dans les communiqué émis par l’organisme.

L’idée de la websérie Point tournant a émergé de ce constat d’urgence, résume Étienne Grandmont par voie de communiqué.

« On est rendu à un point tournant dans l’aménagement de nos territoires et dans nos choix en matière de transports. Il est en conséquence impératif que nous nous mettions rapidement en action pour évoluer vers une mobilité plus durable, plus équitable et plus sobre en carbone. »

La websérie vise à informer le grand public. Elle présente aussi des pistes de solutions qui permettraient d’avoir un impact majeur pour l’avenir. On y déboulonne certains mythes sur l’aménagement autoroutier, la réduction du trafic, les liens entre les modes de transport et la vitalité économique, l’utilisation des véhicules…

Au fil des épisodes se succèdent des urbanistes, des professeurs et chercheurs de la Polytechnique de Montréal et de l’Université Laval, des représentants d’organismes en mobilité et en environnement, des acteurs du milieu économique. Même l’historien Réjean Lemoine y participe. Le maire Langelier, dans les années 1880, a gagné ses élections en promettant des escaliers pour relier Basse et Haute-Ville, nous rappelle-t-il…

Ce projet de webdocumentaire a été produit par Frangin, une boîte de Limoilou. La petite entreprise fondée en 2018 avait livré en 2019-2020 des capsules sur les quartiers Limoilou, Saint-Roch et Saint-Sauveur. Le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles ainsi que Bell Fibe TV1 y ont apporté un soutien à la série Point tournant. On peut visionner ses six épisodes sur Unpointcinq.ca, média québécois d’action climatique. Ils se trouvent au https://unpointcinq.ca/comprendre/point-tournant-une-webserie-documentaire-sur-la-mobilite-durable/

Bande annonce de la série Point tournant

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