Comme beaucoup de jeunes, Sarah Jarvis et Lili Rose Théorêt ont terminé leur secondaire dans un contexte inhabituel en juin. En plus de leur vie scolaire, la pandémie a chamboulé les activités d’un organisme qu’elles ont créé : Le code des filles (LCDF). Fondé pour inciter les filles à s’approprier le numérique, l’organisme de bienfaisance, enregistré dans Montcalm, entend maintenant élargir son rayonnement.
Code diversité
Comme beaucoup de jeunes, Sarah Jarvis et Lili Rose Théorêt ont terminé leur secondaire dans un contexte inhabituel en juin. En plus de leur vie scolaire, la pandémie a chamboulé les activités d’un organisme qu’elles ont créé : Le code des filles (LCDF). Fondé pour inciter les filles à s’approprier le numérique, l’organisme de bienfaisance, enregistré dans Montcalm, entend maintenant élargir son rayonnement.
Tout a commencé en 2018 au Collège François-de-Laval, dans le Vieux-Québec. Paule Delamarre, enseignante en mathématiques et technopédagogue, y initiait les élèves au code à travers la création d’une application de calculatrice, racontent Sarah et Lili Rose. L’enseignante a rallié des jeunes filles pour un événement de codage d’une journée, qui a attiré 150 participantes. Sarah et Lili Rose ont eu la piqûre. L’été suivant, elles se sont engagées dans la fondation d’un organisme pour poursuivre l’aventure, après avoir convaincu leurs parents.
Au conseil d’administration (CA) de LCDF, le rôle des adultes est d’accompagner les jeunes du comité exécutif, qui décident des orientations et de la programmation. Sarah est la présidente du comité exécutif et Lili Rose, la vice-présidente. « J’ai juste aidé et coordonné pour canaliser les énergies dans le bon sens », illustre Viviane Dorval, vice-présidente du CA et mère de Sarah, dans une capsule documentaire qui présente l’organisme.
Des ambassadrices font rayonner LCDF dans leurs écoles respectives. Ces membres, de troisième secondaire au cégep, font preuve d’un engagement actif dans l’organisation des activités. Des bénévoles, hommes et femmes, s’impliquent également dans l’organisme. Il compte aussi sur des commanditaires et partenaires parmi les entreprises numériques, comme Ubisoft, Nurun et CCAP.
Une année bien remplie
LCDF organise des activités et rencontres pour propager la passion des technologies, démystifier l’industrie numérique, promouvoir la confiance en soi. Son événement phare de l’automne, le Défi LCDF, invite les écoles à coder. Elles courent la chance de gagner un prêt d’équipement informatique d’une année. « On en a pour 100 000 $ cette année », précise Sarah. En octobre 2020, l’école secondaire Jean-de-Brébeuf dans Limoilou a notamment relevé ce défi, dont la cible de 10 000 heures a été dépassée. Les écoles participantes ont cumulé 59 819 heures de code.
Des ateliers grand public et des discussions avec des entreprises de l’industrie numérique figurent à la programmation annuelle. « La pandémie, ça nous a aidées à nous recentrer et à approcher les jeunes d’une autre façon », glisse Lili Rose. Cette année, une formule d’ateliers hebdomadaires sur Zoom a permis de rejoindre davantage de jeunes.
« En mai, on a la soirée des ambassadrices, qui s’appelle maintenant la soirée LCDF », enchaîne Sarah. Cet événement a dû lui aussi se virtualiser en 2021. N’empêche, il a eu « une belle réponse, 140 personnes, pour une soirée en ligne, un samedi soir! », se réjouit la jeune fille.
L’organisme vise désormais les jeunes de 12 à 18 ans, tous genres confondus. Ce qu’il souhaite promouvoir plus que tout, c’est la diversité souhaitée au sein de l’industrie du numérique.
« On peut-tu avoir autant d’hommes que de femmes que de non-binaires! […] Une femme, un homme, un non-binaire, un transgenre, ça ne pense pas de la même façon », résume Sarah.
Un « fameux stéréotype »
Selon Sarah et Lili Rose, bon nombre de parents dont la fille envisage une carrière dans le numérique mettraient en doute ce choix. C’est pourtant un domaine d’avenir, où on s’arrache la main-d’oeuvre. Pour bien des emplois, « ça ne prend pas beaucoup d’études, ça paye bien, les conditions de travail sont extraordinaires », dit Lili Rose. Toutefois, mentionne-t-elle, « le fameux stéréotype du gars tout seul dans son sous-sol avec ses lunettes, qui mange sa pizza et c’est sa mère qui fait son lavage, c’est très fort encore ». D’autres mythes s’y ajoutent.
« Les gens pensent juste aux jeux vidéo et au travail de programmeur. L’industrie numérique, c’est beaucoup plus que ça. Ça prend des gens en relations publiques chez Ubisoft; ça prend des gens en marketing, en design graphique, des chargés de projets. Moi, je n’ai jamais programmé de ma vie […], mais je pourrais quand même travailler dans le milieu », détaille Sarah.
Lili Rose cite aussi le domaine de la médecine, les hôpitaux où les technologies prennent de plus en plus de place : « Même si ce n’est pas ton principal métier, tu dois savoir t’en servir. »
Renverser la tendance, une région à la fois
Non seulement les femmes comptent pour seulement 20 % de la main-d’oeuvre dans les métiers du numérique, mais cette proportion serait à la baisse, affirment Sarah et Lili Rose. « Girls who Code [un organisme à portée international] avait sorti que si ça continue, en 2030, il y aurait juste 3 % de femmes dans les métiers numériques. […] Notre premier but, c’est de ramener l’intérêt. Que les Québec numérique, Kids who Code, Girls who Code… tous ensemble, on puisse renverser la tendance », souligne Sarah. Elles poursuivent cet objectif au-delà de Québec :
« Notre défi LCDF, on le lance à Montréal l’an prochain : Montréal, Laval et Longueuil. On le lance dans les écoles, tranquillement pas vite, on tâte le terrain pour voir comment les gens vont répondre. On est déjà à Lévis et un peu dans Charlevoix, on va étendre ces régions-là aussi. On veut aller dans d’autres villes, comme Sherbrooke, Rimouski… On va recruter des bénévoles dans ces villes-là, on leur demande de l’aide pour tâter le marché. On va ensuite recruter des écoles. On a des commanditaires qui sont déjà à Montréal, comme Ubisoft. »
Maintenant diplômées du secondaire, vers où se dirigent Sarah et Lili Rose? « On s’en va les deux au cégep en sciences de la nature, on ne sait pas encore ce qu’on veut faire, il y a tellement d’options! », s’exclame Sarah. Lili Rose ajoute : « Moi personnellement, j’aimerais ça combiner la technologie avec quelque chose d’autre, la médecine, l’ingénierie… »
On peut suivre Le code des filles sur Facebook et sur Instagram et visiter son site web au https://www.lcdf.ca/
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