Meet_Inc. à Premier Acte : bouffonneries entrepreneuriales

Jusqu'au 11 décembre, le théâtre Premier Acte présente Meet_Inc., du collectif Hommeries. Pascaline Lamare, du Bourdon du Faubourg, a vu la première. Textes, jeu, mise en scène : sa critique est unanime. Elle nous recommande de nous ruer sur les billets, et d'arriver un peu à l'avance...

<em>Meet_Inc.</em> à Premier Acte : bouffonneries entrepreneuriales | 3 décembre 2021 | Article par Monmontcalm

Crédit photo: David Mendoza Hélaine

Jusqu’au 11 décembre, le théâtre Premier Acte présente Meet_Inc., du collectif Hommeries. Pascaline Lamare, du Bourdon du Faubourg, a vu la première. Textes, jeu, mise en scène : sa critique est unanime. Elle nous recommande de nous ruer sur les billets, et d’arriver un peu à l’avance…

Nous voici plongés dans l’Univers de Meet_Inc., sorte de conglomérat aussi flou que capitaliste, où les valeurs entrepreneuriales contemporaines s’incarnent dans trois bouffons, archétypes d’employés et de leurs travers. La pièce à voir pour oublier la grisaille de l’hiver et prendre un peu de recul face à la sacro-sainte entreprise capitaliste contemporaine.

Que vend Meet_Inc.? De beaux slogans.

« La malléabilité de nos valeurs nous a permis de rentrer dans les marchés les plus autoritaires. »
« Meet_Inc., un vent de fraîcheur dans un emballage propre. »
« Toucher les étoiles pis être revenu pour souper. »

Que font les employés de Meet_Inc.? Ils se tiennent occupés.

La pièce nous fait traverser différentes scènes du quotidien en entreprise. Douchebag, Lacharrue et Wannabe, les employés, courent comme des poules-pas-de-tête, flexent leurs réussites en brassant beaucoup d’air, à grands coups de « on est dans l’jus » et en ayant l’air sérieusement débordés tout le temps.

Meet_Inc. fait honneur à l’art du bouffon. Tout est excessif, férocement jubilatoire, obscène sans être vulgaire. Bienvenue dans une comedia dell’arte sous stéroïdes, qui vous fera hurler de rire pendant 90 minutes, sans temps mort. La caricature y est habile; elle ne fait qu’accentuer les traits de personnalité toxiques glorifiés dans le monde du travail contemporain. Qu’on ne s’y trompe pas, tout le monde va reconnaître un‧e collègue. Ou se reconnaître, qui sait. Cette critique implacable de l’univers des bullshit jobs ferait d’ailleurs passer le film Wall Street pour une comédie à l’eau de rose.

Trois acteurs de Meet_Inc. tenant des verres de styromousse, l'air épuisé
Valérie Boutin, Paul Fruteau De Laclos et Guillaume Pelletier livrent une performance physique impressionnante, dans des costumes sexualisés à outrance, aux traits déformés, laids et originaux.
Crédit photo: David Mendoza Hélaine

Il convient de souligner l’excellent travail d’écriture de Meet_Inc. Les textes de Nicola Boulanger, Valérie Boutin, Paul Fruteau De Laclos et François-Guillaume Leblanc sont terriblement bien travaillés et aboutis, même quand le flex est réduit à des borborygmes. On n’est pas embauché, on est embauchié. On ne va pas au congrès, on va s’encanailler au congraine. C’est toujours drôle, caustique et malin. Les acteurs excellent dans ce charivari rabelaisien libérateur.

Lisez la suite sur le Bourdon du Faubourg et découvrez pourquoi mieux vaut arriver à l’avance à la représentation de Meet_Inc.

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