Montcalm dans les années 1950 : le cinéma Cartier

La série Montcalm dans les années 1950 revisite le passé du quartier à travers des images d’archives de diverses sources. Elle propose aujourd'hui une plongée dans le temps, à la faveur de souvenirs du mythique cinéma Cartier en partie ressuscité en 2003.

Montcalm dans les années 1950 : le cinéma Cartier | 26 septembre 2021 | Article par Jean Cazes

Le Cinéma Cartier en 1954. Le but de ce regroupement devant la salle n’est toutefois pas précisé.

Crédit photo: Jocelyn Paquet (collection personnelle)

La série Montcalm dans les années 1950 revisite le passé du quartier à travers des images d’archives de diverses sources. Elle propose aujourd’hui une plongée dans le temps, à la faveur de souvenirs du mythique cinéma Cartier en partie ressuscité en 2003.

La photo d’époque en tête d’article provient de la collection de fonds de négatifs de Jocelyn Paquet. Le célèbre studio limoilois Lefaivre & Desroches a immortalisée cette scène le 15 août 1954.

La photo comparative dans la galerie en fin d’article, en direction nord, date du 5 septembre 2021. Visible dans cette perspective sur la gauche, l’immeuble locatif Le George-Étienne a été inauguré en 2014 derrière la place Richard-Garneau. L’aménagement de cette dernière remonte à 2016.

Cinquante-sept ans de petits bonheurs pour les cinéphiles

Le Cinéma Cartier en 1928.
Le Cinéma Cartier peu après son ouverture, à l’intersection de l’avenue Cartier et boulevard René-Lévesque (Saint-Cyrille, avant 1992). Vue en direction est. Cette image est tirée du 271e rapport du Comité administratif, 1928.
Crédit photo: Archives de la Ville de Québec

Dans son incontournable article « Aller aux vues » dans la capitale (Revue Cap-aux-Diamants, été 1994), Yves Laberge résume l’histoire du Cinéma Cartier en y ajoutant quelques anecdotes ayant agrémenté son parcours :

« On se souviendra aussi du Théâtre Cartier, qui présentait déjà des films muets dès son ouverture en 1928 (à l’époque de la transition du muet au parlant), et qui programmait en fait des reprises des films déjà retirés de l’Auditorium. Durant les années 1970, le cinéma Cartier est devenu la plus populaire des salles de répertoire à Québec. »

Comme le rappelle aussi l’auteur, ce cinéma a mis fin à ses activités en 1985. Il a fait place à une succursale de la pharmacie Brunet. Par ailleurs, un article que signait David Cantin dans Le Devoir du 22 août 2003 souligne la relance de cette institution du quartier Montcalm dans les locaux du Ciné Vidéo Club. Il mentionne « une salle répertoire dotée de 118 sièges, exclusivement en numérique, à partir du support DVD ».

Affiche du film Three Young Texans
Affiche du film Three Young Texans

Revenons maintenant à la photo en vedette. Quels étaient ces deux films à l’affiche, que l’on peut aujourd’hui visionner dans le confort de notre foyer sur YouTube?

Dans la description du scénario qu’en fait Wikipédia, Man in the Attic (L’Étrange Mr. Slade, 1953) « reprend fidèlement l’histoire de Jack l’Éventreur, d’après le roman de Marie Belloc Lowndes ». L’autre, Three Young Texans (Trois hommes au Texas, 1954), évoque les aventures de deux cow-boys, Johnny Colt et Tony Ballew, « tous deux amoureux de la même fille Rusty Blair, un garçon manqué, et travaillent pour son père ».

Souvenirs de cinéphiles

Nous avons fait un appel à tous sur la page Facebook du groupe Retour vers le Passé (ville de Québec). Vous avez été nombreux et nombreuses à y partager vos coups de cœur de films présentés au cinéma Cartier.

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Entre autres souvenirs que nous avons recueillis, mentionnons ceux de Richard Baillargeon. Outre Le roi de cœur (1966),  Le Loup des steppes (1974) l’a marqué :

« Pas le premier, mais sans doute celui que j’ai vu le plus souvent. Un visionnement à chaque fois qu’il revenait à l’affiche. Un film construit de façon unique : la première demi-heure, il ne se passe presque rien et les gens parlent anglais, allemand, français avec toutes sortes d’accent; on s’y perd. La deuxième est un dépaysement complet et jouissif : un asile à ciel ouvert! Et la fin du film est un constat de la folie humaine (l’autre folie qui est la triste réalité) », ajoute l’auteur de l’ouvrage Du bon usage du palmarès.

Michel Giguère nous confie pour sa part :

« Souvenir marquant : la file d’attente interminable pour “Le baiser de la femme araignée”. Elle se poursuivait perpendiculairement sur Fraser! Dans ma mémoire, il n’y a pas vraiment un titre qui se démarque. L’impression très forte qui me reste, c’est d’avoir vécu cette époque où la cinéphilie se vivait encore ensemble (et sans que les spectateurs placotent pendant la projection!). »

Et de renchérir Gilles Simard :

« “The Rocky Horror Picture Show” (1982), mon premier et quasiment seul film culte à vie, avec tous les artifices et les protagonistes à l’intérieur du cinéma: jeunes mariés-es, vampires, “boring boring”, parapluies, “bâtons de duchesse” (éclairs), une révélation! », se souvient avec plaisir l’auteur, militant et ex-journaliste.

Au fil des commentaires se sont ajoutés à tous ces titres Le Satyricon, Amarcord, Roma de Fellini, Harold et Maude, La Montagne sacrée, « des concerts de Peter Hammill, Maneige, Raoul Duguay » (Pierre Trudel), Josélito, Ben Hur… Cela, sans oublier « les soirées où on nous présentait les annonces publicitaires faites partout dans le monde », souligne par ailleurs Maude Potvin.

Enfin, l’auteur de ces lignes retient principalement koyaanisqatsi (1982), vu deux soirs consécutifs dans cette célèbre salle de projection. Un long-métrage porté par l’hypnotisante trame musicale de Philip Glass, toujours d’actualité. On peut aussi voir cette œuvre visionnaire sur YouTube.

Quels plaisirs – coupables ou non –, aimeriez-vous partager de vos rendez-vous au Cinéma Cartier? N’hésitez pas à nous en parler sur notre page Facebook!

Lire un article précédent illustrant la décennie 1950 : Saint-Sacrement dans les années 1950 : commerces du chemin Sainte-Foy.

À lire aussi : Limoilou dans les années 1970  : le cinéma Lairet.

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