Projets Bourlamaque : une communauté tissée serrée

Pousser la porte qui mène à l’organisme Projets Bourlamaque, au HLM du 210 René-Lévesque O, c'est entrevoir les réalités de 200 familles. En échangeant avec les quatre intervenantes qui les soutiennent, on rencontre des quotidiens semés d’embûches. Mais on observe surtout la solidarité, des projets, de l’espoir et un désir, un besoin collectif de vivre-ensemble.

Projets Bourlamaque : une communauté tissée serrée | 16 décembre 2021 | Article par Viktoria Miojevic

Sur cette image, les deux intervenantes, la coordonnatrice, la Présidente du conseil d'administration et la stagiaire en travail social de l'Université Laval. 0.0. 0.0

Crédit photo: Viktoria Miojevic

Pousser la porte qui mène à l’organisme Projets Bourlamaque, au HLM du 210 René-Lévesque O, c’est entrevoir les réalités de 200 familles. En échangeant avec les quatre intervenantes qui les soutiennent, on rencontre des quotidiens semés d’embûches. Mais on observe surtout la solidarité, des projets, de l’espoir et un désir, un besoin collectif de vivre-ensemble.

« On est la première ressource »

De nombreux Montcalmois passent tous les jours devant le HLM Bourlamaque et l’organisme à but non lucratif (OBNL). Peu d’entre eux connaissent vraiment ses résident.e.s et sa communauté, partage Laurence Jean-Charland, présidente du conseil d’administration de Projets Bourlamaque.

Derrière ce grand bâtiment vivent 420 personnes dont plus d’un quart sont des enfants. Familles monoparentales, immigrantes ou personnes avec des moyens modestes ont vu leur trajectoire de vie converger vers Bourlamaque.

Bâtiments du HLM Bourlamaque et vue sur la cour extérieure
Tout au long de l’année, les enfants jouent dans la cour de Bourlamaque.
Crédit photo: Viktoria Miojevic

Avec deux intervenantes sociales, une stagiaire et une coordonatrice, l’OBNL fonctionne à plein régime pour soutenir les 400 résident.e.s. Situé au sous-sol du HLM Bourlamaque, l’OBNL oeuvre à briser l’isolement, à diminuer l’impact de la pauvreté et à lutter contre l’insécurité alimentaire. Sa mission intègre aussi le soutien scolaire aux enfants, la littératie et l’autonomie.

« On est la porte d’entrée pour les résidents qui ont des problèmes. Par exemple, des enfants qui vivent des situations en milieu familial. Puis après, on les redirige. On est la première ressource finalement qu’ils viennent voir, car on est facilement accessible », explique la coordonnatrice Stéphanie Garneau.

En 2016, sur le modèle de Saint-Pie-X, des résident.e.s se sont rassemblés pour compiler leurs problématiques et idées, raconte Laurence Jean-Charland. L’OMHQ, présent dès le début, est resté partenaire après la création de l’OBNL.

Solidarité

C’est en discutant avec la coordonnatrice Stéphanie Garneau que l’on saisit les liens forts qui se créent entre les familles de Bourlamaque. Récemment, on lui a parlé d’un enfant qui partageait, avec la voisine, le repas qu’elle lui avait cuisiné alors que sa mère avait dû quitter l’appartement en urgence.

Elle se remémore encore une personne arrivée seule et démunie, avec ses enfants, dans son nouveau logement. « Elle avait pas d’assiette, pas de matelas, pas de lit, rien pour loger dans son appartement », confie la présidente de Projets Bourlamaque. Puis les résident.e.s ont fait un appel à tous. La famille monoparentale a réussi à se meubler en quelques heures grâce à la mobilisation.

Espace de lecture et de jeux de Bourlamaque
Au sous-sol, l’OBNL a différents espaces dédiés aux enfants et aux familles. La bibliothèque en est un espace privilégié de rencontres.
Crédit photo: Viktoria Miojevic

Dans les nombreuses anecdotes que partage encore Stéphanie Garneau, il y a aussi ce papa qui entraînait son fils au soccer dans la cour de Bourlamaque. Il est devenu un coach de soccer temporaire pour les enfants de l’immeuble, cet été.

Derrière ces moments de partage persistent les défis de l’immigration, de l’insécurité alimentaire ou de l’isolement. Au pic de la pandémie, c’est plus de 72 ménages qui ont signalé leur besoin pour une aide alimentaire. Ce chiffre représente en réalité environ 200 bouches à nourrir. Il pourrait être sous-estimé, car certaines familles n’osent pas s’inscrire ou n’ont pas l’information.

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« Ce lien de confiance-là, ça permet de développer une ouverture sur des besoins. Quelquefois, il y a des résidents, je suis sûre qu’ils ne sont même pas au courant qu’ils pourraient avoir besoin d’aide, avec l’école par exemple. Il y en a qui sont convaincus qu’ils sont corrects. »

Toutes les semaines, les mamans se réunissent pour préparer une cinquantaine de lunchs pour dans la cuisine de Projets Bourlamaque. En parallèle sont aussi organisés hebdomadairement des ateliers pour apprendre aux enfants et familles à cuisiner.

Un moment de répit

La cuisine de Bourlamaque équipée
La cuisine de Bourlamaque encourage la tenue d’évènements et des ateliers.
Crédit photo: Viktoria Miojevic

C’est avec ces réalités que Projets Bourlamaque garde ses portes ouvertes aux résident.e.s dès 9 h. En effet, après le travail de bureau, les intervenantes accueillent les résident.e.s pour un café offert par l’organisme. Loin du bureau du psychologue, les intervenantes proposent une écoute attentive dans l’espace convivial et ouvert à tous de la cuisine.

« Le projet de café des mamans, c’est beaucoup pour les mamans immigrantes. C’est tout un moment de répit. Elles peuvent venir avec ou sans enfants, donc c’est vraiment une place où elles peuvent prendre un café, discuter », lance Stéphanie Garneau.

C’est le service en périnatalité des femmes immigrantes de Québec qui l’organise. Ce café hebdomadaire brise l’isolement, mais permet aussi faire remonter les difficultés du quotidien aux intervenantes.

Étagères de couches et prooduitc pour les nouveaux-nés
L’OBNL a un petit espace d’entreposage où sont conservées des fournitures pour les soins des enfants.
Crédit photo: Viktoria Miojevic

« Dans une journée, ils peuvent avoir une intervention en santé mentale. Après ça, les intervenantes font face à problème de toxicomanie ou de l’alcoolisme. Après ça, ils peut y avoir une réinsertion à l’emploi, suivie d’une problématique pour document d’un immigrant. Ou quelqu’un qui a de la misère avec son ordinateur, ne sait pas comment faire sa demande », décrit la présidente du conseil d’administration.

Étant donné qu’environ 60 % des familles de l’immeuble sont immigrantes, le centre multiethnique (la RAMI) vient prêter main forte aux deux semaines. Pendant une demi-journée, l’organisme guide les familles dans leurs procédures.

Jardin communautaire

Dans la cour de Bourlamaque, les enfants jouent comme à l’habitude, mais depuis cet été, un potager s’est ajouté à la vie du HLM. Un groupe de six résidents a spontanément démarré un jardin. Ils se sont organisés avec l’OBNL et les Urbainculteurs.

Avec un financement de Desjardins, il a été possible d’acheter des smart pots et des bacs en mélèze. Les résidents ont pu compter sur la solidarité des enfants qui en ont pris soin.

Un prix Desjardins pourrait être remis prochainement. Il permettrait de faire perdurer le projet. Une résidente, au balcon luxuriant, se porte déjà bénévole pour gérer les semences. Cette initiative d’autosuffisance pourrait, à long terme, contribuer à la lutte contre l’insécurité alimentaire, explique la coordinatrice.

Fête de Noël et liste au Père Noël

La salle à manger et espace d'aide aux devoirs donne sur l'espace jeu et la bibliothèque
Rattachée à la cuisine et la bibliothèque, la salle à manger offre un espace de discussion, de travail pour l’aide aux devoirs et de cuisine pour les activités ponctuelles.

Le 22 décembre, Projets Bourlamaque organise le party de Noël de l’immeuble, auquel les habitants de Montcalm sont aussi invités. Il y aura au programme musique, chocolat chaud, café, lumières, stroboscope. Un repas pour les personnes seules est aussi prévu. Une personne seule a confié à Laurence Jean-Charland que ce repas de Noël sera sa seule célébration du temps des Fêtes. « Rien que pour cette personne, ça vaut le coup d’organiser le repas. »

Avec ses ressources limitées, Projets Bourlamaque signale des besoins ponctuels. Présentement, l’OBNL aimerait trouver un congélateur pour entreposer des aliments pour la distribution alimentaire. Pour le repas de Noël, il recherche une entreprise capable d’aider à créer cinquante repas. Des professeurs retraités du quartier, par exemple, seraient aussi les bienvenus pour l’aide aux devoirs ou encore une personne apte à concevoir un site web. La présence d’un coach de soccer est espérée pour l’été prochain.

Pour les dons ponctuels à Projets Bourlamaque, il est préférable de passer par l’école Louis-Hébert, partenaire de l’organisme. L’organisme ne peut pas encore répondre à toutes les offres de dons mais les besoins spécifiques sont signalés sur sa page Facebook.

Lire aussi : Des cultures comestibles dans la cour du HLM Bourlamaque

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