L’Alcôve-école : Guérir. L’expérience du sanatorium 

Le nouveau projet de l’Alcôve-école du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), fruit d’une collaboration étroite avec l’Université Laval, peut être visité et apprécié jusqu’au 12 février 2023.

L’Alcôve-école : Guérir. L’expérience du sanatorium  | 31 mars 2022 | Article par Anny Bussières

Crédit photo: MNBAQ, Idra Labrie

Le nouveau projet de l’Alcôve-école du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), fruit d’une collaboration étroite avec l’Université Laval, peut être visité et apprécié jusqu’au 12 février 2023.

Le concept de l’Alcôve-école est simple mais efficace : permettre à des étudiantes et à des étudiants en muséologie et en design de vivre une immersion totale en milieu de travail, en leur confiant l’élaboration et la réalisation d’une exposition thématique, sous la supervision de l’équipe professionnelle du MNBAQ.

Dans cette deuxième édition, Enya Kerhoas et Léonie Théberge se sont inspirées de la pandémie de COVID-19 et des sentiments d’isolement et de solitude en émanant pour se replonger dans le fléau que fut la tuberculose dans la première moitié du 20e siècle.

À l’aide de photos, d’artéfacts, de témoignages audio et littéraires, et en utilisant à très bon escient les œuvres de la collection nationale, les deux créatrices proposent un parcours mettant en valeur les réalités d’un séjour en sanatorium.

La tuberculose étant une maladie fortement contagieuse, il importait principalement d’isoler les malades. Les séjours en sanatorium pouvaient durer de quelques semaines à quelques années, créant ainsi un fossé entre le malade, sa famille et son environnement. Du coup, le sanatorium est vite devenu une microsociété, un monde à part, une communauté serrée, avec ses codes et ses habitudes.

L’exposition imaginée par les deux étudiantes pose son regard sur le quotidien du sanatorium : les soins offerts, les outils de communication internes et externes, les activités proposées et les enjeux physiques et intellectuels découlant d’une vie passée couché, face à une fenêtre donnant sur un paysage certes magnifique mais éloigné de la civilisation, dans une salle accueillant de nombreux autres malades. Les artéfacts présentés, en provenance de la collection du Monastère des Augustines, illustrent à merveille les techniques de l’époque et aident à saisir l’essence de cette période.

Scène de sanatorium
Religieuses sur la galerie de cure. Épreuve à la gélatine argentique, 7 x 7 cm (approx.).
Crédit photo: Archives du Monastère des Augustines de Québec (E.2022.02.10)

L’aspect tragique de la maladie sur l’être humain a été abondamment abordé par les artistes québécois, et l’apport des tableaux de la collection nationale choisis par les deux créatrices est à souligner, pour sa pertinence et sa beauté picturale. Des toiles d’Ozias Leduc, de Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté et d’Alfred Pellan donnent vie au caractère tragique de la maladie. Les œuvres de Marie-Anne Simard et de Rita Briansky, tout en couleurs, sont criantes d’intériorité et de contemplation.

Au sanatorium, on nouait des relations humaines, on s’entraidait et on gardait l’isolement et la solitude hors de la portée de la communauté. On ne faisait pas que tenter de guérir : on vivait, aussi. Et c’est ce message rempli de lumière et d’espoir qui anime cette alcôve-école. Une belle réflexion à expérimenter, surtout en ces temps de turbulence.

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