America: éclectisme et ambivalence

Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) présente jusqu’au 5 septembre 2022 l’exposition America – Entre rêves et réalités, fruit d’une collaboration avec le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden de Washington D.C.

<em>America</em>: éclectisme et ambivalence | 17 juin 2022 | Article par Anny Bussières

Crédit photo: MNBAQ, Idra Labrie

Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) présente jusqu’au 5 septembre 2022 l’exposition America – Entre rêves et réalités, fruit d’une collaboration avec le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden de Washington D.C.

Parcourir plus d’un siècle de production artistique en quelques salles s’avère un défi de taille, tant pour les commissaires chargés de l’exposition que pour les visiteurs friands d’émotions et de dépaysement. L’approche thématique proposée par le MNBAQ pour America aide à mettre en lumière la richesse de cette production, les enjeux socioculturels et économiques inhérents aux États-Unis, mais aussi les zones d’ombre d’une société divisée et polarisée.

Charles White, The Mother, 1952. Dessin à la plume et graphite sur papier, 77,5 × 56,6 cm.
Crédit photo: Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Smithsonian Institution, Washington, DC, don de Joseph H. Hirshhorn, 1966 (66.5533)

Par le biais de peintures, de photos, de collages, de montages vidéo et de sculptures, et dans un foisonnement de couleurs, le rêve américain y est tour à tour décortiqué, analysé, malmené, revisité, encensé et occulté. On vogue entre surprises, découvertes, malaises et montées de rage; peu d’expositions peuvent se targuer de susciter de telles réactions épidermiques.

Les thématiques « Le corps social » et « Pluralismes » s’avèrent de loin les plus intéressantes. Y sont présentés des artistes moins connus, mais au regard bien aiguisé et porteur d’une critique sociale appuyée. En interrogeant le rêve américain, en déconstruisant la propagande et les stéréotypes, en questionnant l’identité et le genre, ces artistes, dont Charles White, Lois Mailou Jones, Beverly Semmes et les Guerrilla Girls, revendiquent leur place au soleil et militent pour une inclusion pleine et entière.

La force de frappe de certains regroupements d’œuvres est à souligner, par les messages qu’ils envoient et les associations qu’ils provoquent. Dès la première salle, la superposition d’un Andy Warhol détaillant les lèvres de Marilyn Monroe en couleurs criardes avec un Julian Schnabel présentant un Andy Warhol blessé, tourmenté et au crépuscule de ses 15 minutes de gloire est particulièrement saisissante. Tout comme le sont la proximité entre l’invisibilité humaine expliquée par Glenn Ligon et l’occupation de l’espace social tel qu’imaginée par Nick Cave, et le noyau d’œuvres critiquant la guerre et le nucléaire. La sculpture de Robert Arneson est à ce titre un incontournable de l’exposition.

Devant une telle offre artistique, à la créativité et à l’éclectisme débordants, on en ressort un peu étourdi, un peu saturé, en surdose de consommation américaine, mais stimulé malgré tout d’avoir découvert des voix fortes aux propos toujours d’actualité.

Par le biais de peintures, de photos, de collages, de montages vidéo et de sculptures, et dans un foisonnement de couleurs, le rêve américain est tour à tour décortiqué, analysé, malmené, revisité, encensé et occulté.
Crédit photo: MNBAQ, Idra Labrie

America – Entre rêves et réalités : y aller initialement pour les grands noms connus (Rothko, Hopper, O’Keefe, Pollock), y rester et l’apprécier pour les artistes émergents et ceux qu’on connaît moins et qui méritent une attention particulière.

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