Je suis mixte : lumière dans une fin d’hiver en manque de joie

Écrite et mise en scène par Mathieu Quesnel, la pièce Je suis mixte est présentée au Théâtre Périscope jusqu’au 13 mars 2022. Y brillent Yves Jacques et Benoît Mauffette, dans un environnement sonore de Navet Confit.

<em>Je suis mixte</em> : lumière dans une fin d’hiver en manque de joie | 9 mars 2022 | Article par Anny Bussières

Crédit photo: Mathieu Quesnel

Écrite et mise en scène par Mathieu Quesnel, la pièce Je suis mixte est présentée au Théâtre Périscope jusqu’au 13 mars 2022. Y brillent Yves Jacques et Benoît Mauffette, dans un environnement sonore de Navet Confit.

L’intrigue de la pièce s’avère d’emblée linéaire et plutôt conformiste : François, un homme au mitan de la vie, découvre lors d’un voyage d’affaires en Allemagne qu’on peut être influencé par autre chose que le sempiternel mantra « métro-boulot-dodo ». Il y déguste la liberté, la spontanéité et une ouverture à l’autre qui le sortent de ses sentiers battus. Et cette prise de conscience l’amène à repenser sa vie et ses automatismes. Rien de nouveau sous le soleil.

Mais le traitement proposé par Mathieu Quesnel de cette thématique éculée sauve la donne de manière surprenante. Portée par des comédiens en verve, en forme et clairement heureux de se retrouver sur scène, la pièce réserve tour à tour des moments d’hilarité bien sentie, de réflexion identitaire et de trouvailles musicales qui ne laissent pas indifférents.

Afin d’expliquer cet éveil à la vie, François offre aux spectateurs une performance-témoignage aux airs faussement amateurs, à grand renfort de projections photo et vidéo, de chansons, de chorégraphies, de moments d’hésitation et d’oubli de texte, d’interpellation du public, dans une ambiance trompeusement candide.

Son oncle l’accompagne dans cette démarche de communication, y allant de commentaires et de suggestions tantôt aléatoires, tantôt acerbes. On se rend rapidement compte que cet oncle n’est pas qu’un faire-valoir, mais qu’il s’inscrit lui aussi dans ce processus de redéfinition de soi.

Comment s’y retrouver entre tradition et désir? Doit-on absolument choisir ? Et si l’être humain était plus complexe qu’il n’y paraissait, et s’il avait le droit, l’occasion et le courage de vivre pleinement sa dualité?

Le tourbillon scénique imaginé par Mathieu Quesnel ne pouvait fonctionner et être crédible que par l’apport de comédiens capables de se donner à fond. Yves Jacques, le malcommode, le fantastique, illumine la pièce avec sa fougue et son don de soi. Benoît Mauffette, plus que convaincant, rend un François bouleversant de malaises, de remise en question et de perte de repères.

Le musicien Navet Confit, quant à lui, offre des envolées sonores planantes et quelques répliques assassines bien envoyées. On oublie vite la facilité des blagues et la banalité du propos devant cette proposition artistique atypique, dynamique, et ô combien réjouissante.

Je suis mixte : un très agréable moment de théâtre, qui met de la lumière dans une fin d’hiver en manque de joie.

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