Quatre comédiennes auditionnent pour le rôle de Juliette, l’un de ces « grands rôles » considérés comme déterminants pour une carrière. Mais aspirent-elles sincèrement à incarner l’amoureuse passive, qui soupire, qui attend?
Juliette en série
Quatre comédiennes auditionnent pour le rôle de Juliette, l’un de ces « grands rôles » considérés comme déterminants pour une carrière. Mais aspirent-elles sincèrement à incarner l’amoureuse passive, qui soupire, qui attend?
Le corset de la jeune première étouffe : pour le porter, on se doit de découper les bords de sa propre personne, de limer ses propres contours. Comment délimiter le soi dans un milieu où l’on vise à correspondre aux attentes de l’autre, et où la valorisation – l’obtention du fameux titre de comédienne – passe par le désir de l’autre? Dans cet univers fictionnalisé où les gens sont des numéros, interchangeables, comment définir sa propre identité?
Les quatre Juliette (Lauren Hartley, Marie-Ève Lussier-Gariépy, Natalie Fontalvo et Odile Gagné-Roy) offrent une réponse punk au metteur en scène, Quatre (Christian Lapointe), coiffées de cagoules à la Pussy Riot1. Leur amour pour le théâtre brasse tout autour, et consume tout, elles y comprises.
Une puissante création
De l’écriture à dix mains par collage naît un texte puissant que livre avec force le quatuor cohésif d’actrices (et l’acteur).
C’est dire qu’à toutes les étapes du projet, le metteur en scène agit comme adjuvant. Le désir de rencontre artistique à l’origine de la pièce – oui, il y a eu pour ce faire une audition – génère ainsi une création visant à bousculer un milieu qui pourrait parfois aspirer à plus : pourquoi reprendre encore et encore les œuvres que des hommes blancs d’une autre époque ont élevées au rang de classiques? Ou même, comment faire du théâtre, de l’art, alors que le monde entier brûle?
L’interprétation captive, l’appareil théâtral aussi : l’éclairage, l’audiovisuel, les accessoires, tout contribue à faire de cette pièce un ensemble flamboyant.
Titre(s) de travail est à l’affiche jusqu’au 7 mai au Périscope.
1 On ne peut qu’y voir une référence directe à l’essai bien connu de Martine Delvaux, Les filles en série. Des Barbies aux Pussy Riot.
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2, rue Crémazie Est, Québec (Québec), G1R 2V2
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