On sentait déjà la dynamite à l’âge de pierre : sacrifices intimes et collectifs

Collaboration spéciale : Pascaline Lamare, Le Bourdon du Faubourg

<em>On sentait déjà la dynamite à l’âge de pierre</em> : sacrifices intimes et collectifs | 30 septembre 2022 | Article par Monmontcalm

Crédit photo: David Mendoza Hélaine

Collaboration spéciale : Pascaline Lamare, Le Bourdon du Faubourg

Ambitieuse saga dystopique, On sentait déjà la dynamite à l’âge de pierre nous précipite dans un Québec qui a déclaré son indépendance et au milieu de la guerre dans laquelle le pays a été plongé par la suite. Cette immersion brutale dans un monde marqué par un conflit armé, violent et fratricide, invite les spectateurs à réfléchir jusqu’où ils peuvent aller pour leurs idées.

Trois histoires s’entrelacent dans ce Québec de 2030 qui n’a pas connu de conflit armé sur son territoire depuis des siècles. On navigue entre Limoilou, recréé par des projections aux murs, Jonquière et le Grand Nord québécois, dernier espace de silence et de possible. On découvre des vies emportées dans le conflit, des vies fauchées, des douleurs intimes et des mobilisations collectives

Dynamite est une pièce foisonnante, étourdissante, qui peut sembler déconcertante pour un public peu au fait des débats sur l’indépendance du Québec. Condenser l’essence d’une guerre d’indépendance post conflit mondial en deux heures quinze minutes : le pari peut sembler ambitieux pour le jeune Collectif Verdun.

De fait, l’ampleur de la tâche implique de précipiter le public, avant même le début de la pièce, dans un tourbillon de nouvelles relatant la Troisième Guerre mondiale, qui n’est pas sans rappeler le précipice sur lequel nous nous trouvons actuellement avec le conflit en Ukraine. Dans un Québec qui déclare son indépendance dans la foulée du cessez-le-feu, le public se trouve plongé au cœur des événements tragiques, dans une cacophonie assourdissante, où tous les sens sont constamment sollicités. Entre ces moments de fureur, des morceaux de poésie redonnent de la douceur à une humanité qui semble s’effilocher lentement mais sûrement.

Dynamite navigue entre trois lieux, trois histoires intimes ou collectives, et il est parfois difficile de suivre, d’autant que quelques longueurs ponctuent la pièce. On en ressort avec l’impression que si cette dystopie s’adresse à un public politisé et indépendantiste, elle ancre un grand nombre de ses références dans les récentes mobilisations collectives québécoises, comme les manifestations de 2012 et leurs casseroles.

On se doit de souligner ici la fougue des acteurs, visiblement très investis dans leur rôle, et l’énergie qu’ils déploient pendant toute la pièce pour porter les multiples personnages. Œuvre multidisciplinaire, la pièce intègre l’artiste Philip Després, qui livre une performance unique chaque soir, grâce à son corps, de l’argile et de la pierre. Une performance en clair-obscur, délicate et sensible. On remarque également tout le travail de conception et d’habillage sonore de Rébecca Marois, qui accompagne adéquatement le propos.

On sentait déjà la dynamite à l’âge de pierre est une pièce dense qui invite à réfléchir sur les sacrifices intimes et collectifs que nous sommes prêts à offrir pour nos idées.

On sentait déjà la dynamite à l’âge de pierre :

  • Production: Collectif Verdun
  • Texte et mise en scène: Charlie Cameron-Verge et Natalie Fontalvo
  • Interprétation: Mariann Bouchard, Maude Lafond, Samuel Bouchard, Noémie F. Savoie, Laurent Fecteau-Nadeau, Natalie Fontalvo et Scott Riverin

La pièce On sentait déjà la dynamite à l’âge de pierre est présentée jusqu’au 8 octobre 2022 à Premier Acte.

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Texte original paru dans Le Bourdon du Faubourg le 21 septembre 2022.

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