Tourmente au Grand Théâtre de Québec

Une installation vidéo interactive de l’artiste Jean Dubois occupe le STUDIOTELUS du Grand Théâtre de Québec jusqu’au 13 novembre 2022. Les treize personnages de l’œuvre Tourmente y sont à la merci d’un vent provenant des visiteurs et visiteuses muni.e.s d’un téléphone mobile.

<em>Tourmente</em> au Grand Théâtre de Québec | 19 août 2022 | Article par Suzie Genest

Crédit photo: Suzie Genest

Une installation vidéo interactive de l’artiste Jean Dubois occupe le STUDIOTELUS du Grand Théâtre de Québec jusqu’au 13 novembre 2022. Les treize personnages de l’œuvre Tourmente y sont à la merci d’un vent provenant des visiteurs et visiteuses muni.e.s d’un téléphone mobile.

Ludique, l’expérience proposée implique aussi sa part de réflexion. Jusqu’où irons-nous pour jouer, dans notre rapport à l’autre? De la douce brise à l’ouragan, les visages des différents personnages sont effleurés, balayés, fouettés voire déformés.

« À la fois amusante et bouleversante, l’expérience questionne notre empathie en opposant notre plaisir du jeu au rapport que l’on entretient avec la souffrance d’autrui », résume le communiqué.

Plusieurs personnes peuvent interagir en même temps avec l’œuvre. « Quand on se retrouve à être plusieurs à faire souffrir une même personne, ça crée un malaise », a exprimé la commissaire Ariane Plante lors du dévoilement jeudi. Elle a souligné son appréciation de l’aspect social du travail de l’artiste. Elle s’est aussi réjouie de présenter une oeuvre ayant déjà roulé sa bosse, qui connaît son chant du cygne au STUDIOTELUS.

Tourmente multiple

Créée en 2015, l’installation Tourmente a voyagé à travers les continents et dans la province. Elle a même déjà visité la ville de Québec, lors de Manif d’art 2017 (L’art de la joie). On a pu alors la voir à l’église Saint-Roch. Dans sa pratique interdisciplinaire et in situ, Jean Dubois en offre chaque fois une expérience différente, teintée du lieu où l’œuvre prend place.

Ce qu’il qualifie de « performance non-vivante » – des ordinateurs interagissant avec le public – donne lieu à plusieurs interprétations. L’œuvre a déjà servi d’ouverture à un dialogue sur la cyberintimidation. Les visages perturbés par le souffle intime évoquaient l’impact d’une communication virtuelle.

Lors de présentations récentes, durant la pandémie, souffler au visage d’une personne a pris une signification particulière, a relaté l’artiste. Une institution qui a accueilli l’oeuvre y voyait une invitation à la transgression, puisqu’il fallait retirer les masques pour souffler.

L'installation Tourmente au STUDIOTELUS
L’installation Tourmente au STUDIOTELUS
Crédit photo: Suzie Genest

La détresse et le jeu

Parallèlement à sa démarche artistique, Jean Dubois enseigne depuis 1998 à l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). C’est le terreau de l’UQAM qui a en quelque sorte permis à Tourmente de germer, a-t-il expliqué jeudi.

En 2014, l’institution universitaire se préoccupait de la présence des personnes itinérantes dans ses murs. Dans le Quartier des spectacles, des parcours lumineux se déployaient. Jean Dubois s’est demandé comment les personnes en détresse trouveraient leur place à travers ces événements festifs. Il a réfléchi à une œuvre où l’on s’amuserait avec les technologies numériques tout en étant confronté à la détresse.

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Ce sont des comédien.ne.s qui interprètent dans la vidéo « des gens qui essaient de garder leur calme après avoir été traumatisés par le vent ». L’artiste n’aurait pas voulu instumentaliser des personnes en situation d’itinérance.

Cette ultime présentation de Tourmente, dans un théâtre, boucle la boucle. La première, en 2015, avait eu lieu dans le hall d’un théâtre en Nouvelle-Zélande, a expliqué l’artiste. Les acteurs et actrices qui découvriront l’installation au STUDIOTELUS en auront probablement une lecture particulière, s’attardant aux interprètes, anticipe-t-il.

Tourmente sera accessible au public les soirs de spectacles et les samedis après-midi, au STUDIOTELUS du Grand Théâtre de Québec jusqu’au 13 novembre 2022. On peut visiter le site de Jean Dubois pour en savoir davantage sur l’oeuvre et sa circulation.

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