Insertion du tramway dans le secteur Cartier : beaucoup de réponses, encore plus de questions
Collaboration spéciale : Pascaline Lamare, Le Bourdon du Faubourg
Pas moins de 700 personnes s’étaient inscrites à la séance d’information virtuelle du 3 mars sur l’insertion du tramway dans le secteur de l’avenue Cartier. Aux 460 participant.e.s présent.e.s dès l’ouverture, d’autres se sont ajouté.e.s par la suite. La soirée a permis de clarifier des enjeux liés aux aménagements à réaliser avant l’arrivée du tramway. Elle a aussi révélé que les questions sur le projet demeurent nombreuses.
En ouverture de la rencontre, Maude Mercier-Larouche, membre du comité exécutif responsable des relations avec les citoyens dans le dossier du tramway, a rappelé qu’elle s’inscrivait dans une démarche de consultation publique. L’objectif en est notamment de « s’imprégner des enjeux des résidents » et « d’éliminer les zones grises », a-t-elle illustré. Assurant que personne ne serait laissé sans réponse, elle a indiqué qu’il y aurait un suivi par écrit s’il n’était pas possible de répondre immédiatement à toutes les questions.
Les trois heures de la rencontre, de fait, n’ont pas permis de répondre à tou.te.s. Plus de 200 questions y ont été posées (dont plus de 180 questions écrites).
Un réaménagement de fond en comble
La soirée a commencé par la présentation détaillée de l’option retenue pour l’insertion axiale (au centre de la chaussée) du tramway en Haute-Ville, avec voies partagées de chaque côté et réaménagement de la place Cartier.
Le tout donnait une bonne idée de la façon dont le secteur Cartier sera réaménagé et le boulevard René-Lévesque, transformé.
« Il ne s’agit pas juste d’un projet de mobilité, mais aussi d’un projet de requalification urbaine […] On veut insuffler une nouvelle ambiance dans les quartiers traverser, avec une signature cohérente, sur mesure pour Québec », a indiqué Alejandro Calderon, chef d’équipe – Intégration urbaine du tramway.
De fait, avec l’arrivée du tramway, le secteur Cartier subira un réaménagement de fond en comble. L’insertion axiale du tramway s’accompagnera d’une transformation de la chaussée en voie partagée, de Bourlamaque à l’avenue de Salaberry.
Le secteur est apparu propice à l’atteinte des objectifs poursuivis par l’aménagement d’une rue partagée. Ceux-ci sont d’accroître l’espace et le confort des piétons, de réduire le nombre et la vitesse des véhicules, d’améliorer la sécurité de tous, de revitaliser les activités urbaines et commerciales, d’améliorer la qualité de l’espace public.
Cet aménagement impliquera la réduction de la vitesse à 20 km/h (plus ou moins la vitesse moyenne de déplacement du tramway). Il amènera aussi la création de zones de transition à 30 km/h à l’ouest (de Belvédère à Bourlamaque) ainsi qu’à l’est (de Salaberry à Claire-Fontaine). Dans ces zones de transition s’ajouteront des contraintes signalétiques et physiques, pour rediriger le transit de l’ouest vers le chemin Sainte-Foy et la Grande Allée, en conservant l’accessibilité locale.
La diminution de la vitesse sur René-Lévesque s’accompagnera de nombreux aménagements de surface, aux intersections notamment. Il y aura également réduction de 230 mètres à 165 mètres de la distance moyenne entre les traversées piétonnes signalisées.
Les interrogations demeurent nombreuses quant aux impacts sur la circulation locale, la cohabitation des différents modes de déplacement, la foresterie urbaine. La durée des travaux, le détails de la future place Cartier ou encore la pertinence du tramway suscitent toujours des questionnements.
La pertinence du tramway
Beaucoup se sont exprimés sur la pertinence du tramway par rapport à d’autres moyens de transport. Pourquoi choisir le tramway plutôt que des autobus électriques ou les autobus actuels?
Le Bureau de projet fait valoir la plus grande fiabilité du tramway, qui passera aux quatre minutes lors des heures de pointe et sera prioritaire aux intersections. Il met de l’avant le confort accru des rames et de la circulation sur des rails plutôt que sur le bitume comme les autobus. Il cite aussi la capacité de répondre à une demande accrue sans file d’autobus à la queue-leu-leu, comme on peut en voir actuellement sur les grands axes. Les tramways peuvent transporter 260 personnes à la fois; un autobus articulé en transporte 110.
Rues avoisinantes : les impacts
Les interrogations restent aussi nombreuses en ce qui concerne les impacts sur les rues avoisinantes, parallèles comme perpendiculaires, notamment en termes de circulation de transit. À cet égard, Marc des Rivières, directeur du Service du transport et de la mobilité intelligente, a indiqué :
« Quand on regarde les rues perpendiculaires, celles qui sont branchées à la basse ville comme Salaberry ou Holland, on voit une augmentation. Mais on voit une diminution sur celles qui ne sont pas branchées sur la basse-ville. »
Il y aura un « léger report de la circulation sur le chemin Sainte-Foy et un report plus important sur Grande Allée », a-t-il précisé. Dans les rues de transition, comme Bougainville ou des Érables, on s’attend à une augmentation moyenne de 11 % de la circulation. Pour mettre en place des mesures d’atténuation, dans des conditions sécuritaires et à des vitesses acceptables, il est prévu de travailler avec les résident.e.s.
Une citoyenne souhaitait savoir si « des mesures seront prises pour s’assurer que la circulation automobile ne sera pas déviée sur la rue Fraser, qui est une rue résidentielle empruntée par plusieurs élèves de l’école Anne-Hébert et déjà un peu trop utilisée par les automobilistes en transit. » « Des aménagements comparables à ceux sur la rue Père-Marquette pourraient être envisagés », a-t-elle ajouté
Selon Marc des Rivières, une zone apaisée sera créée dans le secteur, en s’assurant que les résident.e.s auront accès à leur domicile comme aux commerces. Il est aussi question de réorganiser la règlementation afin de compenser les cases de stationnement appelées à disparaître avec les aménagements de surface. La Ville de Québec pourrait ainsi conclure des ententes avec des propriétaires privés afin d’offrir des stationnements. Une analyse secteur par secteur se fera.
Les représentants du bureau de projet et du RTC ont été questionnés sur l’impact du report de la circulation de transit sur Grande Allée et le chemin Sainte-Foy et sur la circulation du Métrobus 807 (qui passe par d’Aiguillon).
On attend une augmentation de 11 % du trafic dans les secteurs résidentiels avoisinant le tracé du tramway, ont-ils indiqué. Des mesures seront mises en place à l’ouest afin que les personnes qui se rendent vers le centre-ville soient redirigées en priorité vers la Grande Allée, en arrivant du boulevard Laurier. Pour fluidifier la circulation, le corridor du Métrobus 807 pourrait faire l’objet de mesures préférentielles, grâce au gestionnaire artériel (qui permet d’allonger ou devancer des feux).
La foresterie urbaine
Plusieurs questions, écrites et orales, portaient sur les arbres à abattre. De la rue des Érables à Turnbull, le projet de tramway dans sa forme actuelle implique qu’on protège ou transplante 162 des 189 arbres présents et que l’on abatte 27 arbres, dont « 15 arbres et arbustes remplaçables et 2 frênes ». De Myrand à des Érables, pas moins de 922 arbres sur 1130 devront être protégés ou transplantés. Les plantations se feront en amont des abattages, pour assurer une croissance optimale à la canopée avant l’arrivée du tramway.
L’ancienne conseillère municipale du district Cap-aux-Diamants Anne Guérette est intervenue pour savoir s’il était « possible de nous présenter un plan d’abattage des arbres, avec des photos, accompagné d’un échéancier » et demander « quels sont les arbres qui restent, quels sont les arbres qui partent, à quel moment vont-ils disparaître? »
Cette information devrait être rendue publique sous peu.
La nouvelle place Cartier
Cohabitation et nouvelle place Cartier
La transformation de la chaussée en voie partagée soulève des interrogations quant au partage de la route, dans le secteur Cartier, entre piétons, cyclistes et automobilistes. Selon les illustrations de la Ville de Québec, les trottoirs seront élargis, dotés d’espaces appropriables et de corridors pour les personnes à mobilité réduite. Voitures et vélos circuleront sur la même voie partagée (à 20 km/h maximum).
Puisque plusieurs résidences donnent uniquement sur René-Lévesque, la question des déménagements a été soulevée. Il semble qu’on aménagera des espaces de débarcadère dans la zone à 20km/h. Toutefois, la réponse fournie par les intervenants municipaux n’a paru ni claire ni complète aux personnes concernées. Le Bureau de projet prévoit documenter l’enjeu. L’information sera déposée sur la fiche du projet.
Une place publique quatre saisons prendra place au site de l’ancienne station-service. Cette place devrait être animée à l’année par une programmation artistique. On y trouvera une scène, une forêt urbaine et espace multifonctionnel servant de vitrine culturelle et abritant des toilettes publiques.
Des appuis parmi les questions
Le format de ce genre de séance suscite souvent davantage les commentaires en réaction, voire négatifs. Néanmoins, quelques citoyens ont tenu à en profiter pour affirmer leur appui au projet, à l’instar de M. Gilbert Morin :
« J’habite sur René-Lévesque Ouest et les autobus nous empoisonnent la vie, littéralement. Merci pour ce projet emballant qui va bonifier nettement notre qualité de vie. Je suis conscient que ce sont surtout des mécontents ou des gens inquiets qui posent des questions. Je m’exprime ainsi au nom des nombreux citoyens satisfaits de ce projet. »
Consultation en ligne
Une consultation en ligne, disponible dès aujourd’hui 4 mars, sera accessible jusqu’au 25 mars. À travers ses 30 questions, les citoyen.ne.s peuvent s’exprimer de manière plus précise sur le projet de réaménagement de la zone Cartier.
La Ville de Québec et le Bureau de projet poursuivront leurs activités de communication aux citoyen.ne.s, à travers consultations, vidéos « live » sur Facebook et autres moyens.
Il est prévu d’amorcer les travaux à l’automne 2023. Ils pourraient s’étendre sur deux ou trois saisons (d’avril à novembre), pour les 14 tronçons inclus au projet. Les décisions quant aux fermetures complètes (pour accélérer les travaux) ou partielles (pour en minimiser les impacts) des voies touchées ne sont pas encore prises. L’échéancier des travaux peut être consulté en ligne.
La présentation détaillée du 3 mars peut également être consultée en ligne.
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