Cabaret scientifique : les défis des femmes en sciences

Les femmes scientifiques et leurs défis seront à l’honneur lors du troisième Cabaret scientifique de l’année 2022-2023 au Cégep Garneau, le 7 février.

Cabaret scientifique : les défis des femmes en sciences | 3 février 2023 | Article par Simon Bélanger

Crédit photo: Benoit Fry

Les femmes scientifiques et leurs défis seront à l’honneur lors du troisième Cabaret scientifique de l’année 2022-2023 au Cégep Garneau, le 7 février.

La journaliste scientifique Carine Monat, de Radio-Canada, y présentera sa conférence Les femmes en sciences, au Centre de démonstration en sciences physiques du Cégep Garneau. Elle s’intéresse aux stéréotypes et à la disparité entre hommes et femmes de science, au Québec et ailleurs.

Ces disparités varient selon les domaines, explique Carine Monat en entrevue, le 2 février. Elle prend l’exemple du sien, la biologie. Si les étudiantes y sont nombreuses jusqu’au doctorat, la proportion de femmes chez les professeurs et chercheurs chute à 20 %, résume-t-elle.

« Il y a 20 % de femmes employées dans les STIM [sciences, technologies, ingénierie, mathématiques], 20 % en technologie, 19 % en génie. Au niveau du monde entier, la statistique de l’UNESCO, c’est 28,9 % de femmes employées en génie », poursuit Carine Monat.

La journaliste scientifique signe un balado justement intitulé 20 %, coproduit par le magazine Québec Science et l’Acfas (Association canadienne-française pour l’avancement des sciences).

Trois échelles d’obstacles pour les femmes en sciences

La journaliste identifie « trois échelles » d’obstacles rencontrés par les femmes en sciences : l’échelle individuelle, la sociétale et la systémique.

« Au niveau individuel, c’est les a priori qu’on a sur nous-mêmes ou que les autres ont sur nous. […] Ça, c’est vraiment l’éducation à la base, à la maison, à l’école, en société. Il y a quand même la persistance des stéréotypes de genres, même si on dit qu’on évolue. […] Il y a des biais, bien sûr, dans l’enseignement. On va dire que la bosse des maths, c’est pour les gars et le français, c’est pour les filles. Mine de rien, ça persiste. »

À l’échelle systémique, « on est encore dans une culture patriarcale et dans un milieu traditionnellement masculin », constate Mme Monat. Le milieu de la recherche a été « pensé par et pour les hommes ». Elle raconte une anecdote de la Conseillère scientifique en chef du Canada, Dre Mona Nemer.

« Dans les années 1980, quand elle faisait son doctorat à McGill,  il n’y avait pas de toilettes pour les filles, parce qu’elle était dans un département de chimie. Le seul endroit où il y avait des toilettes pour femmes, c’était à l’étage des secrétaires. »

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Carine Monat pointe également l’effet Mathilda, « un phénomène de non-reconnaissance des travaux des femmes, qu’un homme va s’approprier ». Un exemple flagrant? La « découverte de la structure en forme d’hélice » de l’ADN.

« C’est Rosaline Franklin qui l’a découvert. C’était la technicienne du labo à ce moment-là. La découverte a été attribuée à deux hommes, James Watson et Francis Crick, qui ont eu le prix Nobel pour ça. »

Les femmes sont désavantagées pour des raisons familiales, ajoute Carine Monat. On attribue bourses et postes de professeurs selon des critères d’excellence basés sur la productivité, comme le nombre de publications, de collaborations, etc. « Sauf que pendant tu accouches, même si tu ne prends pas une année de congé de maternité, tu es moins productive! »

« Au-delà d’être une femme, si la personne est proche aidante, si elle est handicapée, ça se peut qu’elle ait d’autres défis que d’être aussi productive que quelqu’un qui n’a aucun souci dans la vie! »

Des solutions

La journaliste évoque une lettre d’opinion publiée le 20 janvier dans Le Devoir , signée par cinq professeures titulaires et émérites. Elle s’intitule « Réduire les angles morts des critères d’excellence en recherche ». « On ne peut pas avoir des critères qui datent du début du 20e siècle! », s’exclame Mme Monat.

Dans ses conférences, Carine Monat partage des cas réels d’obstacles rencontrés par des femmes pour accéder à des postes en recherche. Elle propose aussi différentes solutions pour les surmonter.

Le Cabaret scientifique se tiendra le mardi 7 février, à 19h, au Centre de démonstration en sciences physiques situé au Cégep Garneau. Des bouchées, du café et du thé y sont offerts au public.

L’activité est gratuite, mais les places sont limitées. Les réservations peuvent se faire au : http://cdsp.qc.ca/inscriptions-et-reservations/

Les cabarets scientifiques, organisés depuis 2019 par le CDSP, proposent des soirées d’échanges avec des experts reconnus pour leur compétence en vulgarisation. Ces événements sont présentés en collaboration avec Science pour tous et avec le soutien du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.

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