Ici vécut : Antonio Masselotte, au 245, rue Fraser

On retrouve, sur différents immeubles de Québec, 142 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué l'histoire de la ville. Antonio Masselotte (1887-1983) a peint des œuvres qui se trouvent dans plusieurs églises du Québec, en plus de réaliser des toiles rappelant l'histoire de la Nouvelle-France.

<em>Ici vécut</em> : Antonio Masselotte, au 245, rue Fraser | 23 décembre 2023 | Article par Simon Bélanger

Le peintre Antonio Masselotte a déjà vécu au 245, rue Fraser.

Crédit photo: Simon Bélanger - Monmontcalm (montage)

On retrouve, sur différents immeubles de Québec, 142 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué l’histoire de la ville. Antonio Masselotte (1887-1983) a peint des œuvres qui se trouvent dans plusieurs églises du Québec, en plus de réaliser des toiles rappelant l’histoire de la Nouvelle-France.

Alors que plusieurs d’entre vous en êtes aux achats de cadeaux de dernière minute pour Noël, d’autres se préparent à prendre la route aux quatre coins du Québec, pour retrouver la famille. Pour plusieurs, la messe du 24 décembre est l’un des rares moments de l’année où on retourne à l’église.

En plus d’écouter les prouesses vocales de plusieurs chanteurs amateurs qui interprètent Minuit, chrétiens, vous prendrez peut-être aussi le temps d’admirer les œuvres d’art toujours présentes dans les églises.

Antonio Masselotte, un peintre de Québec, a lui-même laissé des traces de son art dans plusieurs églises à travers la province, incluant à Québec.

Fils de peintre et formation européenne

Antonio Masselotte voit le jour à Québec le 10 octobre 1887. Sa mère, Joséphine Balté, est alors mariée au peintre Paul-Gaston Masselotte, né à Paris. Le père d’Antonio a notamment doté l’église de Saint-Louis de l’Isle-aux-Coudres de 15 fresques peintes.

C’est d’ailleurs Paul-Gaston qui initie son fils Antonio à la peinture. Ce dernier parfait d’abord son éducation chez les Frères des écoles chrétiennes, dans le Faubourg Saint-Jean-Baptiste. Antonio Masselotte entre ensuite à l’École des arts et des métiers de Québec.

À cet endroit, il parfait son art auprès de professeurs comme Charles Huot et Edmond Lemoine, bien implantés dans le paysage artistique de Québec.

En 1911, Antonio Masselotte s’envole vers l’Europe. Il suit des cours dans des écoles spécialisées à Anvers (Belgique) et à Paris, dont l’Académie Colarossi. Il retournera d’ailleurs en Europe parfaire son art lors de voyages subséquents, mais sa carrière se passe au Québec.

Paysages, portraits, peintures d’histoire

En début de carrière, Antonio Masselotte réalise davantage des peintures de paysages et des portraits. On peut notamment compter un portrait du fondateur de Québec, Samuel de Champlain.

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Portrait de Samuel de Champlain, réalisé par Antonio Masselotte et reproduit sur une carte postale.
Crédit photo: Bibliothèque et Archives nationale du Québec

Justement, les peintures entourant l’histoire de la Nouvelle-France comptent également parmi ses productions. En 1921, Antonio Masselotte a notamment peint une toile pour représenter l’arrivée des Augustines et des Ursulines en Nouvelle-France en 1639.

L’arrivée des Augustines et des Ursulines à Québec d’après un tableau d’Antonio Masselotte. Illustration en héliogravure de l’atelier Montmigny et Cie.
Crédit photo: L'Hôtel-Dieu de Québec : esquisses, Québec, éditions de l'Hôtel-Dieu, 1939, p. 11.

La même année, il a également réalisé une peinture illustrant le pèlerinage de Jacques Cartier à Notre-Dame-de-Rocamadour, qui se trouvait auparavant dans l’église Saint-François-d’Assise, sur la 1re Avenue. Une autre œuvre représentant la Stigmatisation de Saint-François-d’Assise s’y trouvait également. Avant la démolition de l’église, ces oeuvres ont été transférées à l’église Saint-Fidèle.

Carte postale représentant un tableau de la Stigmatisation de Saint-François-d’Assise, par Antonio Masselotte.
Crédit photo: Archives de la Ville de Québec

Aussi dans Limoilou, en 1924, Antonio Masselotte peignait quatre tableaux destinés à l’église Saint-Zéphirin-de-Stadacona. Ceux-ci représentaient l’origine de la Foi au Canada.

Peintures religieuses et restauration

Justement, Antonio Masselotte est surtout reconnu pour les œuvres multiples qui se trouvent dans de nombreuses églises du Québec.

En 1919, il peint une fresque du Golgotha, qui se trouve aujourd’hui dans l’église de Sainte-Luce, dans le Bas-Saint-Laurent. Cette région accueille d’ailleurs plusieurs de ses créations dans des églises comme celles de Sayabec et Val-Brillant.

La fresque du Golgotha, à l’église de Sainte-Luce.
Crédit photo: Musée régional de Rimouski

Antonio Masselotte a également laissé sa marque dans des églises du Centre-du-Québec et de Chaudière-Appalaches. En 1949, le curé Joseph Letendre, de Bécancour, lui commande un chemin de croix pour le centenaire de son église. Masselotte peint aussi un portrait de Jésus pour la résidence des Frères du Sacré-Coeur de Victoriaville.

Du côté de la Rive-Sud, il a également peint des portraits de différents curés de l’église de Saint-Romuald (Lévis). Ses oeuvres se sont également retrouvées dans les églises de Saint-Thomas-de-Montmagny, de Sainte-Hélène-de-Breakeyville, de Saint-Fidèle (Limoilou) et de Saint-Bernard de l’Isle-aux-Coudres. Il a peint deux toiles représentant le passage de Jacques Cartier à l’Isle-aux-Coudres en 1535.

L’église de Saint-Antoine-de-Tilly a aussi accueilli une peinture de 1640 représentant la Sainte-Famille à Nazareth, restaurée par Antonio Masselotte en 1939.

Cet intérêt pour la restauration s’est aussi exprimé dans l’église de Saint-Sauveur, à Québec. En 1943, Antonio Masselotte restaure 12 tableaux réalisés par un de ses enseignants, Charles Huot.

Certaines de ses œuvres se sont peut-être même retrouvées en Ontario et en Floride.

Antonio Masselotte a notamment vécu au 245, rue Fraser,  dans un immeuble à logements construit en 1940 par Lorenzo Lepage, d’abord pour le compte d’Albert Bédard.

Le peintre meurt à Québec le 27 janvier 1983. Sa femme, Marie-Aimée Masselotte (née Marcoux) est décédée quelques semaines plus tard, le 22 février 1983.

Une section du site de la Ville de Québec rassemble la liste des plaques Ici vécut.

Sources :

Bibliothèque et Archives nationales du Québec. «Champlain’s picture by Antonio Masselotte in the lobby of Château Champlain, Quebec», Ottawa : Photogelatine Engraving Co., Ltd. [entre 1927 et 1945].

CAZES, Jean, «Seconde vie pour des objets de l’église Saint-François-d’Assise», Monlimoilou.com, 16 septembre 2020.

KAREL, David, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord ; peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, photographes et orfèvresQuébec, Musée du Québec/Les Presses de l’Université Laval, 1992, p. 546.

LESAGE, Jules S., Mélanges. Notes artistiques et propos littéraires, Québec, 1946, Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Le Soleil, «Décès et avis divers – MASSELOTTE (Marie-Aimée Marcoux)», p. F-11

Mon magazine, «La causerie du directeur», p. 5, janvier 1929, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Répertoire du patrimoine culturel du Québec, «Antonio Masselotte», «Arrivée des Augustines en Nouvelle-France» «Fresque (Le Golgotha)», «Peinture (Jésus Artisan)», «Peinture (La Sainte Famille à Nazareth)», «Peinture (Révérend Alphonse Godbout, 1882-1889)» «Peinture (Révérend Antoine Gauvreau, 1878-1882)» «Peinture (Révérend Gaudiose Lemieux, 1918-1922», «Peinture (Révérend Philias Lessard, 1889-1898)», «Peinture (Révérend Walstan-Proulx, 1918-1918)», Gouvernement du Québec, 2013.

ROY, Robert, «La paroisse Sainte-Hélène-de-Breakeyville et son église», Le Breakeyvillois, Société d’histoire Sainte-Hélène-de-Breakeyville, janvier-mars-avril 2020.

RUEL, Sylvie, «Une île au milieu du grand fleuve», La Presse, 21 juillet 2008.

Ville de Québec, «245, rue Fraser», Fiche d’un bâtiment patrimonial.

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