On retrouve sur différents immeubles de Québec 135 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué à leur façon l’histoire de la ville. La première femme dentiste au Canada, Emma Gaudreau (1861-1934), a vécu dans le quartier Montcalm.
Ici vécut : Emma Gaudreau, au 180, rue Aberdeen
On retrouve sur différents immeubles de Québec 135 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué à leur façon l’histoire de la ville. La première femme dentiste au Canada, Emma Gaudreau (1861-1934), a vécu dans le quartier Montcalm.
La Fête du Canada nous donne l’occasion aujourd’hui de revenir sur la vie d’une pionnière en son domaine, qui fut la première femme à exercer la profession de dentiste au pays. Son parcours semble en revanche un peu moins connu que celui de son mari Henri-Edmond Casgrain, politicien, inventeur et lui aussi dentiste.
Enfance à Montmagny et mariage
Emma Marie Wilhelmine Gaudreau voit le jour à Montmagny le 2 juin 1861. Fille de Jean-Baptiste Gaudreau et Marie-Caroline Létourneau, elle a trois frères et une sœur. Elle fréquente le couvent de la Congrégation de Notre-Dame de Saint-Thomas de Montmagny. Elle connaissait du succès dans toutes les matières à l’école.
La jeune fille fréquente ensuite le couvent des Ursulines de Québec. Emma Gaudreau rencontre Henri-Edmond Casgrain à Québec. Les deux se marient à Montmagny le 16 octobre 1879.
La jeune femme n’a alors que 18 ans, 15 ans de moins que son époux.
Femme en dentisterie?
Emma Gaudreau et Henri-Edmond Casgrain s’installent s’abord sur la rue Saint-Joseph. Casgrain achète ensuite un emplacement sur la rue Saint-Jean, où il fait construire une résidence. L’endroit correspond aujourd’hui au 1123-1127, rue Saint-Jean, dans le Vieux-Québec.
Henri-Edmond Casgrain reçoit des patients dans son bureau installé au rez-de-chaussée. Son épouse devient rapidement son assistante pendant son travail.
Formé au Pennsylvania College of Dental Surgery, Casgrain partage son savoir-faire avec Emma Gaudreau. À l’époque, la profession était seulement réservée aux hommes.
Pour étudier la chirurgie dentaire et pour faire quelques interventions sous la supervision de son mari, Emma Gaudreau a dû demandé un contrat notarié. Son petit frère Stanislas, qui pratiqua la même profession, a dû attendre moins longtemps pour obtenir le droit d’exercer le même métier.
Après des examens passés à Montréal, Emma Gaudreau obtient sa licence et son diplôme du Collège des Dentistes du Québec.
En 1898, Emma Gaudreau devient donc la première femme à pratiquer officiellement la dentisterie au Canada.
Dr Emma Casgrain
Emma Gaudreau peut désormais associer son nom à celui de son mari sur l’enseigne du cabinet de la rue Saint-Jean. Elle porte désormais le titre de « Dr Emma Casgrain, dentiste ».
Il semblerait que plusieurs clientes se seraient présentées à son bureau, puisqu’elles « s’imaginaient […] qu’elles souffraient moins entre des mains féminines ».
Elle aide quand même son mari dans diverses tâches, celui-ci siégeant au conseil de ville de 1900 à 1904. Il meurt le 30 octobre 1914.
Emma Gaudreau reprend plusieurs clients de son mari après son décès. Elle demeure d’ailleurs dans le même cabinet. En 1920, à l’âge de 60 ans, elle prend officiellement sa retraite.
Dans les dernières années de sa vie, elle demeure au 180, rue Aberdeen, dans le quartier Montcalm. Le bâtiment où elle habite, un triplex, a été construit en 1916. Ce type de construction était d’ailleurs populaire dans le quartier dans les années 1910 et 1920. Une plaque commémorative rappelle aujourd’hui sa mémoire.
Emma Gaudreau s’éteint le 7 octobre 1934, à 73 ans. Elle repose maintenant au cimetière Notre-Dame-de-Belmont.
Passion pour l’automobile
Le couple formé d’Emma Gaudreau et d’Henri-Edmond Casgrain partageait un intérêt pour la technologie récente de l’automobile. Celui-ci a d’ailleurs commandé une automobile au constructeur français Léon Bollée en 1897.
À la fin du XIXe siècle, il fut l’un des premiers (sinon le premier) à rouler avec une voiture à essence au Québec.
En 1900, lors d’une promenade, un tramway renverse le véhicule et le couple est gravement blessé. Malgré l’accident, l’enthousiasme d’Emma Gaudreau et de son mari pour cette technologie persiste.
Emma Gaudreau s’implique elle-même dans différentes associations d’automobilistes au début du XXe siècle. En 1927, elle participe à l’Exposition canadienne de Toronto, un événement qui se tient encore annuellement dans la métropole ontarienne.
Histoire encore peu connue
L’histoire de la première dentiste canadienne est encore très peu connue. Il a d’ailleurs été difficile de trouver des ressources documentaires fiables pour revenir sur son histoire.
Heureusement, l’historienne Catherine Ferland en a fait l’une des 15 femmes qui ont fait l’histoire du Québec, dans un ouvrage documentaire jeunesse paru en 2021.
Malheureusement, elle n’a pas encore fait l’objet d’un texte sur le Dictionnaire biographique du Canada. Son mari a cependant droit à sa notice depuis 1998.
Emma Gaudreau est aussi au cœur du roman historique De tendres aspirations, publié par Sylvie Gobeil en 2016.
Malgré son rôle de pionnière de sa discipline, elle semble toutefois toujours absente de la toponymie québécoise.
Une section du site de la Ville de Québec rassemble la liste des plaques Ici vécut.
Sources:
Catherine Ferland, 15 femmes qui ont fait l’histoire du Québec (illustrations de Constance Harvey), Éditions Auzou, 2021.
Dictionnaire biographique du Canada, Henri-Edmond Casgrain
Généalogie du Québec et d’Amérique française, Généalogie Emma Gaudreau
Ville de Québec, Fiche d’un bâtiment patrimonial – 172 à 182, rue Aberdeen
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