On retrouve sur différents immeubles de Québec 135 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué à leur façon l’histoire de la ville. Jean Marchand (1918-1988) a été un syndicaliste, ministre et sénateur canadien. Avec Pierre Elliott Trudeau et Gérard Pelletier, il était membre des « trois colombes », un trio de Québécois qui ont fortement influencé la politique canadienne.
Ici vécut : Jean Marchand, au 135, rue Aberdeen
On retrouve sur différents immeubles de Québec 135 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué à leur façon l’histoire de la ville. Jean Marchand (1918-1988) a été un syndicaliste, ministre et sénateur canadien. Avec Pierre Elliott Trudeau et Gérard Pelletier, il était membre des « trois colombes », un trio de Québécois qui ont fortement influencé la politique canadienne.
Alors que ses deux collègues ont peut-être marqué plus durablement les esprits, Jean Marchand est l’un des noms les moins connus de la bande.
Il a cependant connu la carrière publique la plus hâtive, en tant que chef syndical. Alors que la grève au Réseau de transport de la capitale (RTC) occupe les esprits à Québec, c’est l’occasion idéale de revenir sur le parcours de cet ancien président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN).
Études et débuts syndicaux
Né à Champlain, Jean Marchand est le fils du notaire Gustave Marchand et de Laure Cousineau.
Après un court passage à Montréal et un retour de la famille à Champlain, Jean Marchand étudie à l’école des sciences sociales de l’Université Laval.
Il obtient son diplôme en relations industrielles en 1942. Rapidement, Jean Marchand fait sa place dans le milieu syndical.
Il occupe d’abord le rôle d’organisateur syndical pour la Fédération de la pulpe et du papier et pour la Confédération des travailleurs catholiques du Canada, en 1944.
Dès 1947, il occupe le poste de secrétaire générale de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC). Il appuie d’importants mouvements de grève survenus sous le gouvernement Duplessis, comme la grève de l’amiante à Asbestos en 1949, ou la grève de Murdochville en 1957.
Jean Marchand est l’un des nombreux opposants de Maurice Duplessis. Ceux-ci se retrouvent notamment dans le milieu syndical, au Parti libéral du Québec et dans les cercles intellectuels. Cité libre, revue à laquelle contribuent Pierre Elliott Trudeau et Gérard Pelletier, en regroupe plusieurs.
Présidence de la CSN
En 1960, la CTCC change d’identité et devient la CSN. L’année suivante, Jean Marchand en devient le président.
Il travaille de près avec le gouvernement libéral de Jean Lesage, élu en 1960. Sous la présidence de Jean Marchand, les employés gouvernementaux obtiennent le droit de se syndiquer et de faire la grève.
À la même époque, la CSN accueille d’ailleurs un nombre grandissant de gens de la fonction publique dans ses rangs.
Jean Marchand quitte la présidence de la CSN en 1965, pour se lancer en politique. Marcel Pepin lui succèdera à la tête de la confédération syndicale.
Parti libéral du Canada
En 1963, Jean Marchand avait été appelé à siéger au à la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (commission Laurendeau-Dunton). Il s’était aussi fait connaitre comme étant critique du séparatisme québécois.
En 1965, le premier ministre canadien Lester B. Pearson le convainc de faire le saut en politique fédérale. Jean Marchand est accompagné dans son entrée au Parti libéral du Canada (PLC) par ses amis Gérard Pelletier et Pierre Elliott Trudeau.
Leur présence vise à rehausser la présence francophone au gouvernement fédéral, à une époque où les velléités nationalistes du Québec se font de plus en plus entendre.
Les trois hommes remportent leurs élections en 1965. Jean Marchand devient député de la circonscription Québec-Ouest. En 1968, la circonscription prendra le nom de Langelier.
Le premier ministre Pearson octroie d’abord à Marchand le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration. Il dirigera ensuite le ministère de la Main d’œuvre et de l’Immigration.
Gouvernement Trudeau
En 1968, Lester B. Pearson quitte son poste de premier ministre et de chef du PLC. Pierre Elliott Trudeau lui succède à la tête du parti et du pays.
Trudeau octroie plusieurs responsabilités ministérielles à Jean Marchand : Forêts et développement rural (1968-1969), Expansion économique régionale (1969-1972), Transports (1972-1975) et Environnement (1976).
Marchand démissionne de son poste en 1976. Il s’opposait alors à une décision du gouvernement fédéral, qui refusait aux pilotes francophones et aux contrôleurs aériens le droit de communiquer en français. Alors qu’il était ministre des Transports en 1974, Jean Marchand avait autorisé le bilinguisme dans les vols non commerciaux. Son successeur Otto Lang avait fini par renverser la décision, devant la pression de syndicats anglophones.
Tentative ratée à Québec et entrée au Sénat
Après son départ d’Ottawa, Jean Marchand a plongé en politique provinciale. Souhaitant bloquer l’élection du Parti québécois en 1976, il s’est présenté sous la bannière du Parti libéral du Québec, dans l’équipe de Robert Bourassa.
Jean Marchand est défait par le candidat péquiste Claude Morin en 1976, qui devient ministre dans le premier gouvernement de René Lévesque.
À peine un mois après sa défaite, Pierre Elliott Trudeau le nomme sénateur à Ottawa. Il en devient le président en 1980, poste qu’il occupe jusqu’en 1983.
Après son départ du Sénat canadien, Jean Marchand devient le président de la Commission canadienne des transports (1983-1985), puis directeur de Ports Canada. Il a aussi été président du conseil d’administration du Port de Québec.
En 1986, il est admis comme Officier de l’Ordre du Canada.
Le 28 août 1988, Jean Marchand est retrouvé inanimé dans son bain tourbillon, à sa résidence d’été de Saint-Augustin-de-Desmaures. Il aurait subi un arrêt cardiaque.
Dans un article du Soleil pour souligner son décès, le premier ministre canadien de l’époque, Brian Mulroney le décrit en ces termes :
« Comme père du mouvement syndical au Québec et ensuite comme homme politique sur la scène fédérale, Jean Marchand a marqué son époque. Les Canadiens se rappelleront toujours de lui comme d’un homme pleinement engagé à la défense et à la promotion des droits de ses concitoyens. Ils se rappelleront aussi de lui comme d’un batailleur, mais d’un batailleur sympathique et attachant. »
Jean Marchand a donné son nom à une rue du quartier Duberger – Les Saules. Celle-ci a été nommée en l’honneur du politicien en 1990.
Une section du site de la Ville de Québec rassemble la liste des plaques Ici vécut.
Sources:
Aujourd’hui l’histoire, La bataille des gens de l’air, symbole des tensions linguistiques québécoises, Radio-Canada OHdio
Bilan du Siècle, Jean Marchand (1918-1988) Syndicaliste, homme politique
Britannica, Jean Marchand
L’Encyclopédie canadienne, Marchand, Jean
Le Soleil, L’ancien sénateur Jean Marchand est décédé, 29 août 1988
Ville de Québec, Répertoire du patrimoine bâti – Jean Marchand
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