Mange-gardiens : quand le quartier Saint-Sacrement se mobilise pour lutter contre le gaspillage alimentaire

Le projet Mange-gardiens a mobilisé des ménages, des commerces et des institutions de Saint-Sacrement autour de l'enjeu du gaspillage alimentaire. Des liens se sont créés dans le quartier, grâce à cette initiative des AmiEs de la terre.

Mange-gardiens : quand le quartier Saint-Sacrement se mobilise pour lutter contre le gaspillage alimentaire | 19 juin 2023 | Article par Thomas Verret

Le projet Mange-Gardiens a débuté en janvier 2020. Malgré la pandémie et les mesures sanitaires, cette initiative locale est demeurée active grâce au comité Sauve ta bouffe.

Crédit photo: gracieuseté

Le projet Mange-gardiens a mobilisé des ménages, des commerces et des institutions de Saint-Sacrement autour de l’enjeu du gaspillage alimentaire. Des liens se sont créés dans le quartier, grâce à cette initiative des AmiEs de la terre.

Le comité Sauve ta bouffe a dressé un bilan positif du projet Mange-gardiens, le 15 juin dernier, lors d’un événement au café Le Mot de Tasse.

« C’est assez impressionnant de voir tout ce qu’on peut faire pour mobiliser un quartier à réduire son gaspille alimentaire », se réjouit en entrevue la coordonnatrice de Sauve ta bouffe, Valérie Babin.

Mobilisation

Plus d’une dizaine d’institutions et de commerces de Saint-Sacrement ont contribué à ce succès. Dix ménages ont aussi été suivis par l’équipe de Sauve ta bouffe et une unité de recherche de l’Université Laval.

Deux établissements scolaires ont participé à cette initiative : le Cégep Garneau et l’école primaire de l’Institut Saint-Joseph. Des organismes communautaires et d’habitation se sont également impliqués, dont le YWCA et la coopérative Cohabitat Québec. Enfin, des entreprises y ont pris part, notamment le Provigo Valérie Deslauriers, dont « les invendus ont été mis à profit tout au long du projet ».

Activités

Diverses activités ont eu lieu dans Saint-Sacrement pour réduire le gaspillage alimentaire dans le quartier.

À titre d’exemple, la brigade verte de l’Institut Saint-Joseph a visité les locaux de Moisson Québec. Les jeunes y ont découvert « la quantité de choses qui peuvent être rattrapés » par la banque alimentaire régionale.

« Ça les a beaucoup inspirés », explique Mme Babin.

Cette visite a mené à l’écriture d’un livre de recettes comprenant des trucs anti-gaspillage. Les élèves ont aussi cuisiné une compote à partir d’une citrouille d’Halloween.

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« On leur a montré qu’il est possible de faire autre chose avec cette citrouille. »

Une disco-soupe s’est également déroulée sur le terrain du YWCA. Les citoyens et les citoyennes y ont récupéré des invendus d’épicerie, pour les cuisiner et en faire une soupe, tout en écoutant de la musique.

« À ce moment, nous avons pu rencontrer les gens du quartier à plus large échelle. »

Une autre activité « anti-gaspillage » s’est tenue à Cohabitat Québec. Des retailles conservées ont alors servi à la préparation d’un bouillon d’épluchures de légumes. Un potage a aussi été préparé avec des tiges d’asperges et de brocolis.

Retombées du projet

L’initiative Mange-gardiens a eu pour effet de créer « une culture anti-gaspillage » dans Saint-Sacrement, en « connectant les gens entre eux ».

« Ces activités organisées à différents endroits dans le quartier ont permis aux gens de mettre la main à la pâte pour essayer de réduire le gaspillage alimentaire, et de trouver des idées », résume Valérie Babin.

Recommandations

Le projet Mange-gardiens comprenait un volet de recherche. Un rapport incluant des recommandations en a découlé. La chercheuse Geneviève Cloutier et trois étudiants y notent « deux éléments puissants qui motivent le passage à l’action », soit « le fait de se sentir impliqué dans un mouvement » et « de connaître l’effet qu’aura cette implication concrètement ».

La mise en place d’un frigo et d’une armoire partage au Cégep Garneau constitue un exemple probant. Les élèves ont appris « à intégrer des pratiques leur permettant de réduire le gaspillage par oubli ou négligence des aliments comestibles dans le frigo ». Ceux-ci agissent comme « des ambassadeurs anti-gaspillage ». Ils sont ainsi plus confiants d’en parler ouvertement dans leur entourage.

« Cette astuce simple et efficace est à diffuser largement, y compris dans les campagnes d’information grand public », suggère le rapport de recherche.

On propose d’ailleurs de « cibler les familles avec un enfant pour diffuser des trucs et astuces faciles à intégrer, ludiques dans leur esprit et amenant une réflexion sur les portions à privilégier. »

En d’autres mots, l’apprentissage de nouvelles connaissances favorise l’adoption de pratiques visant à réduire le gaspillage alimentaire.

« L’inadéquation des achats par rapport aux besoins peut aussi être attribuable à un manque de connaissances sur les façons d’utiliser les aliments », met en lumière le document.

En outre, ce rapport du Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD) souligne l’importance de la collecte de tri des matières organiques.

« Les résidents d’un secteur, appelés à intégrer la pratique du tri des matières organiques, doivent sentir qu’ils adoptent, en même temps que leurs voisins, une habitude qui réduira les quantités de matières perdues de manière conséquente », peut-on y lire.

Bref, « la mise en cause des acteurs, particulièrement des ménages, n’est plus la voie à suivre », estiment la chercheuse et les étudiants de l’Université Laval.

« Il importe donc grandement de miser sur les interactions entre acteurs et sur le système agroalimentaire lui-même, dans sa structure, pour mieux identifier les changements à mettre en place à toutes les échelles. »

La Ville de Québec et la Caisse Desjardins du Plateau Montcalm ont soutenu financièrement le projet Mange-gardiens.

Par ailleurs, les gens qui s’intéressent à cet enjeu peuvent écouter le balado « Rencontrez les mange-gardiens! ». Celui-ci permet d’en apprendre davantage sur les initiatives existantes pour réduire le gaspillage alimentaire à Québec et, par le fait même, sur le gaspillage dans la chaîne agroalimentaire. 

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