Avenue Cartier piétonne : pas cette année

L'avenue Cartier ne sera pas piétonne cet été. 30 commerçants sur 32 ont voté contre un projet-pilote de place piétonne proposé par la Ville de Québec, mardi dernier, lors d'une rencontre avec la SDC Montcalm. Le concept visait à faire du quadrilatère situé entre les rues Aberdeen et Fraser une destination pour le quartier des arts.

Avenue Cartier piétonne : pas cette année | 22 mai 2024 | Article par Thomas Verret

L’avenue Cartier piétonne pendant le Marché aux puces, l’an passé.

Crédit photo: Simon Bélanger

L’avenue Cartier ne sera pas piétonne cet été. 30 commerçants sur 32 ont voté contre un projet-pilote de place piétonne proposé par la Ville de Québec, mardi dernier, lors d’une rencontre avec la SDC Montcalm. Le concept visait à faire du quadrilatère situé entre les rues Aberdeen et Fraser une destination pour le quartier des arts.

Les aménagements prévoyaient l’ajout de mobilier et de verdure pour que les gens s’y rassemblent tout au long de l’été. La Municipalité s’engageait à financer l’animation de ce petit bout de l’avenue Cartier via l’agence 714 derrière donc la conception de cette placette, qui ne verra finalement pas le jour cette année.

Ces commerçants membres de la SDC Montcalm ne sont pas convaincus que les conditions gagnantes sont réunies pour déployer une telle initiative dès 2024.

« On s’entend qu’il faut que ça se fasse de concert avec les commerçants », convient le responsable du développement économique, de l’entrepreneuriat et des rues commerciales au comité exécutif, David Weiser.

Des ponts à rebâtir

Les deux dernières années ont fait en sorte que la confiance n’était plus au rendez-vous entre la Ville et la SDC.

En 2022 et 2023, l’administration Marchand est allée de l’avant avec des projets-pilotes, même si les commerçants s’étaient opposés à la piétonnisation de l’avenue Cartier. Devant un court préavis, la SDC a dû se « retourner de bord » et a organisé des événements, les dimanches, pour animer la rue.

« On s’est dit qu’on allait faire tout ce qu’il faut pour que ça fonctionne et ça n’a pas plus fonctionné », soutient la directrice générale, Marie Langlois.

« Les commerçants nous disent qu’ils continuent de perdre de l’argent. »

Les dernières années ont été difficiles pour les commerçants de l’avenue Cartier avec la pandémie, l’inflation, les changements de comportements de la clientèle et plusieurs fermetures. M. Weiser comprend qu’innover de la sorte ne fait pas nécessairement partie de leurs priorités actuellement.

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« Avec les réseaux sociaux, tout est éphémère, tout est right now, tout de suite, mais il y a certains aspects qu’il faut s’assurer de bien faire les choses (sic) », précise l’élu municipal.

« Je pense justement qu’il y a un milieu à trouver (…) Oui, on est capables de faire des choses rapidement, mais parfois, ça prend un certain temps. »

Le succès de la piétonnisation d’une artère, comme l’avenue Cartier, passe par la nécessité « de repenser l’aménagement », toujours selon M. Weiser.

« Il y a des zones de circulation, de stationnement (…) il faut évidemment un corridor de sécurité au cas où il y a un incendie, qu’une ambulance doit passer ou quelque chose de même. Donc, oui, il y a beaucoup d’étapes. »

« Et nous autres, c’est compliqué », met en lumière Mme Langlois.

Les rues Fraser et Aberdeen restent ouvertes durant la piétonnisation.

« C’est vraiment dangereux » avance la DG de la SDC.

« Les gens oublient qu’il y a des enfants qui courent, pour eux, ils sont sur une rue piétonne, il n’y a pas de véhicule. Même avec des barrières, les gens l’oublient et il est arrivé des situations dangereuses. »

« Il n’y a pas de solution mur-à-mur » non plus. La communication s’avère en outre primordiale entre les différentes parties prenantes, incluant les citoyens alors que beaucoup d’entre eux se montrent amèrement déçus depuis l’annonce de la décision.

« Il y a de la communication bidirectionnelle, mais en silo », expose David Weiser.

« Oui, on parle aux commerçants et aux citoyens, mais là, la Ville doit parler aux deux en même temps. »

Réconciliation

Marie Langlois note une ouverture laissant entrevoir d’autres discussions, pour les prochaines années.

« Il faut réfléchir à ça. Qu’est-ce que ça prend pour réunir les conditions gagnantes, qu’est-ce qu’il faut modifier, parce qu’il n’y a pas que la rue piétonne qui est impactée. »

« La circulation est déviée dans les rues aux alentours, il y a aussi des livraisons, les poubelles. Il y a un paquet d’éléments à prendre en compte pour que ça soit agréable pour tout le monde. »

L’administration municipale, de son côté, soutient et mobilise le milieu entrepreneurial.

À Québec, le financement annuel des SDC provenant de la Ville est de 68% en moyenne, comparativement à 23% dans le reste de la province.

M. Weiser rappelle cependant que ce n’est pas à une municipalité de jouer au promoteur événementiel.

« L’animation sporatiquement, oui au départ, mais ça ne serait pas viable s’il fallait toujours animer une rue. Il faut que la rue s’anime par elle-même, par les gens qui y vont ».

« Après tout, ce sont eux [les entrepreneurs] les experts dans leur milieu. »

« La dernière chose qu’on veut faire, c’est de s’ingérer dans la vie de l’entrepreneur. Il faut les soutenir, mais c’est à eux de faire leur travail. »

En fait, l’avenue Cartier sera piétonne quatre fois d’ici septembre, notamment le 8 juin, à l’occasion du Marché aux puces.

Par ailleurs, le Conseil de quartier de Montcalm tiendra mardi prochain une plénière sur deux sujets : la piétonnisation de l’avenue Cartier et un marché éphémère devant l’ancienne épicerie Provisions.

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